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Le gaélique écossais
Page crée par Adam Dahmer, 2017.
Données sur le gaélique écossais
Noms de la langue : Gàidhlig.
Noms alternatifs : Gaélique, Gaélique écossais, Scottish Gaelic, Scots gaelic, Scotch gaelic, Erse (péjoratif).
Classification: Langue indo-européenne, de la branche Goidelic des langues celtiques.
Aire: Traditionnellement parlé en Écosse, plus particulièrement dans les Highlands. De nos jours, ce sont les îles Hébrides extérieures qui sont considérées comme le cœur de la culture gaélique, bien qu’au moins la moitié des locuteurs de cette langue vivent désormais dans les zones urbaines de la ceinture centrale écossaise. En dehors de l’Écosse, la deuxième communauté de locuteurs de gaélique la plus importante réside en Nouvelle-Écosse, à l’est du Canada, en particulier dans la région du Cap Breton.
Nombre de locuteurs : Le nombre de locuteurs est d’environ 60,000, dont 56,000 vivent en Écosse.
Statut de la langue : Le gaélique est reconnu comme langue nationale d’Écosse, elle est même la langue d’enseignement dans certaines écoles du pays. Elle est également enseignée en Nouvelle-Écosse mais n’y est pas une langue officielle.
Vitalité et transmission : Bien que le gaélique ait été parlé à travers toute l’Écosse durant le Moyen Âge, la tendance s’est considérablement inversée depuis. Aujourd’hui, la langue est surtout parlée dans les îles Hébrides, et au sein de petites communautés dans les villes de Glasgow, Inverness, Edinburgh, et dans une moindre mesure à Aberdeen. Une importante communauté de locuteurs vit en Nouvelle-Écosse, au Canada, descendant de l’émigration écossaise des XVIII et XIXème siècle. Les locuteurs du gaélique vivent et travaillent un peu partout en Écosse, voire dans le monde, mais ne cherchent que rarement à transmettre la langue à leurs enfants. Malgré l’émigration massive d’Écossais à travers le monde vers les diverses colonies britanniques de l’époque, l’est du Canada est le seul endroit qui a su garder une communauté active de locuteurs natifs jusqu’à nos jours.
A partir du XVIème siècle, la langue a été associée aux Highlands à tel point que désormais, le mot gaélique « Gàidhealtachd » signifie à la fois« région où l’on parle gaélique » et « Highlands ». Pourtant, le nombre de locuteurs dans cette région a chuté de manière dramatique durant ces derniers siècles, d’une part à cause d’une pression politique et économique imposant d’adopter la langue anglaise, et d’une autre part à cause de la dépopulation qui a suivi l’épisode des « Highland Clearances » (ou « expulsion des Gaëls », épisode pendant lequel de nombreux écossais ont été expulsés de chez eux et forcé d’émigrer ailleurs qu’en Écosse). En conséquence de cela, la majeure partie des Highlands est désormais anglophone. Une revitalisation à grande échelle du gaélique est en cours depuis les années 70, en particulier à l’université gaélique Sabhal Mòr Ostaig, une composante de l’Université des Highlands située sur l’île de Skye.
Le gaélique écossais est aujourd’hui la langue principale de la chaîne de télévision écossaise BBC Alba, ainsi que celle de la station de radio BBC Radio nan Gàidheal. Malgré son statut de langue nationale de l’Écosse, accordé par le parlement écossais en 2005, et le fait qu’il soit possible de l’étudier dans une grande majorité de’écoles et d’universités du pays, le gaélique reste une langue sévèrement en danger. Bien que son déclin ait ralenti et puisse même se stabiliser grâce au nombre croisant d’apprenants, le taux de transmission intergénérationnelle continu de décroitre. La langue a beau se frayer un chemin dans les zones urbaines et dans la culture populaire, les zones où autrefois elle prospérait sont maintenant au bord de crises économiques et sociales qui ne permettent pas à la langue de survivre dans de bonnes conditions.
En outre, certains spécialistes ont exprimé des doutes sur la capacité des apprenants à reproduire de manière correcte la grammaire et la phonologie de la langue, et sur le fait qu’ils veuillent utiliser la langue en dehors du domaine académique. Beaucoup sont aussi préoccupés par la disparitions de leur dialecte, certains d’entre eux n’ayant plus qu’une poignée de locuteurs.
Médias / Littérature : La chaîne de télévison BBC Alba et la station de radio BBC Radio nan Gàidheal utilisent le gaélique dans une grande partie de leurs programmes. La langue est très utilisée sur les médias sociaux et dispose de deux importants dictionnaires en ligne : faclair.com et learngaelic.net
En ce qui concerne la littérature, le gaélique écossais peut se vanter d’avoir une des traditions littéraires les plus vieilles d’Europe – un héritage qu’il partage avec le gaélique irlandais, étant donné que les deux langues utilisaient le même alphabet jusqu’au XVIIème siècle. En plus de cette tradition littéraire portée par les manuscrits médiévaux, le gaélique est connu pour sa tradition poétique enrichie par le travail des bardes locaux tels que Donnchadh Bàn Mac an t-Saoir, Alasdair mac Mhaighstir Alasdair, Somhairle MacGill-Eain, Meg Bateman, et Mark Spencer Turner.
La Bible a été traduite en gaélique écossais par le Révérend Robert Kirk en 1690, et la version gaélique des psaumes est utilisée aujourd’hui comme partie intégrante des messes dans certaines communautés. Depuis les années 2000, de plus en plus de romans en gaélique ont vu le jour, en grande partie grâce à la maison d’édition CLÀR. Le premier roman de science-fiction écrit en gaélique, « AirCuan Dubh Drilseach » par Dr. Timothy Curry Armstrong, a été publié en 2013.
Enseignement : Le gaélique peut être étudié dans de nombreux cursus, primaires et secondaires, dans toute l’Écosse, et de plus en plus de gens expriment leurs souhaits de voir ces cursus disponibles dans encore plus d’écoles. Beaucoup d’universités, comme celles d’Aberdeen, Glasgow, Edinburgh, l’université des Highlands and l’université St Francis Xavier de Nouvelle-Ecosse offrent des cours de et en gaélique. Le Sabhal Mòr Ostaig college, offre également un apprentissage immersif du gaélique et une formation diplômante dispensée intégralement en gaélique.
Précisions historiques / ethnographiques / sociolinguistiques
La minorisation du gaélique a commencé dès le XIIIème siècle. Les raisons de son déclin sont diverses, et parmi elles on peut mentionner l’influence grandissante du gouvernement britannique anglophone sur les affaires écossaises à la fin du Moyen Âge; les échanges commerciaux de plus en plus important avec l’Angleterre (qui a vu l’évolution de la langue de l’époque, l’anglais moyen, se transformant petit à petit en scots, une autre langue minoritaire d’Écosse); l’union des nations en 1603; les soulèvements jacobites des années 1700 à cause desquels le gaélique a été associé à l’idée d’insurrection; le fait que la plupart des communautés parlant le gaélique vivent dans des zones rurales et pauvres; l’épisode des Highland Clearances, où des centaines de milliers d’Écossais ont été expulsés de leurs demeures et ont été contraints d’émigrer vers des régions ne parlant pas le gaélique; ou encore le Scottish Education Act de 1872, texte de loi qui faisait uniquement mention de l’anglais comme langue d’éducation en Écosse.
Face à une telle adversité, le fait que le gaélique ait survécu jusqu’à nos jours est une preuve de la détermination de ses locuteurs à vouloir conserver leur héritage linguistique.
Observations linguistiques
Le gaélique écossais est très proche des autres langues gaéliques (ou « goïdéliques »), l’irlandais et le mannois, à tel point que de nombreux locuteurs considèrent les trois langues comme étant très fortement intercompréhensibles. Le gaélique écossais partage également de nombreuses similarités avec ses cousins le breton, le cornique et le gallois, bien que ces ressemblances se situent surtout au niveau de la structure grammatical et dans un petit pourcentage de mots du vocabulaire. Le gaélique n’est donc pas intercompréhensible avec ces autres langues celtiques.
Les particularités notables du gaélique écossais du point de vue linguistique sont la pré-aspiration de certaines consonnes, la mutation des consonnes initiales et l’ordre des mots verbe-sujet-objet. Ces deux derniers phénomènes se retrouvent dans les langues celtiques en général, mais le premier est une particularité de la prononciation du gaélique écossais.
Extrait
Sources/ Bibliographie Complémentaire/ Liens pour en savoir plus :
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