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27 avril 2011 : le journal algérien El Watan alerte sur « la dégringolade » de l’enseignement de la langue amazighe
Le tamazight, ou langue amazighe, désigne les langues berbères, parlées en Afrique du Nord.
En Algérie, il semblerait que l’enseignement de cette langue, pourtant promu depuis 1980, soit en perte de vitesse. El Watan tente de comprendre les causes de ce recul, à partir du bilan établi chaque année par les pouvoirs publics du pays et les militants de la cause amazighe.
Le constat est effectivement alarmant : tout d’abord, sur les 16 wilayas (départements, ou régions) retenus pour cette expérience d’enseignement, seuls 9 continuent l’enseignement de la langue.
Autre chiffre : à Béjaia, la plus grande ville de Kabylie, les statistiques montrent que seulement un élève sur deux en bénéficie.
Et il faut citer aussi les problèmes d’ordre pédagogiques et socio-professionnels rencontrés ici et là : dans la wilaya berbérophone de Tizi Ouzou, par exemple, les enseignants du primaire doivent assurer leurs cours dans 3 à 4 villages différents, passant ainsi beaucoup de temps en transport.
Pourtant, les luttes berbères avaient abouti à un certain nombre d’avancées durant les décennies passées : la tamazight est devenu langue nationale, il dispose d’une chaîne de télévision publique, quatre festivals culturels ont été créés, trois départements de langue et culture amazighes ont été mis en place, ainsi que deux institutions : le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) et un Centre national pédagogique et linguistique.
La régression de l’enseignement du tamazight serait donc due, selon de nombreux avis, à son caractère facultatif. Pour qu’il soit efficace, cet enseignement devrait être obligatoire et réellement officiel.
Il faudrait aussi commencer par appliquer les lois existantes, car comme l’a souligné M. Arkoub, membre de l’association des enseignants de tamazight, «nous avons un texte d’orientation pour le système éducatif et une circulaire pour l’enseignement de tamazight, mais ces lois sont piétinées, malheureusement, par certains directeurs d’établissements». Une chanson bien connue dans beaucoup d’autres pays où les langues minoritaires peinent toujours à trouver leur place dans les écoles…