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Famille des langues algiques ou algonquines
Données sur les langues algiques
Où sont parlées les langues algiques?
Ces langues sont parlées par des peuples autochtones d’Amérique du Nord, sur une zone géographique très vaste couvrant 10 provinces du centre et de l’est du Canada, 10 Etats du centre et de l’est des Etats-Unis et l’Etat du Coahuila au nord du Mexique. A cela s’ajoute le yurok, qui est parlé en Californie, dans l’ouest des Etats-Unis. Cette famille constitue une des plus grandes familles de langues amérindiennes d’Amérique du Nord.
Qui parle ces langues ?
Les locuteurs des langues algiques sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis et du Canada. De nos jours, les locuteurs vivent dans des réserves au Canada et aux Etats-Unis.
Nombre total de locuteurs (estimation) :
Environ 90 000 selon l’UNESCO
Environ 130 000 selon le site ethnologue.com (SIL)
Classification
La famille des langues algiques compte à ce jour 14 langues.
Sous-famille algonquine
Branche algonquine de l’est
Abenaki de l’Est : éteint
Abenaki de l’Ouest (noms alternatifs: abnaki; St. Francis) : 20 locuteurs selon SIL
Malécite-Passamaquoddy : 500 locuteurs selon UNESCO et 1655 selon SIL
Micmac (noms alternatifs: inuísimk ; miigmaq) : 8500 locuteurs selon UNESCO et SIL
Munsee (nom alternatif: delaware) : moins de 10 locuteurs selon UNESCO et SIL
Unami (nom alternatif : lenape) : éteint en 2002 selon UNESCO
Wampanoag (nom alternatif : Wôpanâak ): éteint, en cours de revitalisation.
Branche algonquine du centre et des plaines
Arapaho : entre 100 et 200 locuteurs natifs selon l’UNESCO
Blackfoot : 3 200 locuteurs selon UNESCO et 5 000 locuteurs selon SIL
Cheyenne (nom alternatif : tsėhesenėstsestotse) : 1 720 locuteurs selon SIL et 2100 selon UNESCO
Cree : 114 000 locuteurs selon le recensement 2006 au Canada, 70 000 selon UNESCO
Fox-Sauk-Kikapú (nom alternatif du Fox: mesquakie) : 200 locuteurs selon UNESCO et 1 000 selon Wikipedia
Menomini (nom alternatif : menominee) : 35 locuteurs selon UNESCO et 39 selon SIL
Potawatomi : 50 locuteurs en 1995 selon UNESCO et SIL
Ojibwa (noms alternatifs: ojibway; chippeway): 75 000 locuteurs selon le recensement de l’an 2000 au Canada et aux USA, 80 000 selon UNESCO
Shawnee : 100 locuteurs selon UNESCO et 200 selon SIL
Sous-famille Ritwan
Yurok (nom alternatif: weitspekan) : 12 locuteurs en 2002 selon UNESCO et SIL
Wiyot (nom alternatif: wishosk) : éteint
Commentaires sur la classification des langues algiques :
Selon Mithun (1999), dont nous suivons ici la classification, seule la branche algonquine de l’est constitue un vrai groupe « génétique », dont les langues sont issues d’une même proto-langue (langue mère).
La branche centrale est un regroupement considéré comme « géographique », même si l’appartenance de ces langues à la famille algique ne fait aucun doute. Les ressemblances entre les langues de la branche centrale sont attribuées par les linguistes à des emprunts mutuels liés à leur proximité géographique, plutôt qu’à une proto-langue commune.
Les langues algiques sont-elles en danger ?
Oui, toutes ces langues sont actuellement en danger de disparition.
Sous-famille algonquine
– Les langues abenaki et unami , de la branche est, ne comptent probablement plus de locuteurs natifs de nos jours.
Le munsee ne compte plus qu’une petite poignée de locuteurs très âgés et risque donc de disparaître dans les années à venir.
Seuls le micmac n’est pas menacé à court terme, mais cette situation pourrait très vite évoluer si des actions vigoureuses ne sont pas mises en oeuvre pour promouvoir la transmission aux jeunes générations.
– La plupart des langues de la branche du centre et des plaines sont considérées en danger. Le cree et l’ojibwa sont les seules à être moins menacées d’extinction dans les décennies à venir.
Sous-famille Ritwan,
Le dernier locuteur natif de wiyot a disparu dans les années 60.
Le yurok ne compte plus que quelques locuteurs très âgés, et cette langue est considérée comme étant « en situation critique » (niveau 4 sur une échelle de 5) par l’UNESCO.
Cependant, depuis quelques années, des programmes de documentation, de revitalisation et d’enseignement des langues algiques commencent à voir le jour. Ce sont souvent des projets à l’échelle locale, mis en place par les autorités des peuples autochtones et les universités.
Quelques sites pour en savoir plus
Site d’apprentissage de la langue abenaki de l’ouest, avec cours en ligne :
http://www.westernabenaki.com/
Sites sur la langue micmac :
http://www.firstnationhelp.com/ali/
Site sur la langue arapaho, avec cours en ligne, par l’université du Colorado:
http://www.colorado.edu/csilw/arapahoproject/language/
Site de la Nation Blackfoot (pas de cours) :
Dictionnaire cheyenne :
Site sur la langue cree, avec cours en ligne :
http://www.eastcree.org/en/index.html
Site de la Nation Menomini (pas de cours) :
Site sur la langue menomini :
Site de la Nation Potawatomi, avec cours en ligne :
Site officiel de la Nation Yurok, sans cours :
Site de revitalisation du yurok, par l’université de Berkeley :
http://linguistics.berkeley.edu/~yurok/
Site officiel de la Nation Wiyot, avec cours :
Eléments ethnographiques
Avant la colonisation, les distances géographiques entre les peuples de langues algiques étaient très grandes. Ces langues étaient en effet parlées dans une zone qui allait de l’extrême nord du Québec à l’actuelle Caroline du Sud, et s’étendait vers l’ouest à travers les grandes plaines vers l’Oklahoma et le Texas, jusqu’aux contreforts des Rocheuses (Colorado, Wyoming, Montana et Alberta au Canada). Le wyott et le yurok étaient même parlés au-delà, jusqu’en Californie.
Il ne devait donc y avoir, par exemple, aucun contact entre les locuteurs de yurok et d’unami.
De même, le mode de vie d’un Wyott et celui d’un Cheyenne ne comportaient que peu de ressemblances : les tribus wyott étaient sédentaires tandis que les tribus cheyennes des plaines vivaient sur un mode semi-nomade, selon les périodes de chasses.
Les tribus locutrices de langues algiques de l’est, quant à elles, vivaient souvent dans des villages fortifiés, et pratiquaient l’agriculture.
Sources
Mithun, Marianne. The languages of native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org
Fiches descriptives disponibles pour les langues suivantes au sein de cette famille :