Imprimer |
14 juin 2011 : article sur le site Indian Country sur les medias sociaux au secours des langues autochtones
Indian Country raconte l’histoire d’un professeur de mathématiques de l’Université de Saint Louis, aux Etats-Unis, qui ne manque pas d’imagination pour redonner du lustre aux langues en danger.
D’origine irlandaise, Kevin Scannell a grandi à Boston mais a décidé de retrouver ses racines une fois terminé ses études universitaires. Il a donc appris le gaélique d’Irlande, un pays où il se rend désormais tous les ans pour se plonger en immersion dans la langue de ses origines.
Et c’est le gaélique qui l’a amené à réfléchir aux autres langues en danger, et à envisager que les instruments de la globalisation pourraient être, non pas une menace supplémentaire, mais une chance pour revitaliser ces langues, tout au moins auprès des jeunes générations. Il a dès lors passé la dernière décennie à créer des outils en ligne pour les langues minoritaires.
Son premier fait d’armes est la traduction du moteur de recherche Mozilla Firefox en irlandais il y a 4 ans. Et puis, de création de programmes en création de programmes, il finit par se pencher sur Twitter, un outil qui compte pas moins de 175 millions de comptes (dont beaucoup sont en réalité inactifs) à travers le monde ! Il lance ainsi, en mars dernier, le site IndigenousTweets.com dont le but est d’aider les langues autochtones à se développer en connectant les utilisateurs de Twitter qui parlent ces langues. Le principe est simple : on se connecte, on repère les autres utilisateurs qui tweetent dans la langue recherchée, on s’inscrit en tant que « follower » et on commence alors à recevoir les tweets…
Le site a démarré avec 35 langues, et au bout de deux mois il y en avait déjà près de 100, de tous les continents ! Et, petite originalité pour pimenter les recherches : les noms des langues sont écrits… en VO ! C’est-à-dire que si l’on suit le palmarès des langues les plus tweetées, on trouve en première position le kreyol Ayisyen (créole haïtien), puis l’euskara (basque), le cymraeg (gallois), le frysk (frison), le setswana (langue du Botswana), le hausa (haoussa), le kapampangan (langue des Philippines) etc…
Très positif, Kevin Scannell affirme qu’ « Internet est un outil que nous pouvons utiliser pour combattre la mondialisation et la colonisation. Il est important que les gens utilisent leur langue s’ils veulent qu’elle survive. L’Internet, les sites comme Twitter et Facebook, les blogs et les mails, donnent aux gens l’opportunité d’écrire, de discuter et d’être créatifs en utilisant leur langue de façon naturelle ».
Certains objectent bien sûr que ces outils ne concernent que les jeunes, alors que souvent ceux qui parlent des langues en danger sont plutôt âgés et réfractaires à la technologie. Mais l’article cite en contre exemple Barbara Nolan, une femme Nishnaabe-kwe de 64 ans qui vit en Ontario : Barbara a d’abord enseigné sa langue de façon conventionnelle à l’école, puis elle a participé au développement de cursus d’apprentissage, elle a enseigné en immersion etc. avant de se lancer… sur Internet ! Elle a créé et dirige désormais un site, BarbaraNolan.com, qui enseigne l’anishinaabemowin à travers des vidéos !
Pour lister sa langue sur le site IndigenousTweets.com, contacter Kevin Scannell