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Compte-rendu du Conseil scientifique de Sorosoro
Ce Conseil a permis de valider le lancement de la première phase du programme, à savoir le volet patrimonial de collecte et de préservation des langues et des cultures menacées. Une fois cette première étape réalisée, il sera possible de mettre en place les deux autres volets du programme, celui de la diffusion et de la vulgarisation par Internet, puis celui du soutien aux communautés autochtones.
Sorosoro en action
Direction le Gabon et le Guatemala !
Le Conseil a validé les tous premiers tournages du programme. Les équipes de Sorosoro débuteront donc leur œuvre de collecte audiovisuelle au Gabon et au Guatemala, dès février 2009.
Au Gabon, Sorosoro travaillera avec les chercheurs africanistes du Laboratoire Dynamique du Langage (DDL) à Lyon, ainsi que des linguistes et ethnologues de l’Université Omar Bongo et du CENREST (équivalent du CNRS français) à Libreville. Au Guatemala, le travail se fera en partenariat avec le centre OKMA (Oxlajuuj Keej Maya’ Ajtz’iib’), un centre de recherche et de documentation sur les langues mayas qui travaille sur le terrain depuis près de vingt ans.
Pour chacun de ces deux pays, les tournages s’étaleront sur deux ans, à raison de trois ou quatre sessions d’un mois dans l’année pour chaque pays. La première année permettra de tourner six langues au Guatemala et huit ou dix au Gabon. En deux ans, ce sont donc douze langues au Guatemala et une vingtaine au Gabon qui devraient être filmées.
Outre ces deux pays, Sorosoro envisage d’ores et déjà des projets à l’horizon 2010 au Sénégal, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. Deux autres pays retiennent également l’attention du Conseil : le Mexique et le Cambodge. Des équipes de chercheurs y ont en effet déjà réalisé un travail d’analyse suffisant des langues, condition essentielle pour que la collecte d’images soit efficace.
Avant le terrain, la méthode
Les tournages vont donc commencer, leur préparation est en cours et le premier départ se fera en février 2009. Mais, avant de se lancer dans la réalisation d’une base de données sur les langues et cultures en danger, il convenait de se donner une méthode : depuis quelques mois, des linguistes et ethnologues ont été mis à contribution pour élaborer une méthodologie de tournage, dont la dernière version a été validée par le Conseil. Ce document, « Comment filmer les langues en danger ? », passe en revue une liste de thèmes pertinents, tant sur le plan culturel que sur le plan purement linguistique, qui pourront être abordés dans tous les pays où des tournages sont envisagés.
Cette liste d’éléments, non exhaustive, est destinée à être commentée et complétée au fil du temps. Elle tente de répondre aux questions suivantes :
- Comment peut-on filmer une langue ?
- Comment en capte-t-on la substance ?
- Que faut-il filmer ?
- Qu’est-ce qui en fait un objet intéressant, tant sur le plan linguistique que culturel ? Quel est l’apport de telle ou telle langue au monde, pourquoi cette langue est-elle importante, précieuse ?
- Qu’est-ce qui en fait une chose singulière à laquelle nous avons envie de nous intéresser ?
La diffusion sur Internet : le deuxième volet du programme
L’un des objectifs de Sorosoro est de faire connaître ces langues et cultures menacées au grand public. C’est pourquoi, avec les images tournées dans chaque pays, des films courts seront réalisés et diffusés sur Internet, organisés par thématique : récits, rites, scènes de vie quotidienne…
Construire un réseau européen
Pour offrir une audience la plus large possible à ce patrimoine culturel et linguistique, Sorosoro souhaite instituer des partenariats forts. Des partenariats académiques sont déjà en cours de développement, il s’agit à présent d’élargir à d’autres organisations travaillant dans le même secteur, l’objectif étant la mise sur pied d’un réseau européen.
Une collaboration est envisagée en ce sens avec Vigdis Finnbogadottir, l’ancienne présidente de la République d’Islande. Aujourd’hui ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco pour les langues, elle travaille avec l’Université de Reykyavik à la création d’un Centre Mondial des Langues en Islande. Des contacts sont également pris avec le centre barcelonais Linguamon – Maison des langues, et avec la fondation Volkswagen à Hanovre.
En réunissant leurs forces, tous ces acteurs de la sauvegarde des langues auront plus de chances de mener à bien leurs actions respectives, et de faire connaître les enjeux de cet important pan de la diversité culturelle.