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30 décembre 2010 : Le journal Le Monde publie un article sur un programme d’alphabétisation au Pérou qui favorise le bilinguisme
Après un article le 10 décembre dernier sur les « Explorateurs de langues », Le Monde continue de s’intéresser aux langues en danger. Une envoyée spéciale du journal, Chrystelle Barbier, a en effet effectué un reportage dans un village d’Amazonie péruvienne, où elle a pu constater la vitalité d’un programme d’alphabétisation bilingue intitulé Pronama (Programme national de mobilisation pour l’alphabétisation).
Lancé par le gouvernement du Pérou en 2006, Pronama était à l’origine un simple programme d’alphabétisation pour adultes, implanté d’abord dans les Andes avant d’être étendu au reste du pays. En 2008, les porteurs du programme décident de rendre bilingue cette alphabétisation, c’est-à-dire d’enseigner non seulement en langue espagnole mais également dans la langue maternelle des étudiants. Une information qui a son importance lorsqu’on sait que 4 millions de Péruviens (soit plus de 15% de la population) parlent une autre langue que l’espagnol : le quechua (ancienne lingua franca de la civilisation des Incas), l’aymara (langue des peuples de l’Altiplano), auxquels s’ajoutent plusieurs langues d’Amazonie (l’aguaruna-awajun, le shipibo, le huambisa et l’ashaninka). Les cours du Pronama sont ainsi dispensés d’abord en langue maternelle avant de glisser progressivement vers l’espagnol.
En termes de résultats globaux, Angel Velasquez, le directeur du programme, annonce plus d’1,6 million d’inscrits depuis son lancement, souvent dans des zones de pauvreté abandonnées aux guérilleros et aux narcotrafiquants. On y trouve logiquement une majorité de femmes, les trois quarts des illettrés au Pérou étant de sexe féminin.
L’article ne passe pas sous silence les difficultés rencontrées et évoque en particulier les réticences des populations locales, traumatisées par les années de terreur où ceux qui venaient de l’extérieur étaient les guérilleros du Sentier lumineux qui les exploitaient et les abusaient. En cela, le fait que les cours soient également donnés en langue maternelle est certainement un avantage puisque les populations le perçoivent comme une reconnaissance de leur culture et de leurs coutumes.
Au final, même si tous ne sortent pas du programme en sachant lire et écrire, cette initiative du Pronama aurait contribué à faire chuter le taux d’analphabétisme dans le pays de 11% à 6,5% en seulement 4 ans.
Lire l’article complet sur Le Monde.fr
Voir aussi sur le blog de Sorosoro la série sur l’éducation en langue maternelle