Imprimer |
L’italien
Données collectées par l’Union Latine qui œuvre à la mise en valeur de l’héritage culturel de ses 37 pays membres.
Données sur la langue italienne
Classification : indo-européenne, romane, italo-romane
Aire :Italie
Nombre de locuteurs : 62 millions
Chiffres DGLFLF, d’après une estimation de 1994. Les chiffres proposés par Breton (1994), 61 millions, confirment cette donnée. Campbell (2000) donne des chiffres équivalents : il y aurait 50 millions de locs. plus environ 10 millions répartis dans le monde. D’après Leclerc (2002), 87 % de la population parlerait italien, mais il ne serait la langue maternelle que de 30 millions d’Italiens. Pour Kramer (1983), l’italien serait la langue maternelle de 98 % d’Italiens. En 1990, une enquête de l’ISTAT ramène le chiffre de locuteurs capables de s’exprimer en italien à 85 %.
Dialectes et variantes
Les variétés de l’italien sont nombreuses et parfois très éloignés, ce qui explique que certains parlent de « langues italiennes ». L’italien « standard » s’est formé principalement à partir du dialecte toscan.
On peut distinguer:
• l’italien standard (toscan), le toscan vernaculaire…
• le napolitain, sicilien, campanien, calabrais, abruzzain, corse…
Statut de la langue :
Corse | Pas de statut officiel |
Italie | Officielle |
Malte | Pas de statut officiel |
Saint-Marin | Officielle |
Suisse | Officielle |
Institutions:
Société Dante Alighieri
Vitalité et transmission
L’italien standard n’est bien sûr pas une langue en danger, mais nombreuses variantes sont menacées (le calabrais, le sicilien, le corse, le vénitien, etc…)
Médias
Journaux, radio, télévision, édition, cinéma, bande dessinée, Internet
Précisions historiques et ethnographiques
- 960 : Placito Capuano (ou I placiti cassinesi), texte avec traits italiens au milieu du latin retrouvés vers Capoue.
- Xe s. : Existence d’une « école sicilienne » (Kramer 1983 : 302) mais dont les oeuvres ne connaissent pas un grand succès.
- XIIIe s. : Apogée de la poésie sicilienne autour du roi Frédéric II de Hohenstaufen.
- XIIIe s. : Des centres littéraires commencent à exister.
- 1303-1304 : Dante Alighieri (Florence 1265-1321) publie, en latin, De Vulgari Eloquentia ; il y préconise l’usage de la langue littéraire toscane pour en faire une langue poétique commune.
- 1310-1314 : La Divine Comédie de Dante.
- Pétrarque (1304-1374) imite Dante. C’est l’époque du « dolce stil nuovo » (« style doux et neuf »). Boccace (1313-1375), ami de Pétrarque, souligne le prestige du toscan.
- 1350-1353 : Boccace, Le Décameron, oeuvre majeure en prose.
- Les trois poètes Dante, Pétrarque et Boccace sont appelés en Italie « le tre corone », « les trois Couronnes ».
- XIVe s. : Le dialecte toscan commence à prédominer en raison de la position centrale de la Toscane en Italie.
- XVe s. : Regole della lingua fiorentina (« Les règles de la langue florentine »).
- XIVe et XVIe s. : Les grammaires commencent à reconnaître la prononciation, le vocabulaire et la syntaxe toscans comme le statut du discours italien.
- XVIe s. : Débat sur « la questione della lingua » (« la question de la langue »).
- 1516 : Publication d’une grammaire de l’italien par le Frioulan Fortunio.
- 1524 : Publication du De vulgari eloquentia de Dante.
- 1525 : Bembo, Prose della volgar lingua. Le livre III de cet ouvrage se présente comme une grammaire de l’italien, avec des références à Pétrarque et Boccace. Le Vénitien Pietro Bembo (1470-1547) veut promouvoir une langue « archaïque » toscane calquée sur les modèles littéraires de Dante, Pétrarque et Boccace. Baldassare Castiglione (1478-1529) et G. Trissino (1478-1550) souhaitent, eux, qu’un standard mixte mêlant divers éléments des différents dialectes se développe. Enfin, Claudio Tolomei et Niccolo Macchiavelli (1469-1527) veulent que l’usage soit basé sur le toscan moderne, et plus particulièrement du florentin.
- 1542 : Speroni, Dialogo delle lingue (qui sera plagié par Du Bellay pour sa Défense et illustration de la langue française).
- 1583 : Fondation de l’Accademia della Crusca, dont les dictionnaires font autorité en matière de langue. Cette Académie choisit de promouvoir la langue « archaïque » défendue par Bembo.
- 1612 : L’Accademia della Crusca publie le premier grand dictionnaire monolingue d’une langue « moderne » : Vocabolario degli Accademicci della Crusca.
- Le toscan s’impose dans les ouvrages de grammaire et en littérature, mais il ne parvient pas à s’imposer comme la langue de la communication générale, surtout auprès des élites.
- 1825-27 : I Promessi Spossi, 1ere version du roman de Manzoni en dialecte lombard.
- 1840 : I Promessi Spossi, 2eme version du roman de Manzoni « traduit » en toscan (florentin).
- 1859 : Loi Casati qui impose l’éducation en italien.
- 1861 : Unification politique italienne. Victor Emmanuel II est proclamé roi d’Italie.
- XIXe s. : La « question de la langue » se pose encore à propos de l’unification nationale de l’État italien. Deux camps s’opposent : le Milanais Manzoni (1785-1873) propose de baser la langue sur le florentin et de l’enseigner à tous les Italiens. Il se voit confier une commission sur le sujet en 1868. D’autres, comme les linguistes Caix, Graziadio Ascoli (1829-1907) et d’Oviedo, mais aussi l’écrivain Edmondo de Amicis, préfèrent laisser l’usage des dialectes, à la manière du modèle allemand.
- 1861-1961 : La forte politique d’alphabétisation de la population favorise l’unification linguistique.
- 1873 : Ascoli, Archivio glottologico italiano.
- Fin du XIXe siècle : L’italien (variété toscane) commence à s’étendre.
- 1904 : De Amicis, L’Idioma gentile.
- XXe siècle : Grâce à l’influence de la presse, de la radio et de la télévision, l’italien se consolide.
- Vers 1951, entre 10 et 18 % de personnes parlaient uniquement en italien. Les autres, c’est-à-dire l’immense majorité de la population italienne, utilisaient soit l’italien et un dialecte, soit étaient unilingues dans leurs dialectes respectifs (De Mauro et Lodi 1993: 5).
- 1950-1960 : « La nuova questione della lingua » implique notamment des artistes comme Pasolini (1922-1975).
- 1967 : Création de la Société italienne de linguistique.
- Aujourd’hui, l’influence de Rome se fait sentir au niveau de son accent perçu comme prestigieux. En Italie, on dit que parler italien, c’est parler la « lingua toscana in bocca romana » (« la langue toscane dans une bouche romaine »).
Précisions linguistiques & sociolinguistiques
Aujourd’hui, c’est Rome qui arbore le prestige de la pratique de l’italien, notamment à travers son accent. Mais on se pose aussi la question de savoir si les standards ne seraient pas à chercher à présent du côté des grandes villes du Nord (voir Walter 1994 : 138 et Galli’de Paratesi 1985).
L’Italie connaît une situation de fragmentation dialectale qui se perpétue malgré l’usage quasi-exclusif de l’italien au niveau officiel et dans les situations formelles. La moitié des Italiens acquièrent d’abord un dialecte. Les principaux dialectes sont le piémontais (Piémont), le sicilien (Sicile), le vénitien (Venise), le lombard (Lombardie), l’émilien ou romagnol (Emilie-Romagne), le napolitain (Naples), l’istrien, le toscan (Toscane), l’ombrien (Ombrie), le marchois (Marches), (le corse), le calabrais (Calabre), le lucanien, l’abruzzais (Abruzzes), etc.
L’italien est la langue officielle de fait, même si cela n’apparaît pas dans la Constitution de 1947. Ce fait est rappelé dans l’article 1 de la loi du 15/12/99 (n° 482) : « la langue officielle de la République est l’italien ». Des mesures ont été prises pour protéger les minorités linguistiques et leur assurer l’égalité au niveau civique.
Article 3
« Tous les citoyens ont une même dignité sociale et sont égaux devant la loi sans distinction de race, de langue, de religion, d’opinions politiques, de conditions personnelles et sociales. »
Article 6
« La République protège par des mesures convenables les minorités linguistiques. »
Un décret du Président de la République du 20/11/91 mentionnait les minorités linguistiques protégées :
1) « La République protège la langue et la culture des populations d’origine albanaise, catalane, germanique, grecque, slave et bohémienne, ainsi que de celles qui parlent le ladin, le français, le franco-provençal et l’occitan. »
2) « De plus, la République protège la langue et la culture des populations frioulane et sarde. »
En 1999, le Parlement italien a adopté une nouvelle loi (loi n° 482 du 15/12/99) protégeant les minorités linguistiques. Dans l’article 1, après un premier paragraphe qui énonce que « la langue officielle de la République est l’italien », le deuxième paragraphe dit :
« La République, qui valorise le patrimoine linguistique et culturel de la langue italienne, fait la promotion et la valorisation des langues et cultures protégées par la présente loi.
L’article 2 précise les minorités concernées :
« En vertu de l’article 6 de la Constitution et en harmonie avec les principes généraux établis par les organisations européennes et internationales, la République protège la langue et la culture des populations albanaise, catalane, germanique, grecque, slovène et croate, et de celles qui parlent le français, le franco-provençal, le frioulan, le ladin, l’occitan et le sarde.
Extraits
Extrait d’un article sur l’italien :
«L’italiano è una lingua romanza basata sul fiorentino letterario usato nel Trecento, e affonda le proprie radici nella lingua siciliana. L’italiano è classificato tra le prime 21 lingue per numero di parlanti nel mondo e, in Italia, è utilizzato da circa 57-58 milioni di abitanti su un totale di 60-61 milioni (2012), spesso insieme alle proprie varianti regionali, alle lingue regionali e ai dialetti. È la lingua materna del 95% della popolazione residente in Italia (secondo le statistiche della Commissione europea ) e la lingua di tutti gli scambi della vita quotidiana, della quasi totalità dei mezzi di comunicazione nazionali, dell’editoria e dell’amministrazione dello Stato italiano.» (Source)
Extrait audio :
Sources et bibliographie complémentaire
Sources et Bibliographie
BAGGIONI, Daniel (1997), Langues et nations en Europe, Payot.
BERRUTO, G. (1987), Sociolinguistica dell’italiano contemporaneo, Roma, La Nuova Italia Scientifica.
BRETON, Roland (1994), « L’approche géographique des langues d’Europe », in C. Truchot (dir.), Le plurilinguisme européen, Paris, Champion, coll. Politique Linguistique, pp. 41-68.
CALVET, Louis-Jean (1993), L’Europe et ses langues, Plon.
CAMPBELL, George L. (1991), Compendium of the World’s Languages, Routledge, London & New York, 2nd ed. 2000, 2 vols.
CARPANETO, Giorgio (1997), L’Italia dei dialetti, Rendina Editori.
DARDANO, Maurizio (1991), Manuelletto di Linguistica Italiana, Bologna, Zanichelli.
DE MAURO, Tullio (1963), Storia linguistica dell’Italia unita, Bari.
DE MAURO, Tullio, LODI, Mario (1993), Lingua e dialetti, Roma, Editori Riuniti.
DEVOTO, Giacomo, GIACOMELLI, Gabriella (1994), I dialetti delle regioni d’Italia, Milano, Bompiani.
GALLI’DE PARATESI, Nora (1985), Lingua toscana in bocca ambrosiana. Tendenze verso l’italiano standard un’inchiesta sociolinguistica, Bologne, Il Mulino.
KRAMER, Johannes (1983), « Language Planning in Italy », in I. Fodor, C. Hagège (dirs.), Language Reform-La réforme des langues-Sprachreform, Buske Verlag, Hamburg, (3 vols) vol. II [texte écrit en 1979].
LE CLEZIO, Yves (1991), « Dialectes et modernité : la situation linguistique en Italie en 1990, La Linguistique, n° 27/1, pp. 59-79.
LECLERC, Jacques (2002), « L’état italien » dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 31/12/01 [http://www.tlfq/ulaval.ca/axl/europe/italieetat.htm], (14/03/02)
LECLERC, Jacques (2002), « Sardaigne », L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 14/03/02 [http://www.tlfq/ulaval.ca/axl/europe/italiesardaigne.htm]
PELLEGRINI, Giovambattista (1962), « L’italiano regionale », in Cultura e scuola, 5, pp. 21-29.
VINCENT, Nigel (1989), « Italian », in B. Comrie (ed.), The World’s Major Languages, Routledge, London & New York, pp. 279-302.
WALTER, Henriette (1968), « La gorgia toscana », in Annuaire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1967-1968, Paris, pp. 655-656.
WALTER, Henriette (1977), « A la recherche de l’italien standard », in Phonologie et société, Montréal, Didier, pp. 129-139.
WALTER, Henriette (1990), « La différenciation géographique en français et en italien », La Linguistique, n° 26, pp. 35-45.
WALTER, Henriette (1994), L’aventure des langues en Occident, Laffont.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org