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Le touroyo
Page réalisée par Jean Sibille, 2011.
Données sur le touroyo
Classification : Famille afro-asiatique, groupe des langues sémitiques, branche araméenne orientale.
Le touroyo est une des langues modernes issue de la branche orientale de l’araméen, langue sémitique appartenant, avec l’hébreu et un certain nombre de langues mortes comme le phénicien, l’amorrite, le cananéen et l’ougaritique, au groupe des langues sémitiques du Nord-Ouest.
Noms alternatifs :
Tourani (en arabe)
Le terme surayt (qui n’est qu’une variante de soureth) peut désigner le touroyo, mais aussi le soureth (ou néo araméen du Nord-Est).
Suryoyo peut désigner le touroyo, mais aussi le syriaque, appelé également ktovonoyo « langue des livres ».
Principaux dialectes
Il existe un certain degré de variation interne au touroyo. Les parlers des différents villages se distinguent les uns des autres mais sont toujours mutuellement compréhensibles. Le parler dominant est celui de Midyat. Dans la diaspora beaucoup de locuteurs emploient un parler mixte mêlant le parler de leur village d’origine à celui de Midyat.
Le mlaḥso, parlé jadis dans les villages de Mlaḥso et de ‘Ansha, près de Diarbekir, à une centaine de kilomètres au nord-ouest du Tour-Abdin, est une variété distincte mais relativement proche du touroyo proprement dit. Ces deux villages ont été détruits en 1915 lors du génocide des Arméniens. Il y avait encore quelques locuteurs dans les année 90 du XXe siècle dans la ville de Qamishli en Syrie.
Aire géographique : Turquie, principalement dans le Tour-Abdin (« Montagne des Serviteurs de Dieu »), on trouve aussi des locuteurs dans les villes de Qamishli et Hassaka en Syrie, et dans la diaspora, notamment en Suède, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, Suisse et Belgique. En France on trouve des locuteurs en banlieue parisienne, notamment 500 locuteurs à Montfermeil (93), et dans les agglomérations de Lyon et de Marseille.
Nombre de locuteurs : Selon l’UNESCO il y aurait environ 50 000 locuteurs de touroyo.
Statut de la langue : pas de statut officiel
Médias et télévisions:
En suède une chaîne de la diaspora Assyro-Chaldéenne-Syriaque, SouroyoTV, diffuse des programmes en soureth et en touroyo
Vitalité et Transmission : le touroyo est une langue « sévèrement en danger » selon l’UNESCO (degré 3 sur une échelle de 5).
Jusqu’à une date récente le touroyo n’était pas écrit (ou très peu), malgré plusieurs tentatives d’écriture en alphabet syriaque (serto) encouragées par les missionnaires occidentaux à la fin du XIXe et au début du XXe siècles ; la langue écrite étant le syriaque (ou Ktovonoyo « langue des livres »). En Suède, à la demande du ministère de l’éducation une norme et un système d’écriture du touroyo en alphabet latin ont été mis au point pour les besoins de l’enseignement (Il existe dans ce pays une importante communauté de locuteurs). En revanche, en Syrie, les autorités religieuses préconisent l’enseignement exclusif du syriaque (ktovonoyo) et certains responsables religieux on pu essayer de décourager l’usage écrit du touroyo considéré comme une forme « impure » de syriaque.
Qui parle le touroyo :
Les locuteurs du touroyo appartiennent à l’église syriaque orthodoxe (selon une dénomination entrée récemment dans l’usage : les appellations plus traditionnelles sont église syrienne orthodoxe ou église jacobite) ou à l’église syriaque catholique (ou syrienne catholique) dans la région du Tour Abdin en Turquie, dans la province du Khabour en Syrie (en particulier dans la ville de Qamishli) et dans la diaspora. Tous les locuteurs parlent au moins une autre langue locale (arabe, kurde, turc).
Précisions historiques sur l’araméen et le syriaque
Les premières attestations écrites de l’araméen datent du début du premier millénaire avant l’ère chrétienne. Dès le VIIe siècle avant notre ère, il devient la langue administrative de l’Empire néo-assyrien puis des empires néo-babylonien et perse, et la langue véhiculaire de tout le Proche et Moyen-Orient. Dès l’Antiquité, on distingue une branche orientale (Mésopotamie) et une branche occidentale (Palestine, Liban, Ouest de la Syrie). De nombreux dialectes sont attestés par des inscriptions lapidaires ou des textes (passages en araméens de la Bible, Targum palestinien, Targum babylonien, manuscrits de Qumran …).
Au début de l’ère chrétienne, le syriaque, qui serait le dialecte araméen d’Edesse (aujourd’hui Ourfa ou Urfa en Turquie), devient la langue classique des chrétiens orientaux. La littérature syriaque reste active jusqu’au XIIIe siècle. Par la suite, le syriaque est de plus en plus cantonné à des usages religieux. Aujourd’hui on peut considérer le syriaque comme une langue morte, en tant que langue de communication tout au moins. Il est toujours, cependant, utilisé dans un cadre liturgique.
Source
Jastrow, Otto. The touroyo language today.
Bibliographie
Langue :
Heinrichs Wolfhart 1990, « Written Turoyo », in Heinrichs W. (éd.), Studies in Neo-Aramaic, Atlanta, pp. 181-188.
Ishaq Yusuf 1988, Svensk-turabdinskt Lexicon, Leksiqon Swedoyo-Suryoyo, Inbunden, Stockholm, 478 p. (dictionnaire suédois-touroyo, touroyo-suédois).
Ishaq Yusuf 1990, « Turoyo – from Spoken to Written Language », in Heinrichs W. (éd.), Studies in Neo-Aramaic, Atlanta, pp.189-199.
Jastrow Otto V, « The Turoyo Langauge [sic] Today », in Journal of Assyrian Academic Studies (JAAS), vol. 1., pp. 7-16.
Jastrow Otto 1997, « The Neo-Aramaic Languages », in Hetzron R. The Semitic Languages, Routlege, Londres – New York, pp. 334-376.
Jastrow Otto 1993 [1967], Laut und Formenlehre des neuaramäischen Dialekts von Mīdin im Tūr ‛Abdīn, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 308 p.
Jastrow Otto 1994, Der neuaramäischen Dialekt von Mlaḥsô, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 196 p.
Jastrow Otto 1996, « Passive formation in Turoyo and Mlaḥsô », Israel Oriental studies, vol. 16.
Jastrow Otto 1992, Lehrbuch der Turoyo-Sprache, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, 216 p.
Parisot Jean 1897, « Contribution à l’étude du dialecte néo-syriaque du Tour-Abdîn », Actes du onzième congrès international des orientalistes, Paris.
Prym E. & Socin A. 1881, Der neuaramäische Dialekt des Tūr ‛Abdīn, Göttingen, (2 vol.).
Ritter Hellmut 1990, Tūrōyo. Die Volkssprache der syrischen Christen des Tūr عAbdîn, Stuttgart.
Ritter Hellmut 1979, Tūrōyo. Die Volkssprache der syrischen Christen des Tūr عAbdîn. Wörterbuch, Beirut.
Siegel Adolf 1923, Laut und Formenlehre des neuaramäischen Dialekts des Tūr ‛Abdīn, Hannover.
Histoire, Culture :
Anschutz H. 1984, Die syrischen Christen vom Tur ‛Abdin : Eine altchristliche Bevölkerungsgruppe zwischen Beharrung, Stagnation und Auflösung, Würzburg.
Courtois Sébastien de – 2004, Les derniers Araméens, le peuple oublié de Jésus, La Table Ronde, Paris, 162 p. (nombreuses photos)
Courtois Sébastien de – 2002, Le génocide oublié. Chrétiens d’Orient, les derniers Araméens, Ellipses, Paris, 298 p.
Palmer A. 1990, Monk and mason on the Tigris frontier. The Early History of Tur ‛Abdin, University of Cambridge Oriental Publications, 289 p.
En savoir plus…
Vous pouvez également trouver des cours gratuit en ligne de turoyo sur le site suivant : www.surayt.com
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