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03 mai 2010 : le Chef Raoni promet une radicalisation de la lutte contre la construction du barrage de Belo Monte (Brésil).
Raoni Metuktire, chef des indiens Kayapó du Brésil, est en visite en France pour promouvoir son livre « Mémoires d’un Chef Indien » paru aux Éditions du Rocher, dont la préface est signée Jacques Chirac. Rendu célèbre à la fin des années 80 par sa lutte pour la défense de la forêt amazonienne et soutenu par le chanteur Sting, Raoni alerte sans relâche les opinions internationales sur les maux qui affectent gravement son territoire : déforestation anarchique, pollution par les chercheurs d’or, développement de l’agriculture et barrages hydroélectriques.
Aujourd’hui, son combat reprend plus que jamais avec la nouvelle menace qui pèse sur son peuple : après vingt ans de controverses, la justice fédérale brésilienne a en effet autorisé le 16 avril la construction du barrage de Belo Monte. Celui-ci devrait devenir en 2015, date prévue de son inauguration, le troisième plus grand barrage hydroélectrique au monde, après ceux des Trois Gorges (Chine) et d’Itaipu (frontière entre le Brésil / Paraguay).
Une telle construction menace directement le territoire kayapó et ceux d’autres communautés indiennes : le barrage risque de provoquer l’inondation d’au moins 500 km2 en Amazonie, une catastrophe qui aurait comme conséquence le déplacement de plus de 20 000 personnes.
Au-delà de l’impact écologique et social, ce déplacement reviendrait à signer la fin de la culture et de la langue kayapó qui, comme les 16 ou 18 autres langues de la famille des langues macro-jê, est aujourd’hui considérée en danger de disparition. On estime en effet qu’il reste seulement entre 5000 (Aryon Rodrigues, 1999) et 7 266 locuteurs (UNESCO). S’ils disparaissent, c’est l’ensemble de leurs connaissances et savoirs-faires ancestraux qui seront perdus à tout jamais.
Dans un entretien diffusé dimanche dernier sur TF1, le chef indien a raconté comment il a pu observer sa vie durant la façon dont sa langue et sa culture ont été mis à mal par l’arrivée des « Blancs ». Il a même annoncé : « J’ai demandé à mes guerriers de se préparer à la guerre, j’en ai parlé aussi aux tribus du haut Xingu. Nous ne nous laisserons pas faire. ». Car, martèle-t-il avec raison, si la forêt amazonienne disparaît, les indiens Kayapó ne seront pas les seuls à y perdre. C’est toute l’humanité qui est concernée.
Pour en savoir plus rendez-vous sur le site de l’Institut Raoni