Imprimer |
Présentation de la langue menik par la linguiste Adjaratou O. Sall
Au printemps dernier, Sorosoro envoyait une équipe au Sénégal filmer au sein de deux communautés linguistiques, en collaboration avec les linguistes du projet Sénélangues. Il s’agissait de la langue baynunk, en Casamance, et de la langue menik, en pays Bedik, à l’est du Sénégal.
C’est la linguiste Adjaratou Oumar Sall, de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar, qui dresse ici une présentation concise de cette langue, illustrée par des images tournées sur place par notre équipe.
Grâce à Adjaratou, nous avons en effet pu filmer un grand rassemblement culturel bedik, et nous mettrons ici en ligne, dans les mois qui viennent, des vidéos issues de ce tournage et présentant des contes, des danses, des cérémonies, sans oublier les clips habituels sur les chiffres, les parties du corps, les mots de tous les jours etc.
Le menik est donc une langue de la famille Niger-Congo (branche Atlantique Nord, groupe Ouest-Atlantique, sous-groupe tenda) et comprend trois dialectes : le banapas, le biwol et le bëñolo. Une langue en voie de disparition, le bapen, plus ancienne que le menik a été retrouvée en 1961 par la linguiste Marie-Paule Ferry. Cette langue est vraisemblablement la « mère » des langues menik et oniyan (bassari). C’est dans la région de Kédougou, dans la localité de Bandafassi, que s’est déroulé notre tournage, en dialecte banapas.
Les missionnaires chrétiens de NTM (New Tribes Mission), qui ont été les seconds à travailler sur la langue, ont estimé en 2002 le nombre de Bedik, au Sénégal, à 3380. Ces derniers sont installés à Cobo depuis une trentaine d’année.
On le voit, avec seulement un maximum de quelques milliers de locuteurs, la langue menik peut être considérée comme en danger à plus ou moins long terme. On constate cependant que même si la majorité des locuteurs parle couramment le pulaar (peul), le mandinka (malinké) et le français et en font un usage quotidien, la langue se transmet encore dans les villages. Les locuteurs du menik, bien qu’étant parfaitement intégrés à la culture environnante et ayant une grande perméabilité aux autres langues avec lesquelles elles sont en contact, sont donc réunis par un solide sentiment identitaire qui protège leur langue.
Pour en savoir plus sur la langue menik, voir la fiche établie par Adjaratou O. Sall
Linguiste : Adjaratou Oumar Sall
Image & son en pays bédik : Muriel Lutz
Image & son interview Adjaratou Sall : Mathias de Vulpian
Montage : Caroline Laurent
Vidéo réalisée dans le cadre du projet ANR Sénélangues