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La polygamie, par Jean Kédine
Cette semaine Sorosoro vous propose de découvrir un nouvel aspect du mariage au Gabon avec une vidéo consacrée à la question de la polygamie.
Le terme, tiré du grec ancien poly (plusieurs) et gamos (mariage), désigne toutes les formes d’alliance matrimoniale d’une personne, homme ou femme, avec plus d’un conjoint. Il recouvre deux réalités : la polygynie, mariage d’un homme avec plusieurs femmes, et la polyandrie, mariage d’une femme avec plusieurs hommes. La forme polyandrique étant peu répandue, le terme polygamie désigne en fait le plus souvent le cas où un homme a plusieurs épouses.
Le phénomène, très ancien dans l’histoire de l’humanité, est largement répandu en Afrique. D’un point de vue social, la polygamie permet de s’allier à plusieurs groupes et constitue parfois un élément de prestige. Elle représente aussi un apport économique, le travail ou les cultures personnelles des femmes contribuant à l’entretien du ménage. Enfin, avoir plusieurs épouses permet d’avoir un plus grand nombre d’enfants et d’espérer une meilleure prise en charge au moment de la vieillesse.
Réprouvée en Occident, la polygamie est généralement un délit réprimé par les États. La situation de la femme dans ce type d’unions est en particulier très discutée. De fait, les avantages énoncés sont ceux dont peut bénéficier l’homme qui a plusieurs épouses. Mais qu’en est-il du côté des femmes ? Comment perçoivent-elles cette pratique dont on peut penser qu’elle les met « en situation de concurrence » ?
Dans beaucoup de sociétés africaines, la première épouse a des prérogatives et un statut plus élevé que les suivantes même si ses enfants sont sur un pied d’égalité avec ceux des autres femmes. Dans d’autres communautés, la situation peut être à l’inverse, toutes les épouses sont traitées de façon égale, alors que les enfants ont des statuts différents. La rivalité entre coépouses est donc souvent de mise, et se traduit par une lutte pour les faveurs du mari ou pour assurer une place privilégiée à sa progéniture.
Mais… il arrive aussi que les coépouses fassent bloc contre le mari, inversant alors le rapport de force, ou même que ce soit la première épouse qui en réclame une seconde pour l’assister dans ses tâches !
Examinons donc un cas précis avec Jean Kédine, qui détaille ici la façon dont les Akélés du Gabon se représentent la polygamie. L’explication qu’il avance à cette pratique laissera sûrement certaines dubitatives ou amusées…
Linguiste : Jean-Marie Hombert
Image et son : Luc-Henri Fage
Traduction : Hugues Awanhet
Montage : Caroline Laurent