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Le xokleng
Données collectées par l’UNICEF
Données sur le xokleng
Noms alternatifs : laklaño, bugres, botocudos, aweikoma, Xokrén, Kaingang de Santa Catarina, aweikoma-kaingang.
Xokleng serait vu comme le nom « donné par les blancs » par les membres de la communauté qui lui préfère le terme « laklaño ». Beaucoup d’autres noms ont été donnés à cette ethnie, la plupart tombés en désuétude.
Classification : Macro-Jê, langues jê, branche jê méridionale.
Nous suivons ici Rodrigues (1999)
Certaines sources antérieures aux années 60 considéraient le xokléng comme un dialecte du kaingáng. L’usage est maintenant de les considérées comme deux langues distinctes quoique proches.
Aire géographique : Brésil, Etat de Santa Catarina.
Les Xokleng vivent majoritairement dans le « territoire indigène » (en abrégé : TI) Ibirama, situé au long du Rio Hercílio et du Rio Plate ; territoire qu’ils partagent avec des Mbyás et des Ñandevas (qui parlent des langues tupi-guaranis) et des Kaingangs.
Une vingtaine de familles vivent dans les faubourgs des villes de Blumenau, Joinville et Itajaí.
Nombre de locuteurs :
– Le recensement de la FUNASA de 2004 compte une population « ethnique » de 887 personnes.
Il n’existe pas d’évaluation précise du nombre de locuteurs pour le moment, l’UNESCO estime qu’il n’y a « pas plus de 100 locuteurs » de xokleng.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission :
Selon l’UNESCO, le xokleng est une langue « en situation critique » (degré 4 sur une échelle de 5), autrement dit, au bord de l’extinction.
Comme signalé précédemment, il est difficile de savoir avec précision le nombre de locuteurs natifs de la langue, mais ils seraient tous bilingues et âgés. Les jeunes de trente ans ou moins sont tous locuteurs natifs de portugais et ne parle plus la langue ancestrale.
Précisions historiques et ethnographiques
Il est très probable que les Kaingang et Xokleng actuels aient une origine commune et qu’ils se soient différenciés au cours des derniers siècles. Ils étaient traditionnellement chasseurs-cueilleurs, semi-nomades et ne pratiquaient pas l’agriculture.
Le territoire traditionnel des Xokleng et des Kaingang se trouvaient dans les grands plateaux dans la partie sud du Brésil actuel. En 1728 une première route a été ouverte pour relier les provinces du Rio Grande do Sul et de São Paulo. Cette route traversait le territoire des populations jê méridionales.
La route a permis à l’agriculture occidentale de s’installer dans la région, réduisant les espaces vitaux et les ressources des Xokleng. Le pin « araucária » a été systématiquement exploité par les colons, or, il constituait une ressource vitale pour les Xokleng. Cette privation de ressource a occasionné les premiers conflits armés entre colons occidentaux et populations indigènes mais aussi entre les différents groupes indigènes eux-mêmes.
L’expansion du domaine coloniale du Rio Grande do Sul au début du 19ème siècle a poussé les Xokleng à fuir vers l’actuel Santa Catarina.
Les Xokleng, à l’image des Kaingang et des autres populations jê, étaient traditionnellement organisés en une société dualiste. C’est au cours de ces grandes migrations et des conflits internes pour les ressources, que ce système dualiste a disparu. Les Xokleng survivants se sont alors séparés en trois factions dont seule la faction laklaño subsiste aujourd’hui.
Dans la seconde moitié du 19ème siècle l’expansion coloniale a atteint les territoires Xokleng de Santa Catarina, occasionnant de nouveaux violents conflits. L’état brésilien a alors permis aux colons de se constituer en brigade de bugreiros « chasseurs d’indiens » dont le but, à peine masqué, était l’extermination de ceux qui étaient dépeints comme des « sauvages sans âme », et considérés comme des obstacles au progrès. Ces bugreiros sont les responsables principaux, en quelques années, de la disparition de deux des trois principales factions Xokleng.
Et ce que les milices n’ont pas pu finir, les maladies l’ont presque achevé. Entre 1914, date du premier contact pacifique avec la société coloniale et 1935, deux tiers de la population xokleng survivante a succombé aux épidémies transportées par les « blancs », qui les forcèrent à se sédentariser dans les « Postes Indigènes », sortes de réserves crées par le gouvernement pour « pacifier » les populations indigènes.
Outre l’exposition aux maladies, cette sédentarisation a provoqué l’acculturation des Xokleng, qui ont abandonné une grande partie de leurs rites sociaux (comme la perforation labiale des jeunes hommes adultes ou la crémation des morts) et leurs pratiques religieuses traditionnelles. La plupart sont désormais pentecôtistes.
Les mariages mixtes avec les blancs, les guaranis et les cafuzos (métis) ont profondément modifié la société xokleng au cours des 90 dernières années. Particulièrement lors de la construction du barrage du Nord.
La construction de ce barrage, dans les années 70 a noyé une grande partie d’un territoire occupé par des villages xokleng, forçant la population à un nouvel exil au sein du TI Ibirama vers un espace réduit et très pauvre en ressources.
Jusque dans les années 60 le TI Ibirama (qui s’appelait le « Poste Indigène Duque de Caxias » jusqu’en 1975) était composé de forêts que l’exploitation intensive a fait progressivement disparaître. Dans les années 80 il n’en restait plus rien, privant les populations du TI d’une source essentielle de subsistance. Les populations Xokleng ont ainsi souffert de malnutritions.
De nos jours, les hommes travaillent souvent comme ouvriers agricoles journaliers et les femmes comme domestiques. Quelques familles possèdent de petites exploitations agricoles au sein du TI. Un mouvement de revendication de restitution des territoires s’est mis en place ces dernières années, on peut espérer, si il aboutit, qu’il permette au Xokleng de constituer à nouveau une société unifiée économiquement, culturellement et socialement
Pour plus d’information sur les Xokleng, voir les pages qui leur sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais).
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [28/04/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le xokleng [28/04/2011]
Pages consacrées aux Xokleng sur le site de Povos Indígenas no Brasil [28/04/2011]
Données collectées par l’UNESCO sur le xokleng [28/04/2011]
Page du site Ethnologue.com sur le xokleng
Bibliographie complémentaire
Bubltitz, Terezinha 1994. Análise fonológica preliminar da língua Xokleng. Dissertação de Mestrado. Brasília: UnB.
Mullen, P. – P. Vandresen 1986. O bilingüismo xokleng/português no Posto Duque de Caixas. En: IV Encontro de variação lingüistica e de bilingüismo na região sul. Anais: 115-134. Porto Alegre: Universidade Federal do Rio Grande do Sul.
Müller, Salvio Alexandre 1985. Efeitos desagregadores da construção da barragem de Ibirama sobre a comunidade indígena. Dissertação de Mestrado. Florianópolis: UFSC.
Rodrigues, Ayron D. (1999). « Macro-Jê » In R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald, (eds) The Amazonian languages, Cambridge University Press.
Wiik, Flávio Braune 1998. Doenças e tranformação sociocultural: epidemias, corporalidade e práxis entre os índios Xokleng do sul do Brasil. Revista de Divulgação Cultural, 20/64. Blumenau: Editora da FURB.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
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