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15 juin 2011 : article de Slate Afrique intitulé « Tamazight, langue officielle du Maroc ? »
Le site de Slate Afrique consacre un article au tamazight, l’autre nom de la langue berbère. Il s’agit en fait un groupe de langues présentes dans toute l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Niger, Mauritanie, Mali et Burkina-Faso), et qui comprend entre autres variantes le kabyle, le tamasheq des Touaregs ou le rifain, pour ne citer que les plus connues.
Slate Afrique évoque d’abord l’allocution du roi Mohammed VI le 9 mars dernier, durant laquelle il annonçait une réforme de la Constitution, et faisait par ailleurs état de «la pluralité de l’identité marocaine unie et riche de la diversité de ses affluents, et au cœur de laquelle figure l’amazighité, patrimoine commun de tous les Marocains». De quoi redonner espoir aux locuteurs de berbère, majoritaires dans le pays…
Un peu plus tard, le 12 juin, un projet de réforme de la Constitution était remis au roi par une commission dirigée par le constitutionnaliste Abdelatif Mennouni, où il était clairement recommandé de reconnaître «deux langues officielles pour le Maroc, le tamazight et l’arabe» et de voter «une loi organique au Parlement pour définir les étapes et les modalités de la mise en œuvre officielle de la langue amazighe dans l’enseignement, les médias et les administrations.»
La partie n’est cependant pas encore tout à fait gagnée, car quelques fortes oppositions demeurent, comme le décrit le parlementaire Abdellatif Ouammou, membre du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) : « La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum. Nous devons donc mener un travail de sensibilisation et d’information auprès des Marocains car beaucoup de gens, comme les intellectuels d’obédience nationaliste, seront mécontents et prôneront un Maroc avec une seule langue officielle.»
Les militants de l’officialisation, quant à eux, se réjouissent sans crier victoire, car ils craignent une officialisation au rabais, qui ne serait pas suivie de mesures concrètes. Meryem Demnati, chercheuse à l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), réclame en particulier que la langue soit enseignée à tous les Marocains, arabophones autant que berbérophones, et non pas aux seuls locuteurs de tamazight : «Ils prétendent que notre langue n’est parlée que dans les montagnes et ils oublient que Casablanca est la plus grande ville berbère du pays.»
Et Slate Afrique de conclure par un parallèle avec l’Algérie, pays à très forte composante berbérophone également, et où le combat identitaire est vieux de plus de 60 ans. Selon des sources politiques, «l’Etat ne prendra pas exemple sur son voisin et rival marocain». Un avis partagé par Bouamara Kamel, professeur au département amazigh de l’université de Bejaïa, qui juge que «l’Etat algérien n’est pas aussi honnête ni aussi intelligent que le Makhzen» !
Quoi qu’il en soit, le référendum se tient ce vendredi 1er juillet, pour ou contre la nouvelle Constitution et ses dispositions en faveur de la langue berbère et les résultats devraient être connus début juillet…
Pour voir la vidéo de présentation de la langue tamasheq des Touaregs