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Le zoulou
Page réalisée par Michel Lafon, membre du LLACAN (CNRS, UMR 81 35), actuellement mis à disposition de l’IFAS (Johannesburg) et de l’Université de Pretoria (2010).
Données sur la langue
Noms alternatifs : isiZulu, zulu
Classification : famille Niger-Congo, bantu S40 ; groupe austral, nguni (avec xhosa, swati, ndebele sud-africain et zimbabwéen)
Principaux dialectes : lala, zunda, qwabe, etc.
La variété dialectale la plus importante actuellement du point socio-politique n’est souvent pas considérée comme telle. Il s’agit du zoulou urbain qui s’est développé dans la région de Johannesburg. Une forme extrême en est le isCamtho, souvent considéré comme une variété à part.
Aire géographique :
Langue parlée en Afrique du Sud – essentiellement au KwaZuluNatal (plus de 80%), au Mpumalanga (25%), et dans le Gauteng (Johanesburg-Pretoria) (20%).
Le ndebele du Zimbabwe en est extrêmement proche au point que certains considèrent que le zoulou est aussi parlé dans ce pays.
Nombre de locuteurs :
Ayant le zoulou comme langue maternelle : plus de 10 millions, soit env 23% de la population sud-africaine
Pouvant comprendre le zoulou parce que parlant une langue proche (autre langue nguni) : env. 10 millions
Ayant le zoulou comme langue seconde (sauf autres nguniphones) : probablement 2 à 3 millions
Statut de la langue :
Comme 10 autres langues, le zoulou est langue officielle en Afrique du Sud.
Il peut servir, et sert largement, de langue d’enseignement durant les 3 premières années de scolarité. Il peut être choisi comme matière à divers niveaux jusqu’à la fin du secondaire. Quelques universités donnent des cours en zoulou.
Vitalité et Transmission :
S’il perd du terrain dans sa variété normée, le zoulou gagne probablement du terrain en tant que langue véhiculaire, dans le Gauteng essentiellement et même ailleurs, dans les zones de contact (mines, zones urbaines).
Par ailleurs, il paraît résister mieux que d’autres langues sud-africaines face à la pression de l’anglais, de nombreux parents zoulous souhaitant que leurs enfants le choisissent en classe, pour des raisons culturelles et identitaires.
Médias /Littérature/Enseignement :
Le zoulou est semble-t-il la langue africaine la plus souvent enseignée dans les contextes multilingues du Gauteng. C’est aussi la première langue africaine apprise par les non-africains en Afrique du Sud.
Le zoulou est largement employé dans les média audio et télé visuels. Un journal en zoulou est régulièrement diffusé sur les chaines sud-africaines.
Le zoulou possède une littérature riche et originale, dépassant de loin les recueils ethnographiques ou de tradition orale : traductions, romans, poésie, théâtre, etc. Cette littérature a connu un âge d’or vers le milieu du XXème siècle pour connaître une relative éclipse durant l’apartheid (env. 1950-1992). On constate un renouveau depuis 1994, et certainement un nouveau départ depuis 2003.
La musique kwaito s’exprime souvent en isCamtho, variété urbaine basée sur le zoulou.
Précisions historiques
Le zoulou a bénéficié de la centralisation opérée par Shaka au début du XIXème siècle.
Il a été instrumentalisé par des missionnaires dès le milieu du XIXème siècle, la graphie finalement adoptée étant proche de celle préalablement établie pour le xhosa.
Les missions établies dans la colonie du Natal ainsi que dans le royaume zoulou utilisaient largement le zoulou dans l’évangélisation et dans les écoles qu’elles avaient ouvertes. En 1885, il a été rendu obligatoire dans les écoles destinées aux Africains recevant des subsides de la province du Natal. Cette politique a donné naissance à une élite bilingue et biculturelle qui a dominé la scène politique du Natal jusqu’aux années 1950 et est responsable d’une production littéraire significative.
Précisions linguistiques
La proximité des langues nguni entre elles a souvent été notée.
Cela assure, sinon l’intercompréhension immédiate automatique, du moins une grande facilité pour les locuteurs de l’une ou l’autre pour communiquer et, le cas échéant, acquérir la langue autre, au point que les analystes considèrent généralement que tout locuteur de l’une l’est de l’autre.
Sources & liens
http://www.african.voices.co.za – contient des informations sur des cours, notamment CD-Rom, sur dictionnaires, etc.
http://www.pansalb.org.za – l’institution chargée de la gestion linguistique en Afrique du Sud
http://www.translate.co.za – groupe qui prépare des outils informatiques en langues africaines dont zoulou
http://www.education.gov.za – en cherchant bien on trouve textes sur politique de langue à l’école ainsi que programmes en zoulou
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org