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Le kadiwéu
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue kadiwéu
Noms alternatifs : Kaduveo, Caduveo, Kadivéu, Kadiveo, mbayá, caduceo, Ejiwajigi, Goniwoladi ejiwajegi.
Le nom « kadiwéu » (sous ses multiples graphies) est le nom le plus couramment utilisé ; il est probablement d’origine tupi. « Ejiwajigi » correspond à l’auto-ethnonyme et « Goniwoladi ejiwajegi » signifie « notre langue kadiwéu ».
Principaux dialectes : Il existe deux variantes principales du kadiwéu où on distingue le parler des hommes du parler des femmes. Ces deux variantes sont marquées phonologiquement. Par exemple, pour s’adresser à un autre homme, un homme utilisera « goniwtagodi » ; une femme utilisera, elle « goniwaagodi ».
Classification : Famille guaycuruane, branche mbayá.
Le kadiwéu descend de la langue mbayá dont il est le dernier représentant. Le kadiwéu est la seule langue vivante de la famille guaycuruane à ne pas appartenir à la branche sud ; branche à laquelle appartiennent le pilagá, le toba et le mocoví.
Aire géographique : Brésil, état du Mato Grosso do Sul. Territoire Indigène Kadiwéu, dans la municipalité de Porto Murtinho.
Situées dans le Pantanal (la partie brésilienne du Chaco) les limites naturelles du territoire kadiwéu sont formées à l’ouest par le Rio Paraguay et le Rio Nabileque, à l’est par la Serra da Bodoquena, au nord par le Rio Neutaka et au sud par le Rio Aquidavão.
Bodoquena est le village principal du Territoire Indigène, où l’on trouve également trois autres villages : Campina, Tomázia et São João. Ce dernier village est principalement habité par des Terêna et des Guana/Kinikináo.
Le kadiwéu est la seule langue guaycuruane parlée à l’est du Rio Paraguay, les autres langues guaycuruanes sont parlées dans le chaco paraguayen et argentin.
Nombre de locuteurs : La population kadiwéu compte, selon la FUNASA (2006) 1 629 personnes. Ce chiffre, néanmoins, est probablement celui de la population du Territoire Indigène Kadiwéu dans son ensemble. Ce qui signifie qu’il inclut possiblement les populations Terêna et Guana/Kinikináo présentes sur ce territoire. La population kadiwéu proprement dite compterait environ 1000 personnes, selon Linguamón.
Il n’y a pas de chiffres disponibles sur le nombre de locuteurs, mais selon Pechincha (1999) la langue est parlée par l’ensemble de la population kadiwéu, avec un taux de monolingues important chez les personnes âgées et les femmes.
Les populations non-Kadiwéu présentes sur le TI Kadiwéu ont une connaissance partielle, au moins passive, de la langue.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Education : Selon Linguamón « Ce sont des enseignants indigènes qui prennent en charge l’éducation primaire dans les villages. »
Vitalité et Transmission :
Le kadiwéu est une langue en danger selon les critères de l’UNESCO.
Même si il semble que la langue se soit bien transmise jusqu’à présent, les plus jeunes générations sont de plus en plus bilingues kadiwéu/ portugais. Le faible nombre de la population Kadiwéu fait craindre pour l’avenir de la langue à moyen terme.
Précision Historique et ethnographique
Les Kadiwéu sont les descendants de la dernière « horde » mbayá à avoir survécu, celle qui a franchi le plus tardivement le Rio Paraguay pour s’installer sur sa rive orientale. Au 18ème siècle on trouve trace d’une horde mbayá, vivant sur les rives d’une rivière appelée « Cadigugi », tout porte à croire que cette horde est l’ancêtre des Kadiwéu actuels. Ils étaient déjà la dernière horde mbayá survivante au milieu du 19ème siècle.
Appelés les « índios cavaleiros » (« indiens cavaliers »), ils ont adoptés le cheval et l’ont intégré à leur mode de vie, dès l’apparition de celui-ci en Amérique du Sud, importé par les premiers conquistadors. Ils en possédaient de grands troupeaux.
Les Mbayá étaient un peuple guerrier, dont la survie dépendait des « raids » effectués sur les populations voisines, particulièrement les populations arawaks, commes les chamacoco ou les terêna. Ils étaient organisés en une société hiérarchisée en classes sociales, allant de la « noblesse » à un extrême aux « captifs » à l’autre extrême. Les « captifs » jouaient un rôle central dans la société, particulièrement les femmes captives qui servaient à la reproduction. Les femmes mbayá n’enfantant que rarement, et n’avaient souvent qu’un enfant au cours de leur vie. Elles se consacraient aux peintures corporelles et faciales, dont les dessins complexes et élaborés ont fait la renommée de la culture Kadiwéu. La richesse des éléments géométriques de ces peintures étaient considérée par Lévi-Strauss, qui a consacré un chapitre aux Kadiwéu (qu’il nomme Caduvéo) dans son livre Tristes tropiques (1955) comme une caractéristique des sociétés hiérarchisées. Ces peintures étaient en effet l’apanage des « nobles » les « vrais Kadiwéu ».
La distinction hiérarchique entre les Kadiwéu (nobles) et les captifs persiste encore dans la société kadiwéu actuelle, particulièrement dans ses rapports avec les Terêna et les Guana/Kinikináo qui habitent le Territoire Indigène Kadiwéu.
Les Kadiwéu se sont battus au côté des brésiliens pendant la guerre du Paraguay (1865-1870) et tirent une grande fierté de leurs faits d’armes au cours de cette période.
Ils considèrent la reconnaissance de leur territoire comme une juste rétribution de leurs services pendant cette guerre. Il s’agit, en effet, d’un des premiers territoires à avoir été attribué à un peuple indigène par l’état brésilien.
Malgré tout, la délimitation et l’attribution de ce territoire a pris du temps et n’a pas été sans heurts avec les fermiers qui s’y étaient installés. La démarcation actuelle du territoire date de 1981 et a été marqué par de violentes tensions avec les habitants voisins ou ceux occupants des terres au sein du périmètre délimité. Un village kadiwéu, Xatêlodo, s’est retrouvé exclu du périmètre du TI.
Pour plus d’informations sur les Kadiwéu, voir les pages qui leurs sont consacrée sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais) ainsi que, bien sûr, Tristes tropiques de Lévi-Strauss.
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [18/05/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le kadiwéu [18/05/2011]
Pages consacrées aux Kadiwéu sur le site de Povos Indígenas no Brasil [18/05/2011]
Page consacrée au kadiwéu le site de Linguamón [18/05/2011]
Bibliographie complémentaire
Griffiths, Glyn. 2002. Dicionário da língua Kadiwéu. Kadiwéu-Português, Português-Kadiwéu. Cuiabá, MT: Summer Institute of Linguistics.
Lévi-Strauss, C.1955. Tristes Tropiques, Paris, Plomb.
Ribeiro, D. 1948. Sistema familial kaduéu. Revista do Museu Paulista, 2: 175-192.
Ribeiro, D. 1950. Kadiwéu: Ensaios etnológicos sobre o saber, o azar e a beleza. Petrópolis: Vozes.
Sandalo, F. 1995. A Grammar of Kadiwéu. Ph.D. diss., University of Pittsburgh.
Soares Pechincha, M.T. 1999. Kadiweu
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
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