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Le wari’
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue wari’
Noms alternatifs : wari, uari, huari, pacaas novos, pakaá nova.
Les locuteurs de wari’ n’ont pas de nom pour se définir comme groupe linguistique. « Wari’ » est un mot de la langue ayant plusieurs sens « nous, les gens, les êtres humains ». Il est utilisé par les populations voisines. « Pacaas Novos» est l’ancien nom donné à ce groupe, il est encore parfois utilisé, bien qu’il soit un peu désuet, puisqu’il désigne avant tout la rivière qui était autrefois occupée par des groupes locuteurs de wari’.
Principaux dialectes : Les locuteurs de wari’ ne constituent pas une entité politiquement et socialement homogène, mais sont divisés en sous-groupes, dont le nombre et la dénomination sont sujets à débats chez les linguistes et les ethnologues.
Selon Vilaça (1992) les locuteurs de wari’ se divisent en 8 sous-groupes : Oro Nao’, Oro Eo, Oro At, Oro Mon, Oro Waram, Oro Waram Xijein, Oro Kao’ Oro Waji et Oro Jowin. Il semble que ces deux derniers groupes aient en fait disparu. La question de savoir si chaque groupe possède sa propre variante dialectale n’est pas claire.
Classification : Famille des langues chapacuranes
Aire géographique : Brésil, Etat de Rondônia, dans une zone frontalière avec la Bolivie. Les locuteurs de wari’ sont répartis dans 8 villages situés dans 5 Territoires Indigènes de l’état de Rondônia.
Nombre de locuteurs : La population totale des différents groupes s’élève à 2721 personnes selon l’ISA. Le nombre de locuteurs n’est pas connu avec précision, mais selon l’UNESCO presque toute la population est locutrice de la langue.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission : Même si les différents groupes sont, pour la plupart, locuteurs natifs de wari’, l’UNESCO considère que cette langue est en danger. Peut-être en raison du faible nombre de locuteurs, de leur éparpillement et des conditions de vies de plus en plus difficiles qu’ils endurent.
Avec le wari’ s’éteindrait la dernière langue de la famille chapacurane, les autres langues de ce groupe sont soit éteintes, soit moribondes.
Précisions historiques
Les Chapacura ont été en contact pour la première fois avec les colons au 17ème siècle. Les différents groupes vivaient alors sur les deux rives du bas et moyen cours du Guaporé, la vire droite du Mamoré, le Rio Madeira et le Rio Negro.
A la suite des deux « booms » du caoutchouc, dans la première moitié du 20ème siècle, les Wari’ ont été contraints de se déplacer vers les hauts courts des rivières, toujours plus loin dans la forêt, pour échapper aux massacres perpétrés par les collecteurs de caoutchouc et à la destruction de la forêt. Les conflits armés qui les ont opposés aux exploitants de caoutchouc et aux ouvriers du rail au cours de ces «fièvres du caoutchouc » ont tué une grande partie de la population Chapacura,
A la fin des années 50, le gouvernement, avec l’appui des New Tribes Mission, mettra en place une politique de « pacification » et de sédentarisation des différents groupes Wari’, les déplaçant vers des territoires éparses, autours des postes mis en place par le SPI (Service de protection des indiens, l’ancêtre de la FUNAI). Au cours de cette période les maladies contractées au contact des « occidentaux » font des ravages dans la population Wari’
A la fin des années 60, une fois cette pacification achevée, les deux tiers de la population Wari’ avait disparu et les autres groupes Chapacura étaient décimés.
Précisions ethnographiques
Les Wari’ ne constituent pas un groupe « ethnique », chaque sous-groupe locuteur de wari’ possède son nom propre et était traditionnellement rattaché à un territoire. Les sous-groupes existants de nos jours sont les suivants : Oro Nao’, Oro Eo, Oro At, Oro Mon, Oro Waram et Oro Waram Xijein.
La particule « oro » signifie ici « peuple ou groupe ». Bien qu’identifiables, les frontières territoriales entre ces différents groupes étaient fluides. Malgré les relocalisations, les groupes continuent actuellement de s’identifier au territoire qu’ils occupent.
Il est difficile de définir des traits culturels universels pour l’ensemble de ces groupes, ni dans les mariages, ni dans les règles de résidences. Leur mode de subsistance repose principalement la chasse, la pêche et une agriculture à petite échelle.
Les sociétés Wari’ sont profondément égalitaires, sans chefs, ni meneurs, ni hiérarchie sociale. Ils pratiquaient le cannibalisme rituel funéraire et guerrier, mais ces pratiques n’ont plus cours désormais. La plupart des pratiques culturels des Wari’ , d’ailleurs, n’ont pas survécu à la pacification et à l’action des missionnaires protestants.
Pour en savoir plus sur les locuteurs de wari’ voir les pages qui leur sont consacrées sur l’indispensable site de l’ISA, Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais)
Sources
Castro Alvès, Flavia de (2010) Brazil Amzónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, Pp 245- 264
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [04/07/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le wari’ [04/07/2011]
Page consacrée au wari’ sur le site de Linguamón [04/07/2011]
Pages consacrées aux Wari’ sur le site Povos Indígenas no Brasil [04/07/2011]
Bibliographie complémentaire
Everett, Daniel L. & Barbara Kern. 1996. Wari: The Pacaas novos language of Western Brazil. Londres: Routledge.
Vilaça, Aparecida. 1992. Comendo como gente: formas do canibalismo Wari (Pakaa-Nova). Rio de Janeiro: Ed. da UFRJ.
Vilaça, Aparecida. 2006. Quem somos nós. Os Wari’ encontram os brancos. Rio de Janeiro: Editora da UFRJ
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org