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Le haméa-tîrî
Page réalisée en collaboration avec Claire Moyse-Faurie (Directrice de recherche, LACITO-CNRS) .
Données sur le haméa-tîrî
Le haméa et le tîrî sont deux dialectes d’une même langue.
Noms alternatifs : Différentes dénominations des deux dialectes :
– haméa, xaa méa (langue de Méa) et xâyââ (appellation en xârâcùù par les gens de Canala)
– tîrî (écrit tinrin par Osumi),tiri, cîîrî, langue de Couli.
Aire géographique : Nouvelle-Calédonie, Aire coutumière Xârâcùù.
Le haméa est parlé dans quelques villages situés au fond de la vallée de la rivière Kouaoua (Konoé-Chaoué, Wérupimé, Waabe) et de l’autre côté de la chaîne centrale, à Katrikoin sur la commune de Moindou. Le haméa était parlé autrefois dans d’autres villages, en particulier dans celui qui reflète encore son nom, Méa-Mébara, mais il n’y a plus de locuteurs actifs dans ce village. Enserré entre deux « grandes » langues : l’ajië au nord et le xârâcùù au sud, le haméa a vu son aire linguistique régresser peu à peu. Le tîrî est parlé dans la région de Couli/Sarraméa à Petit Couli et Grand Couli et, mélangé à d’autres langues, à La Foa, Pocquereux, Katrikoin et Sarraméa.
Classification : Comme toutes les langues kanak (à l’exception du fagauvea) le haméa-tîrî appartient à la branche océanienne éloignée de la Famille autronésienne. Les langues kanak de la Grande Terre et des îles Loyauté forment un sous-groupe de cette branche océanienne. Et parmi les langues kanak de la Grande Terre calédonienne, le haméa-tîrî appartient au groupe des langues du Sud, aux côtés de l’ajië, du xârâcùù et du xârâgurè.
Nombre de locuteurs : Pas plus de 300 locuteurs pour le haméa selon Claire Moyse-Faurie (C.P.) et à peu près autant pour le tîrî. Le recensement de 2009 mentionne 596 locuteurs de plus de 14 ans dans la colonne tîrî, qui inclut aussi les locuteurs haméa. Ce nombre inclut les quelques dizaines de locuteurs installés à Nouméa ou dans les communes environnantes.
Vitalité et transmission : L’UNESCO considère que le tîrî est « sévèrement en danger ». Ce qui concerne aussi le haméa. Comme vu précédemment l’aire linguistique du haméa ne cesse de reculer sous la pression d’autres langues kanak, le xârâcùù (largement utilisé comme langue véhiculaire dans l’Aire coutumière Xârâcùù) et l’ajië.
Littérature : G.W. Grace a publié un dictionnaire en 1976 dans lequel il inclut à la fois les entrées communes au tîrî et au haméa, qu’il nomme mea, et les entrées qui sont spécifiques à chacune de ces variétés. M. Osumi a publié une grammaire en 1995. En dehors du récit mis en annexe dans cette grammaire, un conte « Les aigles Meïo » a été publié en tîrî par Edmond Kawa. L’ethnologue P. Pillon a publié plusieurs articles basés sur une étude de la tradition orale, et en particulier des discours sur le bois, les « viva » de la région Méa-Mébara (voir par exemple Journal de la Société des Océanistes, 94 : 81-101).
Le cadre d’un projet Province Nord-Lacito, la réalisation d’un dictionnaire thématique haméa-français est en cours.
Médias : Le programme Sorosoro a par ailleurs effectué un tournage audiovisuel en haméa en octobre-novembre 2010. Plusieurs petits films sont en cours de réalisation à partir des images et des sons collectés à cette occasion, qui seront, à notre connaissance, les premiers documents audiovisuels disponibles en haméa.
Bibliographie
GRACE, George W. 1976. Grand Couli Dictionary. Canberra, Australian National University, Pacific Linguistics C-12.
MOYSE-FAURIE, Claire, à paraître. Dictionnaire thématique haméa-français, précédé d’une introduction grammaticale. Province Nord de la Nouvelle-Calédonie.
NÉMOUARÉ, Yasmina, 2003. Proposition d’écriture et lexique du haméa (Kouaoua). Nouméa, Agence de Développement de la Culture Kanak, Programme 2003 de collecte des traditions orales de l’aire xârâcùù.
OSUMI, Midori, 1995. Tinrin Grammar. Honolulu, University of Hawai’i Press, Oceanic Linguistics Special Publication n°25.
PILLON, Patrick, 2002. « Cérémonies de l’igname nouvelle, intégration sociale, modalités binaires et ternaires en pays Mèa (Nouvelle-Calédonie) », Journal de la Société des Océanistes 114-115, 129-140.
Liens internet
Article sur le tîrî, sur le site Corpus de la parole de la DGLFLF.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org