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Février 2011 : le Guardian commente le livre du linguiste Nicholas Ostler qui prédit la disparition de l’anglais comme langue universelle, Grande-Bretagne
Voilà un article du Guardian, repris dans Courrier International, qui n’est pas passé inaperçu à Sorosoro : « Le jour où l’anglais s’éteindra ». Selon le linguiste britannique Nicholas Ostler, directeur de la Foundation for Endangered Languages, l’anglais comme langue de communication universelle disparaitra, du fait des progrès de la traduction automatique. C’est la thèse un brin provocatrice de son livre paru récemment en Grande Bretagne, The Last Lingua Franca – English Until the Return of Babel.
Nicholas Ostler parie donc sur le développement du « traitement automatique des langues » et prédit que bientôt « tout le monde parlera et écrira dans la langue de son choix et pourra se faire comprendre ».
Selon lui, avec l’affaiblissement de l’hégémonie anglo-américaine, l’anglais perdra alors de son influence et ne sera supplanté par aucune autre langue universelle. Et le chercheur de conclure que « nous assisterons à un retour à l’état de Babel ».
Comme le note la journaliste, il peut être objecté à Nicholas Ostler un optimisme technologique irréaliste. On peut aussi ajouter que la traduction automatique progresse à grands pas et laisse espérer la possibilité de voir bientôt des articles et des livres entiers traduits sans avoir recours à des traducteurs, mais ce que Nick Ostler ne précise pas, c’est que ces avancées considérables concernent en fait essentiellement… la traduction automatique vers l’anglais ! Ce qui pourrait avoir l’effet inverse à celui prédit par Nick Ostler.
Mais ces quelques réserves étant posées, l’intérêt de l’ouvrage est de rappeler que le paysage linguistique n’est jamais figé et qu’il évolue en fonction des réalités politiques, économiques, et sans doute technologiques. Le triomphe d’une langue n’est donc jamais définitif.
Rappelons que, sur le temps long, la suprématie de l’anglais est très relative. Depuis l’Antiquité et jusqu’au 20ème siècle, plusieurs langues ont joui du même prestige : l’arabe, l’araméen, le grec, le latin, le persan, le français, l’espagnol… Et sur environ un milliard d’anglophones dans le monde, un tiers d’entre eux seulement a l’anglais comme langue maternelle. Il est donc permis de penser que l’anglais ne fera pas exception à cette règle : après les phases d’ascension et de domination pourrait venir la phase du déclin. Mais… à quelle échéance ?
Pour lire l’article en anglais de Deborah Cameron publié dans The Guardian
Pour lire l’article traduit en français et publié dans Courrier international