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Le baynunk
Page réalisée par Sokhna Bao-Diop, doctorante à l’INALCO rattachée au LLACAN, 2010.
Données sur la langue baynunk
Noms alternatifs : Banyum, Banyun, Bagnoun, Banhum, Bainuk, Banyuk, Banyung, Elomay, Elunay, Ñuñ
Classification : famille Niger-Congo, branche atlantique nord
Le baynunk est une langue atlantique parlée au sud du Sénégal, au nord de la Guinée Bissau et en Gambie voisine. Il est classé dans l’ensemble ‘Nyun-buy ’ (selon Ethnologue) – qu’il partage avec le buy (la langue de l’ethnie cobiana) – de la famille Niger-Congo.
Aire : Bignona, Tobor et Niamone, nord de Ziguinchor (Ethnologue)
Principaux dialectes : données tirées du travail de recherche de DEA de Noël-Bernard Biagui sur le dialecte gúbaher.
Le baynunk est une langue à plusieurs variantes dialectales :
– Le gujaher du kassa
Il est parlé dans les secteurs suivants :
a)-du nord kassa : zone de Guidel, Niadiou, Samick, Bilass, Goonum, Kaour, goudomp, Singher baynunk, Añack, Sinedone, Adéane Djifanghor Bissine, etc.
b)-de la Guinée Bissau : les zones de Jegui, Sonck et Tudenghal.
– Le guñuun de l’est et du nord
Il est parlé notamment dans les zones suivantes :
a)-région du Bujé et Yassin (secteur du Balantacounda),
b)- région du Mancana (en Gambie),
c)-région du Bounkiling ( Tobor sonkondu) et
d)-région du Pakao (dans le Sédhiou)
– Le guñuun de l’ouest de la Casamance
Il est parlé dans les secteurs suivants :
a)-secteur de Niamone et de Bourofaye baynunk (dialecte dit guñaamolo),
b)-secteur de Tobor au sud de Niamone (dialecte dit guñuun),
c)-secteur de Ziguinchor et de Djibélor (dialecte dit gubeloor),
d)-secteur de Djibonker- Brin (dialecte dit gúbaher) ce dialecte fait l’objet du présent travail.
– Le parler de Djibonker
Il est parlé dans la partie ouest de Ziguinchor, plus précisement à Djibonker. Situé dans l’arrondissement de Nyassia, communauté rurale d’Enampor, le baynunk parlé dans cette localité est communément appelé par les autochtones gúbaher.
Nombre de locuteurs : 6.220 locuteurs au Sénégal en 2006. (Ethnologue).
Statut de la langue :
Depuis les années 1970, la Direction de la Promotion des Langues Nationales (DPLN) perpétue le travail de promotion des langues vernaculaires par codification, faisant d’elles des langues nationales. Chaque année une langue bénéficie de ce système de codification.
Actuellement, en plus des six premières langues anciennement codifiées, on compte au total 17 langues codifiées. Le baynunk occupe la 15ème place depuis 2005, et a été l’objet d’une étude qui a fait que cette langue se dote maintenant d’une orthographe.
Cependant, les langues minoritaires, même codifiées, ne bénéficient pas des mêmes avantages que les six premières qui ont fait, jusqu’ici, l’objet de nombreux travaux.
Le baynunk fait partie de ces langues qui sont très peu décrites.
Vitalité et transmission :
Selon Sokhna Bao-Diop la transmission se fait à moitié en zone urbaine. À Dakar, par exemple, dans certaines familles les enfants ne comprennent pas le baynunk, ou s’ils arrivent à comprendre, ils ne le parlent pas couramment. Les locuteurs de baynunk ont tendance à rejoindre de plus en plus les centres urbains pour chercher du travail, ou, pour les jeunes, pour poursuivre leur éducation.
Selon Sokhna Bao-Diop, vu le nombre de locuteur, le baynunk au Sénégal présente des caractéristiques figurant parmi les six facteurs qui ont été définis par l’UNESCO et qui permettent d’identifier les « langues en danger ».
Médias et diffusion
Il existe des émissions radio en langue baynunk à la RTS (Radio Télévision Sénégalaise).
Le baynunk n’est pas encore introduit dans l’enseignement.
Il n’existe pas d’écrits en baynunk mis à part des manuels d’initiation à la lecture (établis par les missionnaires de la New Tribes Mission), utilisés durant les campagnes d’alphabétisation.
Précisions ethnographiques
D’où viennent les Baynunk?
Les origines des Baynunk sont encore mal connues. Cependant, les Baynunk eux-mêmes affirment constituer le peuplement le plus ancien de la Casamance. Ils affirment que leurs ancêtres sont venus de l’Est, chassés par les Malinkés ce qui les a obligés à venir s’installer en Casamance. Les Malinkés les appellent « Abaynunko » ce qui signifie « celui qui a été chassé et cherche refuge ». Le mot abaynunko s’analyse comme suit : abay (celui qui a été chassé) et nunko (celui qui cherche un refuge).
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org