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16-24 mars 2010 : Rozenn Milin, Directrice de Sorosoro, en Inde
Pays immense, fier de son patrimoine, l’Inde est connue pour la richesse de son héritage culturel et linguistique, l’un des plus divers du monde : on y compte 22 langues officielles, 234 « langues maternelles » reconnues, 1600 langues et dialectes… En réalité, nul ne sait exactement à combien se chiffre le nombre de langues, car il n’y a eu aucun véritable recensement depuis longtemps, mais certains universitaires estiment qu’il pourrait y avoir jusqu’à 900 langues distinctes.
Sorosoro se doit par conséquent de participer à la sauvegarde de cette formidable diversité, et Rozenn Milin vient donc de passer huit jours sur place pour envisager de possibles collaborations. Elle a ainsi rencontré différents acteurs de la préservation et de la revitalisation linguistique : des universitaires, des linguistes de terrain, des activistes…
Elle a en particulier donné une conférence à l’Université Jawaharlal Nehru à Delhi, en présence notamment du Doyen de l’Université, du Professeur Girish Nath Jha, qui dirige le Centre des Etudes de Sanskrit et du Professeur Subbarao K.V., éminent linguiste indien qui a travaillé sur une quarantaine de langues.
Elle y a également rencontré le Professeur Anvita Abbi, qui a beaucoup été sous le feu des projecteurs les mois passés à l’occasion de la mort de Mme Boa Sr, dernière locutrice de la langue bô dans les îles Andaman. Mme Abbi a beaucoup travaillé à la description et la documentation des langues de cet archipel (http://www.andamanese.net/anvita.htm) et a ainsi considérablement contribué à alerter la communauté scientifique et au-delà sur la perte irrémédiable de cette très ancienne langue et culture.
Au programme également, de grandes discussions avec Rajesh Sachdeva, Directeur du CIIL, le Central Institute for Indian Languages, un organisme gouvernemental dont l’objet est de coordonner le développement des langues indiennes, de les étudier, et de contribuer ainsi à l’enrichissement mutuel des langues.
Enfin, Rozenn a également fait une escapade dans le Gujarat où elle a pu découvrir une Adivasi Academy (« Académie des langues indigènes ») créée par le Professeur Ganesh Devy, un homme extraordinaire qui s’est mis au service du développement de ces communautés autochtones défavorisées. Pour en savoir plus, lire le blog de cette semaine : « Quand le monde académique s’engage auprès des populations ».
Sur le plan financier, l’heure était également à la recherche de mécènes pour contribuer au financement d’actions de sauvegarde linguistique et culturelle dans le pays. Ce sont ainsi trois potentiels contributeurs que l’équipe de Sorosoro a pu rencontrer, et ceux qui se sont montrés le plus intéressés sont aussi des personnages hors du commun, ouverts et cultivés, fiers de leur patrimoine culturel et essentiellement issus d’une minorité, les Parsis, descendants de migrants venus d’Iran au 8ème siècle de notre ère…
Ce premier voyage a été passionnant, très instructif et plein de promesses. Reste à monter un projet avec les acteurs locaux, du pain sur la planche !