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Naissance et rites de passage, avec Papa Kédine
Cette semaine encore nous sommes chez les Akélé du Gabon, pour découvrir les règles et usages en vigueur dans cette communauté de langue bantoue sur les questions liées au mariage et à la vie matrimoniale.
Après la demande en mariage, la dot, la polygamie et l’adultère, nous arrivons donc à un moment clef, la naissance des enfants.
Dans les sociétés traditionnelles, il n’était question ni d’hôpital, ni de gynécologue. Pas question non plus bien sûr de cette pratique occidentale des temps modernes, la présence du père durant l’accouchement. Celui-ci était exclusivement une question de femmes : sages-femmes dûment reconnues comme telles, femmes de la famille selon des relations précises d’alliance et de parenté, elles étaient souvent plusieurs à participer à cette opération qui pouvait se révéler périlleuse, tout à la fois pour la mère et pour l’enfant.
Dans bien des endroits, la naissance biologique n’est qu’un premier jalon dans le processus qui fait d’un être en devenir un adulte, membre à part entière de la communauté. À travers le monde, les sociétés ont ainsi élaboré des pratiques qui, quelles que soient les religions, célèbrent ces étapes de façon rituelle.
L’un des rites de passage les plus répandus est la circoncision. Symboliquement et rituellement, l’initié naît socialement : il meurt à l’enfance, est définitivement séparé de sa mère, retiré de la société féminine, pour accéder enfin à la virilité, à un nouveau statut et à sa place au sein de la communauté des hommes.
L’initiation féminine n’est pas symétrique, elle a souvent tendance à être cantonnée à un apprentissage consacré à la supposée nature de la femme : sexualité et reproduction, terre et production, nourritures et cuisine.
Papa Kédine évoque tous ces thèmes, et on ne manquera pas de noter sa réflexion sur le lieu de l’accouchement, qui n’est pas sans rappeler la phrase de la Bible : « Tu es né poussière et tu redeviendras poussière ». Sur la question de la circoncision également, les propos de Papa Kédine ne sont pas édulcorés : certains pourront être terrifiés, mais les plus curieux découvriront la vertu méconnue et néanmoins capitale d’une plante familière de la famille des solanacées : l’antisepsie…
Linguiste : Jean-Marie Hombert
Image et son : Luc-Henri Fage
Traduction : Hugues Awanhet
Montage : Caroline Laurent