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Le baka
Page réalisée en collaboration avec Pascale Paulin, Université de Lyon – Laboratoire DDL, 2009.
Données sur la langue baka
Noms alternatifs :
Babinga, Bibayak, Bayaka, Bibayaka, Bibaya, Bebayaga, Bangombe.
Classification : Famille Oubanguienne, groupe Sere-Ngbaka-Mba
Dialectes et variantes :
Il existe plusieurs variétés du baka, bien qu’il y ait une bonne intercompréhension entre les différents locuteurs. Chacune de ces variétés est fortement influencée par la langue des populations voisines (par exemple le fang, au Gabon)
Aire :
Zone forestière équatoriale du bassin du Congo dans la zone frontalière entre la République Centrafricaine, le sud-est du Cameroun, le nord-ouest de la République Démocratique du Congo, le nord Congo, et le nord-est du Gabon.
Nombre de locuteurs :
Il est difficile d’avoir des chiffres précis, une estimation grossière tournerait autour de 50 000 locuteurs dans l’ensemble des pays concernés. Le groupe le plus important, localisé au Cameroun, est estimé à environ 30 000 individus.
note : estimation donnée par Pascale Paulin, de l’Université de Lyon – Laboratoire DDL.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Vitalité et transmission :
La transmission intergénérationnelle est bonne, la plupart des locuteurs sont bilingues avec la langue majoritaire de la région. Mais le statut fortement dénigrée de l’ethnie Baka, l’acculturation qui menace les populations proches des zones urbaines, l’extension de celles-ci, les mariages interethniques, la sédentarisation souvent imposée et la dégradation du milieu forestier font que la population baka dans son ensemble est en grand danger.
Médias et diffusion :
La langue baka n’étant pas reconnue officiellement, elle ne jouit d’aucune diffusion médiatique. Il existe néanmoins quelques programmes scolaires, généralement à l’initiative de communautés religieuses, prônant l’éducation bilingue (apprentissage, de la lecture entre autres, en langue maternelle les premières années). Il s’agit notamment des méthodes ORA (Observer Réfléchir Agir) au Cameroun et Rapidolangue (Fondation Raponda Walker) au Gabon.
Un projet de radio pour les populations forestières est en train de se mettre en place au Congo mais cela ne concerne pas directement les Baka pour le moment, même s’il s’agit de communautés de chasseurs-cueilleurs.
Précisions ethnographiques
Les Baka font partie des populations de chasseurs-cueilleurs (CC), généralement appelées « Pygmées » (terme aujourd’hui péjoratif, nous lui préférons celui de CC) ou « Peuples de la forêt ». Leur mode de vie est traditionnellement nomade dans un milieu de forêt tropicale où ils puisent la majeure partie de leurs ressources ; les échanges commerciaux avec les agriculteurs voisins leur fournissant le reste (fer, ustensiles de cuisine, textiles, etc.). Beaucoup de Baka pratiquent aujourd’hui l’agriculture du fait d’un changement de mode de vie et leurs rapports avec leurs voisins se sont peu à peu dégradés. Ils sont régulièrement victimes de discrimination.
La déforestation et l’exploitation du sous-sol, la disparition du gibier due au braconnage et la création de parcs nationaux où les Baka n’ont souvent plus le droit de puiser tous types de subsistance, amènent une partie de la population à migrer vers les centres urbains où ils sont peu adaptés, maltraités, sous-payés, et globalement dénigrés. Les Baka sont considérés au plus bas de l’échelle sociale. A cela s’ajoute, dans certains pays, une politique de sédentarisation forcée de cette population.
Le mariage interethnique avec les populations villageoises se développe, d’une part, parce que la dot des femmes baka est peu élevée et d’autre part, les familles de CC voient dans le mariage mixte une occasion de s’élever socialement.
Paradoxalement, et bien que dénigrés, les Baka sont renommés pour leur connaissance de la faune et de la flore, et surtout pour leur médecine et leur pharmacopée traditionnelles.
Précisions linguistiques
La population baka est une des seules populations de chasseurs-cueilleurs dont la langue n’est pas une langue bantu. On suppose que tous ces peuples ont adopté, à un moment ou à un autre, une langue de leurs voisins proches actuels ou anciens. Ainsi le baka est une langue sœur du ngbaka ma’bo.
Quelques mots en baka…
bébé : [díndó]
enfant : [là]
femme : [wɔ́sɛ̀]
homme : [múkɔ́sɛ̀]
eau : [ŋgō]
forêt : [bēlē]
hutte sphérique : [mɔ́ŋgūlū]
Bibliographie
Bahuchet Serge (1989), Les Pygmées aka et baka. Contribution de l’ethnolinguistique à l’histoire des populations forestières d’Afrique Centrale, Thèse de Doctorat d’Etat, Université René Descartes Paris V.
Brisson Robert & Daniel Boursier (1979), Petit dictionnaire Baka-Français, Douala (non publié).
Joiris Daou Véronique (1998), La chasse, la chance, le chant. Aspects du système rituel des Baka du Cameroun, Thèse de Doctorat en Sciences Sociales, Université Libre de Bruxelles.
Paulin & al. (2009), Analyse de situation sous-régionale sur la problématique des « peuples autochtones » en Afrique centrale, UNICEF.
Paulin Pascale (2007), « The Baka of Gabon: the Study of an Endangered Language and Culture », proc. of FEL XI, Working Together for Endangered Languages: Research Challenges and Social Impacts, Kuala Lumpur, Malaysia, 26-28 October 2007, David, M., Ostler, N. & Dealwis , C. (eds), University of Malaya, pp. 163-171 [PDF disponible en ligne].
Thomas Jacqueline M.C. (1977), « La structure du vocabulaire botanique chez les Ngbaka-ma’bo » in Calame-Griaule G., Langage et cultures africaines. Essais d’ethnolinguistique, Paris : Maspero, pp.37-51.
Liens
Page de Pascale Paulin, linguiste travaillant sur le baka du Gabon, sur le site du laboratoire DDL, où certains articles sont disponibles en pdf
Pages de Laurent Maget sur le baka : Laurent Maget a réalisé, pour le compte du CNRS, un reportage sur la langue baka et le travail de Pascale Paulin (consultable en ligne).
Site de l’association Edzengui Minvoul, pour la valorisation de la culture baka.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org