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Le capverdien
Page réalisée par Nicolas Quint, directeur de recherche en Linguistique Africaine au CNRS dans le laboratoire Langage, Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN, INaLCO/CNRS-UMR 8135), 2010. Nicolas Quint est spécialiste des langues kordofaniennes (koalib, tira, ko, werni), des Créoles afro-portugais (capverdien et autres créoles afroportugais de l’Afrique de l’Ouest) et de langues romanes (occitan, aragonais).
Compléments d’informations par l’Union Latine qui œuvre à la mise en valeur de l’héritage culturel de ses 37 pays membres.
Données sur la langue
Noms alternatifs : créole capverdien, créole du Cap-Vert, kabuverdianu, caboverdiano.
Classification : langue créole à base lexicale portugaise, famille des créoles afro-portugais de l’Afrique de l’Ouest (laquelle inclut le capverdien, le bissao-guinéen (Guinée-Bissao), le créole casamançais (Sénégal) et le papiamentu (Antilles Néerlandaises).
Principaux dialectes :
Deux grands groupes dialectaux :
- celui des Îles Sous-le-Vent (îles de Brava, Fogo, Maio, Santiago, 70% des locuteurs résidents) ;
- celui des Îles-au-Vent (îles de Boa Vista, Sal, Saint-Antoine, Saint-Nicolas, Saint-Vincent, 30% des locuteurs résidents).
Les deux variétés insulaires les plus parlées sont le santiagais (55% de la population capverdienne) et le saint-vincentin (18%).
Aire géographique :
- Dans l’archipel des Îles du Cap-Vert (Afrique de l’Ouest), le capverdien est la langue majoritaire (plus de 90% de locuteurs natifs, soit environ 500.000 personnes).
- Dans la diaspora, il est aussi parlé par d’importantes communautés originaires du Cap-Vert aux Etats-Unis (au moins 200.000 locuteurs), au Portugal (plus de 100.000), en France et aux Pays-Bas (environ 50.000 dans chaque), au Sénégal et en Angola (plusieurs dizaines de milliers dans chaque), dans une moindre mesure au Brésil, en Italie et en Espagne (plus de 10.000 locuteurs dans chaque).
Nombre de locuteurs :
- environ 1.000.000 de personnes en comptant la population résidente du Cap-Vert et la diaspora, selon N. Quint.
- environ 920000, selon le SIL.
Statut de la langue :
Au Cap-Vert :
- pas de statut officiel, le portugais étant la langue officielle du pays, utilisée dans l’administration.
- langue nationale et principale langue véhiculaire au Cap-Vert
- non enseignée à l’école : le portugais est la seule langue utilisée dans le système scolaire.
Dans la diaspora : langue ethnique, enseignée dans certaines écoles aux États-Unis (Massachusetts) aux côtés de l’anglais.
Vitalité et Transmission :
Au Cap-Vert, la langue ne montre aucun signe de recul dans l’usage oral : elle est largement majoritaire et les allophones (Africains du continent et Chinois en particulier) s’intègrent normalement à la vie sociale du pays en apprenant le capverdien. En revanche, le vocabulaire, la morphologie et la syntaxe du capverdien moderne urbain subissent une influence croissante du portugais.
Dans les communautés émigrées, le capverdien est peu à peu substitué par les langues des pays d’accueil dans les jeunes générations. Le taux de rétention de la langue semble cependant élevé. En banlieue de Lisbonne, dans certains quartiers à majorité ethnique capverdienne (en particulier à Amadora), le capverdien santiagais s’impose localement à l’oral parmi les jeunes comme variété véhiculaire, y compris auprès de personnes (Portugais de souche) non issues de l’immigration capverdienne.
Médias /Littérature/Enseignement :
Le capverdien est largement utilisé dans les émissions de télévision produites localement (le reste de la production télévisuelle est diffusé en portugais), y compris dans les interviews diffusées au journal télévisé.
Il existe des stations de radio diffusant exclusivement en capverdien (Praia FM…). La grande majorité des chansons capverdiennes sont écrites et interprétées en capverdien.
En revanche, le portugais domine de façon très nette à l’écrit :
- la littérature capverdienne est principalement produite en langue portugaise.
- l’enseignement scolaire se fait entièrement en portugais (seuls des manuels rédigés en portugais sont utilisés).
Précisions historiques
1974 : En avril, « révolte des oeillets » au Portugal. Manifestations dans la rue au Cap-Vert. En décembre, le Cap-Vert obtient un statut d’autonomie interne.
1975 : En juillet, le Cap-Vert obtient son indépendance.
Précisions ethnographiques
La majorité de la population capverdienne est métisse (d’ascendance mixte luso-ouest-africaine), de religion catholique (environ 90%) ou protestante.
La culture capverdienne en générale combine à des degrés divers des éléments européens (essentiellement portugais) et ouest-africains.
Précisions linguistiques
Le capverdien est une langue SVO (Sujet-Verbe-Objet), plutôt analytique.
Plus de 95% du vocabulaire provient du portugais. En revanche, il existe une empreinte ouest-africaine (essentiellement wolof et mandingue) forte, en particulier au niveau de la morphologie verbale et de la structure sémantique.
Sources et bibliographie
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