Nous allons au Guatemala, un des pays d’Amérique latine avec la plus grande proportion de population indienne (60 % de population maya) et la plus grande densité de locuteurs de langues amérindiennes (plus de 6 millions sur un territoire de 110 000 km²).

Le kaqchikel est une des 30 langues mayas (21 sont parlées au Guatemala et 9 au Mexique). Ses locuteurs vivent majoritairement dans la région volcanique du Chimaltenango, au centre-ouest du Guatemala, près du lac Atitlán.

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Qu’est-ce que le nouvel an maya?

L’une des volontés de notre équipe qui a tourné les vidéos sur la langue kaqchikel était de pouvoir assister à une cérémonie traditionnelle célébrant le nouvel an maya, qui tombait cette année précisément le 22 février 2009. L’équipe de Sorosoro a eu la chance unique de pouvoir la filmer.

Au cours de ce tournage, notre équipe a été reçue par B’alam Tija, qui a officié en tant que maître de cérémonie de ce nouvel an et nous a parlé de sa tristesse de voir la culture kaqchikel décliner auprès des plus jeunes générations.

La cérémonie a eu lieu près de Iximche’, ancienne capitale des Kaqchikel. Elle a duré toute la journée. Nous vous en présentons ici trois extraits, guidés par les explications de B’alam Tija, le maître de cérémonie.

La symbolique des couleurs dans la cérémonie du nouvel an maya

Les offrandes aux ancêtres dans la cérémonie du nouvel an maya

La prédestination dans la société maya

Linguiste : Nikte Sis Iboy
Image et son : José Reynès
Montage : Caroline Laurent

Le calendrier maya

Le peuple Maya a developpé 3 types de calendrier :

– le Choltun (le calendrier du Compte long),

– le Chol’ab’ (le calendrier solaire, de 365 jours)

– et le Cholq’ij (le calendrier sacré ou lunaire, de 260 jours)

Ces trois calendriers se combinent pour le calcul du temps.

Le nouvel an maya se fonde sur deux calendriers, le Chol’ab’ et le Cholq’ij.

1. Le Chol’ab’

Ce calendrier compte 18 mois de 20 jours, et un mois de 5 jours (18 x 20 + 5 = 365). Le mois commence le jour 0 et se termine le jour 19. En ce qui concerne le petit mois de 5 jours, il commence le jour 0 et se termine le 4.

Le premier mois de ce calendrier s’appelle Pop et le dernier, qui est aussi le petit mois, s’appelle Wayeb’. Par conséquent, l’année solaire commence le jour 0 Pop et finit le jour 4 Wayeb’.

1. Le Cholq’ij

Le Cholq’ij compte 20 jours qui se combinent avec 13 nombres (20 x 13 = 260).

Les noms des jours en kaqchikel sont : Imox, Iq’, Aq’ab’al, K’at, Kan, Kame, Kej, Q’anil, toj, Tz’i’, B’atz’, E, Aj, I’x, Tz’ikin, Ajmaq, No’j, Tijax, Kawoq et Ajpu’.

Ces jours se combinent avec les nombres de la manière suivante:

Jun (1) Imox,

Ka’i’ (2) Iq’,

Oxi’ (3) Aq’ab’al

… pour arriver jusqu’au Oxlajuj (13) Aj.

Quand on arrive au dernier nombre, le 13, on revient au nombre 1, en le combinant au jour qui suit. On a ainsi :

Jun (1) I’x,

Ka’i’ (2) Tz’ikin,

Oxi’ (3) Ajmaq

… jusqu’au dernier jour Wuqu’ (7) Ajpu’.

Puis on revient au premier jour (Imox), mais le décompte continue avec le chiffre 8:

Waqxaqi’ (8) Imox,

B’eleje’ (9) Iq’… et ainsi de suite.

Si l’on continue le décompte de cette manière, dès lors que l’on aura compté 260 jours, on arrivera à nouveau au Jun (1) Imox, et un nouveau cycle du calendrier de 260 jours démarrera alors.

1. Que sont les Mam, les “cargadores del Año”?

Parmi les 20 jours du calendrier Cholq’ij, il y en a 4 que l’on appelle Mam, les “Cargadores del Año”(ceux qui portent l’année).

Il y a plusieurs systèmes de “Cargadores de años”, utilisés dans les différentes régions maya, mais le plus courant est celui qui est intégré par les jours Iq’, Kej, E et No’j.

Ces “Cargadores de Año” sont ceux qui ont la responsabilité de porter, de protéger l’année qui leur correspond. C’est là que se combine l’année solaire avec l’année lunaire, parce que chaque “Cargador” est tenu de protéger l’univers pour 365 jours.

1. Le nouvel an maya

En résumé, le nouvel an maya est le jour 0 Pop. Ce jour-là, un nouveau “Cargador de Año” arrive : celui du jour 0 Pop. Celui de cette année est le Julajuj (11) Iq’, celui de l’an passé était le Lajuj (10) No’j ; celui de l’an prochain sera le Kab’lajuj (12) Kej, et ainsi de suite.

Le nouvel an maya ne coincide pas avec le calendrier grégorien. Régulièrement, il se situe dans les premiers jours d’avril. La date varie tous les 4 ans, à cause des années bissextiles du calendrier grégorien. Entre 2004 et 2007, le nouvel an maya est tombé le 4 avril ; entre 2008 et 2011 le 3 avril, entre 2012 et 2015 il tombera le 2 avril. Et ainsi de suite.

Il faut préciser qu’aujourd’hui la date de la cérémonie du nouvel an maya varie dans certaines régions. Sur l’Altiplano guatémaltèque, on le célèbre 40 jours avant la date à laquelle on le célèbre dans les plaines maya (nord du Guatemala, Honduras, Belize et Sud du Mexique), où on le célèbre en avril. Une des raisons de cette différence est que l’utilisation du calendrier se conserve seulement de manière orale depuis plusieurs siècles.

1. Le mois de Wayeb’

Pour les Mayas, le mois de Wayeb’, le dernier de l’année, est très important ; les 5 jours de ce mois sont des jours “réservés”, consacrés à la transition d’autorité ; on dit au revoir au Mam qui termine sa période et on se prépare à recevoir le nouveau Mam. Pendant cette période, on évalue tout ce qui s‘est passé au cours de l’année, le bon et le mauvais, tant au niveau personnel qu’au niveau de la communauté dans son ensemble. On présente des offrandes pour remercier et pour se nettoyer de tout le négatif de l’année.

Et on planifie pour la période suivante les objectifs à atteindre et la manière d’y parvenir. Les jours “réservés” se terminent le jour 0 Pop, jour où l’on reçoit la nouvelle année et le nouveau Mam. C’est une grande fête, une grande joie. Ce jour-là, on présente tous les projets au nouveau Mam et on lui demande de permettre leur réalisation. On demande sa protection, l’abondance pour les récoltes et les troupeaux. On demande beaucoup d’harmonie avec tous les éléments naturels et sociaux.