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Les scientifiques
Si la majorité des langues existantes est aujourd’hui répertoriée, une partie seulement est documentée: il est difficile de donner des chiffres précis, mais il est probable que plus de la moitié des 6000 langues connues n’est pas encore renseignée ou l’est de façon tout à fait insuffisante. Par exemple, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sur les plus de 800 langues du pays, seule une douzaine a été décrite en détail.
A travers le monde, des chercheurs, linguistes et anthropologues, sont donc engagés dans une course contre la montre pour sauver la diversité linguistique de la planète. Voici les sites de quelques institutions et organismes qui y travaillent :
France
Créé en 1994, le laboratoire DDL est une unité mixte de recherche du CNRS et de l’université Lumière Lyon 2. Le laboratoire est divisé en deux sections, l’une se consacrant à l’Afrique, l’autre à l’Amérique Latine.
DDL est également une des seules institutions à dispenser une formation universitaire sur la description des langues en danger.
DDL est le premier laboratoire français à mettre en place un projet de documentation et revitalisation de langues en danger:
(cliquez sur l’image pour l’agrandir. )
L’équipe du CELIA, un laboratoire du CNRS créé en 1973, travaille sur les langues amérindiennes, notamment au Brésil, au Pérou et au Mexique. Elle publie depuis 1976 une revue annuelle d’ethnolinguistique appelée Amerindia, consacrée à la recherche sur les langues indigènes des Amériques en France.
Le laboratoire IKER est une unité de recherche du CNRS, établie dans son statut actuel en 1999. Ce laboratoire est principalement spécialisé dans le domaine des études basques, mais il conduit également des recherches sur le breton, l’occitan, et s’intéresse aussi de manière plus générale aux langues parlées dans l’Etat français et aux langues minoritaires d’Europe. Il compte actuellement une quarantaine de chercheurs, ingénieurs, postdoc et doctorants et est situé à Bayonne, sur le campus de la Nive.
Le LACITO est un laboratoire du CNRS qui se consacre à l’étude des langues et civilisations à tradition orale, et contribue à leur documentation. L’archive orale du LACITO, que l’on trouve sur son site, donne accès à des documents sonores, prioritairement dans des langues « rares » enregistrées dans leur contexte social et transcrits en collaboration avec les locuteurs. Elle contient plus de 200 documents en 44 langues, provenant de diverses régions du monde (Afrique, Balkans, Caucase, Océanie, Asie…).
Le LLACAN est un laboratoire du CNRS associé à l’INALCO. Ses enseignants-chercheurs travaillent à l’étude et à la description des langues de l’Afrique subsaharienne. On peut trouver sur leur site la description (nombre de locuteurs, régions couvertes, structure de la langue, classification…) de nombreuses langues africaines dans une grande variété de pays.
L’INALCO, l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, est un centre d’enseignement qui se décrit comme le témoin actif « de la richesse et de la diversité des peuples du monde. » 93 langues et civilisations, venant des cinq continents, y sont enseignées.
Ailleurs dans le monde
Le Hans Rausing Endangered Languages Project est à l’origine regroupe trois programmes :
– le Endangered Languages Academic Programme (ELAP) est un cursus d’enseignement sur les langues en danger à travers le monde, leur description et leur documentation.
– le Endangered Languages Documentation Programme (ELDP) attribue des bourses à des doctorants et post-doctorants pour effectuer un travail de description et de documentation sur le terrain.
– le Endangered Languages Archive Programme (ELAR) recueille et archive tous les documents provenant du ELDP au sein d’une base de données numérique.
À ce jour, le programme a financé plus de 80 projets de documentation sur les cinq continents. Parmi les langues étudiées, on trouve le Kayardild, une langue parlée par seulement huit personnes dans les îles Mornington et Bentinck en Australie, le Watunhua et Daohua au Tibet, ou bien encore l’Apurina dans l’Amazonie brésilienne.
La ‘Foundation for Endangered Languages’ attribue des bourses pour soutenir des projets concrets de documentation, protection et promotion des langues en danger, avec ou par des communautés. La fondation organise des conférences dans diverses régions du monde et publie une newsletter trimestrielle, Ogmios.
Ces dernières années, FEL a octroyé entre 5000 et 8000 dollars par an, répartis entre 5 à 10 projets.
La Fondation Volkswagen finance une partie de la recherche allemande et tout particulièrement les projets les plus innovants. La documentation des langues en danger en fait partie. Et c’est dans ce cadre que la fondation a créé en 2000 le programme DoBes, qui attribue chaque année des bourses d’études: les projets financés sont généralement des programmes conséquents alliant documentation linguistique et ethnologique et pouvant également associer des musicologues, des biologistes etc; leur durée peut aller jusqu’à trois ans et le niveau de financement jusqu’à 300 000 euros. Tous les documents issus de ces travaux sont conservés au Max Planck Institute à Nimègue.
Aux Etats-Unis, le National Endowment for the Humanities (NEH) et la National Science Foundation (NSF) se sont unies pour créer Documenting Endangered Languages (DEL), qui finance des projets de description et de documentation d’une durée d’un à trois ans, à hauteur d’environ 100 000$. Le programme donne également l’opportunité aux locuteurs de ces langues d’apprendre des méthodes de documentation.
L’ONG Endangered Language Fund octroie des subventions pour la revitalisation culturelle de peuples autochtones. Au cours des dix dernières années, elle a aidé au financement de 97 projets dans trente pays. Parmi eux on peut citer la création de programmes de radio autochtones dans le Dakota du Sud, l’enregistrement du dernier historien vivant de la langue shor de Sibérie de l’Ouest, ou encore la création de documents d’enseignement de langues en danger.
Le Consortium sur la formation en documentation et préservation des langues (CTLDC) a été créé en 2009, et constitue la réponse internationale à la crise qui frappe les langues du monde. Le but principal du CTLDC est de mettre en place les ressources mondiales pour tous ceux qui travaillent activement à préserver la diversité linguistique, en promouvant la collaboration parmi ceux qui se sont engagés dans une formation en documentation et préservation des langues. Le CTLDC fournira un réseau critique pour promouvoir communication et collaboration, et améliorer le partage des compétences et des ressources.
RNLD vise à améliorer la pérennité des langues indigènes ainsi qu’à augmenter la participation des peuples indigènes dans tous les aspects de la documentation et revitalisation de leur langue, que ce soit par l’enseignement, le partage de ressources, la création de réseaux et le plaidoyer.
L’UNESCO propose une synthèse de l’ensemble des Universités qui ont des unités de travail sur les langues en danger ou qui enseignent des langues en danger.