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Le gallois
Données sur la langue galloise
Noms alternatifs : Cymraeg (autodénomination), Welsh (en anglais)
Aire géographique : La majorité des locuteurs se trouvent au Pays de Galles, Royaume-Uni. La langue est aussi parlée par la diaspora galloise, principalement en Angleterre, mais aussi aux Etats-Unis, au Canada et en Patagonie Argentine.
Au Pays de Galles, on trouve plus facilement des locuteurs dans les zones rurales de l’ouest et du nord que dans les grandes villes et dans le sud-est plus industriel, même si le nombre de locuteurs à Cardiff (Caerdydd) et à Swansea (Abertawe) a tendance à augmenter sensiblement.
Principaux dialectes : On distingue communément deux grands ensembles dialectaux : le gallois du nord (familièrement appelé Gog) et le gallois du sud (plus familièrement Hwntw). Cette distinction traditionnelle, très marquée dans les représentations, ne correspond que partiellement à la réalité linguistique du Pays de Galles. Le dialecte du Gwynedd, dans le nord-ouest du pays, reste cependant relativement distinct des autres dialectes.
Classification : famille des langues indo-européennes, sous-famille des langues celtiques, branche brittonique.
Même si les langues celtiques appartiennent à la grande famille des langues indo-européennes, elles forment un ensemble distinct des langues majoritaires en Europe occidentale, telles que les langues romanes (français, espagnol, italien, etc.) ou germaniques (anglais, allemand, hollandais, etc.).
Le gallois appartient à la même branche (brittonique) des langues celtiques que le breton ou le cornique (langue celtique de Cornouailles). Il est plus éloigné des langues de la branche gaélique (comme l’irlandais, le gaélique écossais et le mannois).
Nombre de locuteurs : il y a 611 000 locuteurs au Pays de Galles selon le « Welsh Language Use Survey » de 2004. Ce chiffre ne reflète cependant pas forcément le nombre de locuteurs avec un bon niveau de compétence dans la langue. La moitié environ (315 000) de ces locuteurs considère qu’ils parlent « couramment » gallois et 66% (363 000) déclarent l’utiliser quotidiennement.
Il convient de préciser qu’il n’y a théoriquement plus de locuteurs monolingues ; tous les locuteurs sont bilingues gallois/anglais. On notera cependant pour l’anecdote que dans le nord du pays particulièrement, de nombreux enfants sont monolingues en gallois jusqu’à l’âge de 6 ans.
Il est difficile d’estimer le nombre de locuteurs hors du Pays de Galles. Les Nations Unies estiment le nombre de locuteurs en Angleterre à environ 150 000 personnes. Au Canada et aux USA le nombre de locuteurs n’excèderait pas les 5000 personnes au total, la communauté galloise immigrée ayant, généralement, abandonné la langue. Il faut noter qu’une bonne partie de la toponymie de Philadelphie est galloise (par exemple Brynmawr). En Argentine, une communauté galloise a migré à la fin du 19ème siècle et s’est installée au sud de la Patagonie, dans la province de Chubut. Leurs descendants sont estimés à 50 000 personnes, mais le nombre de locuteurs de gallois n’est pas connu. L’ethnologue (16ème édition) estime le nombre de locuteurs bilingues gallois/espagnol en Argentine à 25 000 personnes, mais ce chiffre apparaît très exagéré, la réalité est probablement moindre.
En prenant en compte les divers niveaux de compétences, il est donc possible que le nombre total de locuteurs de gallois dépasse les 700 000.
Statut de la langue : Langue officielle au Pays de Galles, au même titre que l’anglais. Les services publics doivent être proposés dans les deux langues, et de nombreuses entreprises privées proposent également des services dans les deux langues.
L’Assemblée galloise (Y Cynulliad), instituée en 1999, fonctionne entièrement dans les deux langues.
Le Welsh language board (Bwrdd yr Iaith Gymraeg) est l’organe officiel de promotion et de régulation de la langue galloise. Il a été crée suite au Welsh language act de 1993. Le but des institutions galloises est de créer, au Pays de Galles, une société bilingue équilibrée.
Reconnu comme langue régionale par la Grande-Bretagne qui a ratifié la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.
Médias : Il existe plusieurs radios en gallois (dont BBC Radio Cymru, disponible en ligne), ainsi qu’une chaîne de télévision galloise, S4C. Ainsi que plusieurs magazines hebdomadaires (comme Y Cymro) et mensuels (comme Barn, mensuel de grande qualité éditoriale) et plusieurs petits journaux locaux.
La langue est relativement bien représentée sur internet.
Enseignement : Des études ont prouvé que l’abandon de la langue était directement corrélé au niveau de connaissance de la lecture et de l’écriture en gallois. Moins un locuteur de gallois était lettré plus il avait tendance à abandonner la langue au profit de l’anglais. L’éducation a donc été très vite considérée comme un élément déterminant du maintien du gallois. L’inversion de la tendance au déclin à partir des années 1990 est directement liée au développement de l’enseignement du et en gallois.
Au Pays de Galles il est désormais possible pour des enfants de suivre une éducation entièrement en gallois. Environ 20% des écoles dispense leur enseignement exclusivement en gallois, 12% des écoles sont bilingues à différents niveaux et près de 50% dispense des cours de gallois langue seconde. L’enseignement en gallois est également très développé dans l’enseignement secondaire et universitaire.
Il existe une bonne offre de formations en gallois langue seconde, pour les adultes migrants ou les anglophones.
Vitalité et transmission : Le gallois présente une situation paradoxale. L’UNESCO le considère comme une langue « menacée ».
Cependant le recensement britannique de 2001 a fait apparaître une progression dans le nombre de personnes déclarant savoir parler le gallois. Déjouant la plupart des prédictions, il paraît évident aujourd’hui que le gallois est en bien meilleure position qu’il y a un siècle. En ce sens c’est un cas exemplaire en Europe, presqu’unique.
Néanmoins, l’étude des cartes linguistiques fait apparaître que la transmission familiale est en déclin dans les zones traditionnelles de la langue, alors que la transmission scolaire progresse dans les zones plus anglicisées, notamment à Cardiff.
Alors même si le nombre absolu de locuteurs progresse, même si les représentations du gallois connaissent, depuis 20 ans, une évolution globalement positive au sein de la population du Pays de Galles, et même si les institutions galloises font montre de détermination, d’inventivité et mette des moyens importants pour permettre l’accroissement de l’espace de la langue dans le domaine public, la « minorisation » du gallois vis-à-vis de l’anglais se poursuit. Le « bilinguisme équilibrée » reste un but loin d’être atteint et la vitalité du gallois reste précaire.
Sur ce sujet, voir l’article de James Costa-Lynch pour le blog de Sorosoro.
Précisions historiques
On considère généralement que le gallois a émergé en tant que tel autour du 6e siècle de notre aire. Il est issu du brittonique (ou breton) parlé en Grande-Bretagne à l’époque romaine, et il incorpore nombre d’emprunts au latin. L’aire linguistique galloise était alors beaucoup plus étendue qu’aujourd’hui, jusqu’au sud de l’Ecosse, nord de l’Angleterre (Cumbrie). La domination anglo-saxonne, puis normande, sur l’Angleterre a progressivement confiné le gallois au Pays de Galles, le repoussant toujours plus vers l’ouest. Les variantes brittoniques d’Ecosse ont disparu au 12e siècle. Le gaélique écossais est quant à lui relié à l’irlandais importé d’Irlande aux 3e et 4 siècles.
On pense que la « matière de Bretagne », à l’origine des romans du Graal, était à l’origine écrite en gallois.
La Tradition littéraire et poétique galloise est très importante, elle remonte aux bardes (bardd, pl. beirdd), érudits et lettrés. Cette tradition littéraire a donné lieu à une forme écrite du vieux gallois et, ensuite, a une forme standardisée que l’on retrouve à travers le Moyen âge comme langue d’administration et langue juridique.
Les Actes d’Union de l’Angleterre et du Pays de Galles en 1536 et 1542 imposent l’usage officiel de l’anglais dans tout le Royaume-Uni. A partir de cette période le statut des locuteurs de gallois et de la langue ont décliné jusque dans les années 1960. Le gallois a particulièrement souffert, au 19ème siècle, de l’immigration économique anglophone, lié au développement industriel du sud-est et du nord-est du Pays de Galles. Au cours du 19ème siècle la population anglophone monolingue au Pays de Galles a été multipliée par 7 !
Au début des années 1870, on estime qu’environ 75% de la population du Pays de Galles parlait gallois. En 1895 ce chiffre était tombé à 50%. En 1971 20.8% de la population parlait la langue, 19% en 1981, 18.7 % en 1991 …
A partir des années 60, cependant, de nombreuses luttes, menées en particulier par l’écrivain Saunders Lewis, ont permis la mise en place de lois linguistiques favorables aux galloisants et à la langue galloise de regagner un petit peu le prestige et l’intérêt qu’elle avait perdu.
Précisions ethnographiques
La poésie occupe encore aujourd’hui une place centrale dans la vie en langue galloise, et des Eisteddfodau sont organisés à travers tout le pays pour désigner les meilleurs chanteurs, poètes, harpistes, localement ou nationalement. L’Eisteddfod national est organisé par la Gorsedd des Druides, Bardes et Ovates de l’Ile de Bretagne.
Précisions linguistiques
On dit souvent que les Bretons et les Gallois se comprennent. Il s’agit là d’un mythe linguistique qui a la vie dure. S’il est vrai qu’il est relativement aisé pour un brittophone ou un galloisant de reconnaître de nombreux mots de vocabulaire dans l’autre langue, l’intercompréhension n’est pas pour autant immédiate. Comparer par exemple le mot pour désigner la mer : Y môr (gallois) / Ar mor (breton) avec la phrase pour exprimer la fatigue : Rwy’n flinedig (gallois) / Skuizh on (breton).
Extraits
Extrait d’un article sur le gallois :
«Aelod o’r gangen Frythonaidd o’r ieithoedd Celtaidd a siaredir yn frodorol yng Nghymru, gan Gymry a phobl eraill ar wasgar yn Lloegr, a chan gymuned fechan yn Y Wladfa, yr Ariannin yw’r Gymraeg. Yng Nghyfrifiad y DU, darganfu fod 19% (562,000) o breswylwyr Cymru (tair blwydd a throsodd) yn gallu siarad Cymraeg. O’r ffigwr yma, darganfu fod 77% (431,000) yn gallu siarad, darllen, ac ysgrifennu’r iaith; dywedwyd 73% o breswylwyr Cymru (2.2 miliwn) fod dim sgiliau yn y Gymraeg ganddynt. Gellir cymharu hwn â chyfrifiad 2001, a ddarganfu fod 20.8% o’r boblogaeth yn gallu siarad Cymraeg, gyda 57% (315,000) o’r ffigwr yma yn dweud eu bod yn rhugl yn yr iaith.» (Source)
Extrait audio :
Quelques liens pour en savoir plus
Bibliographie
Ball, Martin J & Müller Nicole (eds). 2009. The Celtic Languages, 2nd Edition. London, Routledge
Costa-Lynch James, Le Gallois de Poche, Assimil, 2005.
Pamela Petro, Travels in an Old Tongue: Touring the World Speaking Welsh, Flamingo, réédition 2009. Ce livre raconte comment l’auteur a voyagé dans le monde entier en utilisant le gallois.
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