Imprimer |
Le kète
Données sur la langue kète
Noms alternatifs : Ostyak, Imbak, Ket
Principaux dialectes : On distingue trois principaux dialectes du kète : le haut kète (au nord), le moyen kète (au centre) et le bas kète (au sud). Les différences, bien qu’identifiables, sont relativement faibles et le niveau d’intercompréhension entre locuteurs de différents dialectes est très élevé.
Classification : le kète est le dernier survivant de la famille des langues ienisseïennes (langues parlées dans la région du fleuve Ienisseï). Les autres langues de ce groupe ont disparu : le kott, l’arin, le baikot et le pumpokol se sont éteintes au 19ème siècle. Le Yugh se serait éteint dans les années 1980.
Il y eu plusieurs propositions, pour le moment non-concluantes, pour relier les langues ienisseïennes à d’autres langues ou groupes de langues telles que les langues toungouses, voisines, les langues sino-tibétaines ou même le basque !
En 2008, le linguiste E. Vajda a proposé un rapprochement du kète avec les langues athabaskanes (plus le tlingit) parlées dans l’ouest et le nord-ouest du continent américain. Cette hypothèse, jugée prometteuse, n’a pas encore pu être complètement prouvée pour le moment.
Aire géographique : Russie, Sibérie, le long du cours moyen du fleuve Ienisseï et de ses affluents : la Podkamennaya Tunguska au sud et la Kureyka au nord. Ils vivent principalement dans le district de Turukhansk (région de Krasnoïarsk) et dans le district de Baikit, dans la Région Autonome Evenki. On trouve également des Kètes dans les grandes villes comme Krasnoïarsk. Trois villages (Kellog, Sertovo et Sulomai) sont majoritairement Kètes. Dans les autres villes et villages les Kètes sont toujours minoritaires.
Nombre de locuteurs : Le dernier recensement de 2002 compte une population Kète totale de 1494 personnes. Mais selon Olga Kazakevich, le nombre de locuteurs ne dépasserait pas 150 personnes, dont une faible proportion de locuteurs natifs.
Statut de la langue : Le kète est reconnu comme une « langue indigène minoritaire » ce qui lui confère une protection générique.
Vitalité et transmission : La langue est très menacée, elle est en perte de vitesse chez les plus jeunes générations qui l’abandonnent au profit du russe. La transmission est complètement interrompue depuis les années 80. La survie de la langue au-delà des deux prochaines générations est fortement compromise.
Dans les années 70, plus de 70% de la population Kète parlait la langue ancestrale, ce pourcentage est tombé à 15% au début du 21ème siècle.
Les plus jeunes locuteurs de kète ont plus de 45 ans, et très peu l’utilisent encore, même dans la sphère privée. Les moins de 45 ans sont généralement locuteur de russe, même si certains ont une connaissance partielle de kète.
Enseignement : La langue, qui bénéficie d’un système d’écriture inventé durant la perestroïka (en 1988), est enseignée durant les trois premières années de scolarités dans certaines écoles. Mais cet enseignement reste purement symbolique et ne permet pas de combattre efficacement l’abandon de la langue au profit du russe au sein de la population kète. Ceci s’explique, en partie, par la difficulté de former des enseignants ayant un niveau suffisant en kète pour pouvoir le transmettre correctement.
Précision historiques et ethnographiques
Les Kètes sont un des peuples les plus énigmatiques de Sibérie. On sait peu de choses sur leur origine et leur présence dans la région. Si la théorie reliant le kète au Tlingit et aux langues athabaskanes s’avère prouvée, le kète serait alors issu d’une des branches primitives de ce groupe, branche qui remonterait à plus de 20 000 ans ! L’étude du kète moderne est cruciale pour mieux comprendre l’histoire des migrations humaines en Sibérie et dans le nord de l’Amérique.
On pense que les ienisseïens ont migré vers leur territoire actuel il y a 2000 ans depuis les massifs de l’Altai et du Saïan. Les Kètes étaient le peuple ienisseïen vivant le plus au nord. Ils suivaient un mode de subsistance de chasseurs-cueilleurs semi-nomades dans la taïga siberienne. les Kètes les plus au nord pratiquaient aussi l’élevage de rennes, qu’ils ont probablement acquis de leurs voisins samoyèdes. Les tribus les plus au Sud vivaient l’été dans des maisons-bateaux sur le Ienisseï
Ils ont commencé à subir l’influence de la Russie impériale à partir du 17ème siècle. De nombreux villages ont été délocalisés à l’époque pour éviter toute résistance à la colonisation impériale.
Les Kètes, aujourd’hui vivent dans une situation d’extrême pauvreté, ce qui pousse un grand nombre d’entre eux à migrer vers les villes. Cette migration économique participe grandement à l’abandon de la langue et de la culture kète.
Sources
Kazakevich, O .2004. Ket
Vajda, Edward J. 2000. The Ket and Other Yeniseian Peoples.
Vajda, Edward.J. 2001. Yeniseian peoples and languages. A history of Yeniseian studies with an annotated bibliography and a source guide. Curzon.
Vajda, Edward J. 2010. « Siberian Link with Na-Dene Languages. » The Dene-Yeniseian Connection, ed. by J. Kari and B. Potter, 33-99. Anthropological Papers of the University of Alaska, new series, vol. 5. Fairbanks: University of Alaska Fairbanks, Department of Anthropology.
Quelques liens pour en savoir plus
Page dédiée au kète sur le site de Endangered Languages of Indigenous Peoles of Siberia
Le site Multimedia Database of Ket, de l’Université de Moscou-Lomonosov
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org