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Le terêna
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue terêna
Noms alternatifs : Guana, tereno, kinikinau, kinikináwa.
Principaux dialectes : kinikinau.
La question de savoir si le kinikinau est une variante dialectale du terêna, ou s’il s’agit d’une langue indépendante quoique proche du terêna, est une question qu’il est difficile de trancher dans l’état actuel des connaissances. Le kinikinau a été peu étudié, longtemps considéré comme éteint et les Kinikinau ont longtemps été « assimilés » aux Terêna par les institutions brésiliennes (voir plus bas). Fabre (2005) traite le kinikinau comme un dialecte du terêna « par défaut », dans l’attente de plus ample connaissance.
Classification : Famille arawak, branche arawak du sud.
Il semble que le terêna et le kinikinau soit les deux seules variantes du guaná à avoir survécu. Le guaná était également parlé par les Chanés, avant que ceux-ci ne soient « colonisés » par les avá et n’abandonnent leur langue au profit de celle des colonisateurs.
Aire géographique : Brésil.
Les Terêna vivent sur un territoire discontinue, de petites « îles » entourées de ranchs et d’exploitations agricoles, principalement dans l’état du Mato Grosso do Sul, municipalités de Miranda, Aquidauana, Anastácio, Dois Irmãos do Buriti, Sidrolândia, Nioaque et Rochedo. Il existe également des Terêna dans le Territoire Indigène kadiwéu et dans les états de São Paulo et du Mato Grosso.
Les Kinikinau vivent principalement à São João, Territoire Indigène kadiwéu, dans le Mato Grosso do Sul.
Nombre de locuteurs : Selon l’ISA, en 2006 la population Terêna s’élevait à 19 961 personnes, mais tous ne sont pas locuteurs de la langue. Les estimations de locuteurs varient de 9000 à 15000 personnes.
La population Kinikinau monterait à 250 personnes (FUNASA, 2005), mais le nombre de locuteurs est méconnu. L’UNESCO mentionne 11 locuteurs, mais ce nombre est à prendre avec précaution.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés ».
Vitalité et Transmission : L’UNESCO considère que le terêna est « sérieusement en danger » (degré 3 sur une échelle de 5) et que le kinikinau est « en situation critique » (degré 4 sur une échelle de 5).
Les jeunes veulent de plus en plus travailler dans les villes, d’où la prise de conscience de l’importance de maîtriser le portugais. La moitié seulement des jeunes générations parlerait le terêna et, d’ici deux générations, le portugais pourrait devenir la première langue de tous les enfants.
Selon Linguamón : « Actuellement, la langue n’est pas perçue comme une marque d’intégration de l’individu dans la société à défendre pour préserver l’identité du groupe. Au contraire, les parents sont fiers que leurs enfants apprennent le portugais le plus tôt possible car, selon les croyances populaires, le bilinguisme favorise l’échec scolaire. Le terêna n’est presque plus parlé qu’en famille ».
Les enfants Kinikinau seraient presque tous locuteurs de portugais et très peu auraient des compétences dans la langue ancestrale.
Précision Historique et ethnographique
– Les Terêna :
Comme les Chanés, les Terêna et les Kinikinau descendent des Guaná, population arawak du Chaco, l’une des plus importantes dans la région avant la colonisation. Les études les plus récentes tendent à montrer que les Guaná pratiquaient l’agriculture et possédaient une société très hiérarchisée, divisée entre une « noblesse » et une « plèbe ».
Ils partageaient leurs territoires avec les tribus mbayá (dont descendent les kadiwéu, actuels) et, comme eux, ont été contraints par la pression coloniale de franchir le Rio Paraguay pour s’installer sur la rive ouest.
Comme les kadiwéu, ils ont joué un rôle important pendant la guerre du Paraguay, mais contrairement aux kadiwéu, les Terêna, alliés aux Brésiliens, ont vu leurs territoires servir de champs de batailles. Les villages et les terres qu’ils occupaient ont été envahis. A la fin de la guerre, ils n’ont pu récupérer leurs terres, où des agriculteurs et des éleveurs (souvent des vétérans de la guerre) s’étaient installés.
La guerre a profondément modifié le mode de vie des Terêna, confinés à des territoires réduits, ne pouvant plus pratiquer l’agriculture ancestrale, contraints de travailler comme main d’œuvre dans même les fermes qui les avaient dépossédés. La structure même de la société Terêna s’en est trouvé modifié, et l’organisation sociale traditionnelle a disparu au tournant du 20ème siècle.
Les Terêna restent l’une des populations indigènes les plus importantes du Mato Grosso do Sul. Marchands des rues dans les villes, travailleurs journaliers dans les ranchs, leur « visibilité » contribue au stéréotype qui veut que les Terêna soient « acculturés », des « indiens urbains ».
Mais ce stéréotype masque la lutte incessante des Terêna pour maintenir leur langue et leur culture vivante, malgré les changements drastiques qu’ont subis leur environnement et leur mode de vie ; changements imposés par la société coloniale et les institutions étatiques.
Pour en savoir plus sur les Terêna, voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site de l’ISA, Povos Indígenas no Brasil.
– Les Kinikinau :
Dans les années 1970, plusieurs chercheurs avaient conclu que l’ethnie kinikinau n’existait plus. L’erreur venait sans doute d’un mauvais classement de la part des services de protection des indiens, qui avaient regroupé les membres de cette ethnie dans la communauté terena, avec laquelle ils maintenaient des liens étroits. Plus récemment, environ deux cents Kinikinaus ont été localisés dans le village de São João, municipalité de Porto Murtinho.
C’est une des rares communautés indigènes auxquelles l’État brésilien n’a assigné aucun territoire ; leurs propres terres n’étant pas officiellement délimitées, la plupart d’entre eux résident sur le territoire indigène kadiwéu et quelques familles sur le territoire terena. Au fil de leur histoire, ils n’ont cessé de revendiquer leur droit à un territoire qui leur appartienne. Revendications qui sont restés sans suite jusqu’à maintenant
Pour en savoir plus sur les Kinikinau, voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site de l’ISA, Povos Indígenas no Brasil.
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [18/05/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le terêna [18/05/2011]
Pages consacrées aux Terêna sur le site de Povos Indígenas no Brasil [18/05/2011]
Pages consacrées aux Kinikinau sur le site de Povos Indígenas no Brasil [18/05/2011]
Page consacrée au terêna sur le site de Linguamón [18/05/2011]
Bibliographie complémentaire
Almeida, Mariene de Brito Kling 2005. O léxico da língua Terêna: proposta do dicionário infantil bilingüe Terêna-Português. Dissertação de Mestrado do Instituto de Letras. Brasília: UnB.
Bendor-Samuel, John T. 1961. An outline of the grammatical and phonological structure of Terena I. Brasília: SIL-AL 90.
Butler, Nancy E. 1978. Modo, extensão temporal, tempo verbal e relevância contrastiva na língua Terena. Brasília: SILEL 1.
Ladeira, Maria Elisa & Gilberto Azanha.1999. Terena
Netto, Waldemar Ferreira & Maria Elisa Ladeira. 2000. A língua Terêna no município de Miranda (MS): análise macrosociolingüística. Lingüística 12. Madrid: ALFAL.
Oliveira, Dercir Pedro de & Miriam Moreira Alves 2005. Os Kinikinau: dados históricos, vocabulares e lingüísticos. Campo Grande, MS.
Oliveira, Roberto Cardoso de. 1968. Urbanização e tribalismo: a integração dos índios Terêna. Rio de Janeiro: Ed. Zahar.
Souza, José Luiz de & Giovani José da Silva. 2005. Kinikinau.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
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