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17 juin 2010 : Une compagnie touristique des îles Andaman annule les safaris humains chez les Jarawa
Nous vous parlions déjà de l’archipel des Andaman, au large des côtes birmanes, dans notre article du 4 février 2010 sur le décès de la dernière locutrice de langue bo. Aujourd’hui nous y retournons avec la question des « safaris humains », ces circuits touristiques organisés au sein d’une tribu menacée de l’archipel.
Rappel de la situation :
L’archipel des îles Andaman se trouve dans le Golfe du Bengale, entre l’Inde et la Birmanie. Il abrite plusieurs populations indigènes, qui descendraient des premières migrations humaines parties d’Afrique il y a environ 70 000 ans. Ces populations détiennent donc un patrimoine culturel et linguistique exceptionnel dont les origines dateraient du pré-néolithique.
Depuis le 18ème siècle, l’archipel a fait l’objet de plusieurs vagues de colonisation successives, chacune ayant apporté son lot de maladies et de violences décimant les populations indigènes.
Il ne reste plus maintenant que 4 groupes de populations indigènes:
– Les Grands Andamanais, qui ne seraient que quelques dizaines.
– Les Sentinelles, dont on estime qu’ils seraient entre 50 et 250 ; les données sur ce peuple sont en fait très rares car ils se défendent pas les armes de tout contact avec l’extérieur. Ils comptent parmi les populations les plus isolées au monde.
– Les Onge, aujourd’hui moins d’une centaine.
– Les Jarawa, dont le premier contact avec les populations non indigènes remonterait seulement à 1997. Leur nombre serait d’environ 300.
Le sort des Jarawa est représentatif de celui de tant d’autres peuples colonisés, peu à peu dépossédés, déplacés, et devenus minoritaires sur leur propre territoire. Ces tribus finissent pour beaucoup dans des réserves, dépendantes des aides du gouvernement et souffrant d’un fort taux d’alcoolisme et de suicide. La diminution progressive des terres attribuées aux Jarawa et la construction d’une route au milieu de leur réserve viennent aggraver la situation en favorisant l’arrivée de colons, braconniers et bûcherons, qui détruisent peu à peu les ressources traditionnelles et amènent des maladies nouvelles. (Les dernières épidémies dévastatrices datent de 1999. Elles auraient décimé 10% de la population Jarawa.)
Les « safaris humains »
C’est pourtant là, au milieu de la tribu Jarawa, que plusieurs compagnies de voyagistes ont décidé d’organiser des circuits touristiques. La venue massive et non encadrée de touristes au sein de cette culture déjà très menacée inquiète de nombreux ethnologues, qui craignent une accélération de son déclin.
C’est pourquoi Survival International, une organisation qui agit pour la protection des peuples indigènes, a lancé une campagne contre les circuits touristiques en territoire Jarawa. Plusieurs compagnies de voyagistes ont été contactées, mais malheureusement à ce jour, seule la compagnie Andaman Island Adventure a retiré sa promotion pour ce circuit.