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Innulamane / Le faucon, par Moussa Ag Keyna, du groupe Toumast
Les Touaregs se sont beaucoup battus pour une meilleure reconnaissance de leurs droits et de leur culture, des conflits qui se sont officiellement terminés au Mali en 1992 et au Niger en 1995.
Dans la continuité de ces combats, plusieurs groupes de musique touarègue, ou ishumar, se sont constitués, dont le premier a été Tinariwen. Ces groupes reprennent des lignes mélodiques traditionnelles et y posent des paroles souvent plus militantes qui racontent leur mode de vie et appellent à la mobilisation de la jeunesse.
C’est dans les années 90 que se crée le groupe Toumast, autour de Moussa Ag Keyna. Celui-ci sort de plusieurs années de lutte et de maquis, et est évacué vers la France, grièvement blessé. Avec Aminatou Goumar, il enregistre un premier album, puis un deuxième, évoquant la vie nomade, l’amour, l’exil, la lutte des Touaregs et les désillusions.
Nous vous proposons quelques unes de ces chansons, chantées en solo par Moussa Ag Keyna qui s’accompagne à la guitare. Et la première, intitulée « Le faucon », raconte la nostalgie de la vie du désert…
Écouter une autre chanson en tamasheq : Tallyatt idaght (« Cette fille »)
Écouter une autre chanson en tamasheq : Kik ayittma (« Hé ! Mes frères ! »)
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Image & son : Arnaud Contreras
Traduction : Moussa Ag Keyna
Montage : Caroline Laurent
Pour en savoir plus sur le groupe Toumast : Site officiel, Facebook, Myspace, Real World Records.
Pour écouter une chanson du groupe
Pour rappel : le tamasheq (ou tamajeq ou tamaheq, des dérivés du mot tamazight), est parlé par les Touaregs, un peuple nomade que l’on trouve dans des régions désertiques d’Afrique du Nord depuis des millénaires, sur une vaste zone qui va du Mali à la Libye et du Burkina Faso à l’Algérie en passant par le Niger. On compte environ 1 million de locuteurs de tamasheq.
Tout comme le kabyle, le chaoui ou le rifain, le tamasheq est en fait une des variantes du berbère (ou tamazight), un groupe de langues présentes dans toute l’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte, Niger, Mauritanie, Mali et Burkina-Faso), sans compter une importante diaspora en Europe et en Amérique. Au total, on estime à plus 45 millions le nombre de berbérophones.
Une des particularités de la langue berbère est son écriture. Un alphabet, appelé tifinagh, existe en effet depuis le premier millénaire avant l’ère chrétienne, et malgré sa quasi-disparition dans le nord où il a été supplanté par les alphabets latin et arabe, il n’a jamais cessé d’être utilisé par les Touaregs. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, une version moderne, d’abord lancée par l’Académie Berbère, puis modifiée par des linguistes pour un faire un standard applicable à tous les parlers, est, à l’heure actuelle, largement utilisée dans le nord, et même officialisée au Maroc à partir de 2001. Cet alphabet, que l’on désigne sous le nom de néo-tifinagh, bien que suscitant l’enthousiasme dans le nord, est, toutefois accueilli avec réticence par les Touaregs.