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Le tasawaq
Page réalisée par Sidibé Alimata Ouédraogo, enseignant-chercheur à l’Université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), 2011.
Données sur la langue tasawaq
Noms alternatifs : ingalci, ingalshi
Classification : le tasawaq peut être vu comme une variante du songhay septentrional, fortement influencé par les langues voisines, le hausa et le tamazight.
Aire géographique : Niger, dans les villes d’Ingall et Teggida-n-tessemt près d’Agadez
Nombre de locuteurs : environ 8000 selon le site Ethnologue.com. Les sources officielles indiquent un chiffre avoisinant 10.000 mais il s’agit probablement de l’ensemble de la population de la région d’Ingall qui compte aussi des campements touaregs.
Statut : langue nationale ; ce statut signifie que la langue peut et doit bénéficier d’actions visant à sa promotion ; les textes officiels du Niger précisent qu’une loi déterminera les modalités de promotion et de développement des langues nationales ; les mêmes textes précisent aussi que les langues nationales sont aussi langue d’enseignement au niveau du cycle de base 1 c’est-à-dire l’école primaire. Il y a eu récemment la création de la direction de l’enseignement des langues nationales au Ministère de l’Education de base et des langues nationales.
Vitalité et transmission : La langue est parlée essentiellement dans deux localités. Elle est transmise dans le cercle familial. Elle est rarement ou peu parlée dans les relations commerciales (qui se font en hausa ou en tamasheq) ; je pense qu’elle est en danger compte tenu de son domaine d’usage qui est de plus en plus restreint: elle est absente dans les espaces publics : marché (le hausa et tamajaq sont dominants; à l’école les enseignants utilisent le hausa hors de la classe ; dans l’administration , c’est le hausa qui est dominant ; les isawaghan locuteurs natifs du tasawaq sont majoritairement et précocement bilingue tasawaq/tamajaq.
Précisions historiques et ethnologiques
Les origines historiques du tasawaq ne sont pas claires pour le moment ; il s’agirait d’une forme archaïque du songhay qui aurait évolué au contact du tamasheq et du hausa. Les locuteurs de la langue se nomment isawaghan (sg.asawagh); ils ne s’identifient pas à une tribu touareg. Ils ne se désignent pas non plus comme songhay ; quand bien même l’administration nigérienne les considère comme tel. Tous les adultes sont bilingues tasawaq/tamasheq; et parfois tasawaq/tamasheq/hausa pour les migrants saisonniers et les jeunes scolarisés.
Précisions linguistiques
Le lexique contient des bases lexicales songhay, tamajaq et arabe (i) Concernant les nombres, on note en tasawaq que les chiffres allant de 1 à 5 sont les mêmes qu’en songhay ; au-delà jusqu’à 20 nous avons des similitudes avec l’arabe (sita, thamania etc.); le chiffre 100 est temede (qui vient du tamajaq) ; les composés sont arabes, songhay et tamajaq (ex. ashirin nda hinka « 22 ») ; (ii) Concernant les termes techniques, on relève par exemple dans le domaine relatif aux animaux que le tasawaq utilise le vocabulaire tamajaq pour spécifier le mâle ou la femelle avec généralement un point de départ songhay. ex. yó (songhay « le chameau ») térígàn (tamajaq) « la chamelle » ; hàawì (songhay) « la vache » àmàka (tamajaq) « le taureau ». (iii) Concernant la religion les termes tasawaq sont similaires aux termes arabes ; mais cela n’est pas une particularité du tasawaq puisque ces emprunts sont courants dans les autres langues nigériennes. Mais le tasawaq conserve l’article arabe, ce qui en fait une particularité peut être. Ex. alqali « le Juge », alliman « l’Imam » etc.
Bibliographie
Nicolaï, R (1979). Le songhay septentrional (études phonématiques), première partie: les parlers du groupe nomade, bulletin de l’IFAN, tome 41, série B,n°1, 2, 3, 4, Dakar.
Alidou, O (1988). Esquisse grammaticale d’une langue dite « mixte »: le tasawaq d’ingall. Université de Niamey.
Sidibé, A (2010). « Procédés de pluralisation et marques du pluriel dans une langue dite « mixte » : le tasawaq d’Ingall », Nordic Journal of African Studies 19(2) : 108–123.
Sidibé, A (2010). « Les extensions verbales dans le tasawaq », Etudes Sahéliennes, n°4.
Liens complémentaires
Page dédiée sur le site Ethnologue.com (en anglais)
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