Imprimer |
Le tehuelche
Données collectées par l’UNICEF.
Données sur la langue tehuelche
Noms alternatifs : ‘aonek’o ‘a’jen, tsoneka, aonek’enk, aoni-kenk o inaken, patagon, hongote.
Note : L’appelation « Tehuelche » serait d’origine mapuche et a longtemps longtemps été utilisé pour désigner un ensemble variable de populations amérindiennes du centre et du sud de l’Argentine. Au plus large il comprenait : les Selknam (ou Ona) les Haush (ou Manekenk), les Aonek’enk et les Gününa Küne (ou Pampa).
Moins largement, l’appellation regroupait les Tehuelche du sud (les Aonek’enk) et les Tehuelche du nord (les Teushen ou Tehues).
Suivant Malvestitti (2010) et Fabre (2007), sous l’appellation Tehuelche nous désignons les seuls Tehuelche méridionaux, dont l’autodénomination est Aonek’enk. L’autodénomination de la langue est « ‘aonek’o ‘a’jen ».
Classification : Famille des langues Chon
Aire géographique :
Argentine, province de Santa Cruz.
Avant les « guerres de pacification », le territoire traditionnel des Aonek’enk se situait sur un espace compris entre le rio Santa Cruz et le détroit de Magellan.
Nombre de locuteurs :
La population réelle de locuteurs de tehuelche est très difficile à estimer.
Selon l’ECPI, repris par l’UNICEF, plus de 10 000 personnes se reconnaissent comme Tehuelche ou descendants de Tehuelche, en Argentine. La très grande majorité est monolingue en espagnol.
L’ECPI mentionne 371 bilingues en « espagnol et une langue indigène ». Mais comme l’indique Marisa Malvestitti, ces données ne sont pas claires, la « langue indigène » en question ne serait pas le tehuelche mais plus probablement le mapuche.
La linguiste Fernandez Garay estimait en 1984 le nombre de locuteurs de tehuelche à une douzaine, présentant des degrés variés de compétences linguistiques et signalaient 6 autres personnes étant « bilingues passives ». Mais ces estimations n’ont pas été réactualisées.
D’autres sources, comme L’Ethnologue 16ème édition ou l’UNESCO, parle de 4 locuteurs. Il est probable qu’il n’y ait plus aucun locuteur « quotidien » de la langue.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Vitalité et Transmission :
Le tehuelche, la dernière des langues chon, l’une des dernières langues de Patagonie, est une langue moribonde. Il est même tout à fait possible qu’elle soit de fait déjà éteinte. La transmission s’est interrompue il y a deux ou trois générations. Les Tehuelche actuels sont monolingues en espagnol ou bilingues espagnol-mapuche.
Malgré les efforts de linguistes comme Ana Fernández Garay, qui a effectué un travail de description de la langue et de collecte de données dans les années 70-80, il n’y a pas, à notre connaissance, de projet avancé de revitalisation de la langue à ce jour.
Précisions ethnographiques et sociologiques :
On sait peu de choses du mode de vie des Tehuelche avant l’introduction des chevaux en Argentine. Ils constituaient des populations chasseurs- cueilleurs semi-nomades, se déplaçant sur de vastes territoires suivant le rythme des saisons selon un mode qui n’est pas sans rappeler celui des populations amérindiennes des grandes plaines d’Amérique du Nord. Ils vivaient en petits groupes composés de plusieurs familles patrilinéaires et menés par un chef (ou cacique).
Ils ont très tôt adopté les chevaux, importés d’Europe, comme moyen de locomotion, favorisant l’extension des territoires tribaux et les échanges commerciaux entre tribus ou avec les autres peuples de Patagonie.
L’ensemble des peuples indigènes de la Patagonie argentine a énormément souffert des campagnes militaires pour la « pacification de l’Araucanie » à la fin du 19ème siècle. La majorité de ces populations a disparu au cours de cette période, que ce soit par mort violente ou à cause des virus importés d’Europe que « véhiculaient » les soldats argentins et surtout les éleveurs qui se sont installés sur ces terres à la suite de ces guerres.
Tout au long du 20ème siècle les peuples indigènes survivants de Patagonie et de la Pampa ont subis des violences physiques et morales très fortes. Pour favoriser le développement des « estancias » (vastes fermes d’élevages), ils ont été expropriés de leur terre, déplacés vers des territoires de plus en plus réduits et stériles qu’ils devaient partager avec d’autres peuples n’ayant ni la même langue ni la même culture. Les identités culturelles étaient systématiquement niées.
La plupart des langues autochtones jadis parlées de la Pampa argentine à la Terre de feu ont ainsi fini par s’éteindre au cours du 20ème. siècle Le tehuelche est sans doute la dernière de ces langues à survivre, et probablement pour peu de temps.
Actuellement, cependant, toujours selon Marisa Malvestitti, on observe une « reconfiguration » des différentes communautés indigènes de Patagonie qui « tentent de récupérer leur histoire et de reconstruire une appartenance à un peuple », un mouvement global de revalorisation des identités et des cultures indigènes d’Argentine, venant des descendants actuels.
Source :
Malvestitti, Marisa. 2010. Argentina Patagónica in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 109-123.
Fabre, Alain 2007. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [14/03/2011]
Liens :
Données collectées par l’UNICEF sur le tehuelche [14/03/2011]
Page du site du musée de la Patagonie à Bariloche sur les Tehuelche (en espagnol)
Bibliographie:
Bernal, I. – M. Sánchez Proaño 1988. Los tehuelches y otros cazadores australes. Buenos Aires: Ed. Búsqueda Yuchán.
Fernández Garay, Ana V. 1985-86. Mort d’une langue patagonique: le Tehuelche. Mémoire de DEA en Linguistique, Université René Descartes, Paris V.
Fernández Garay, Ana V. 1993. Le Tehuelche: description d’une langue en train de disparaître, I-II. Thèse de doctorat. Université Paris V-Sorbonne.
Fernández Garay, Ana V. 2009. Las cláusulas adverbiales en tehuelche o aonek’enk: la expresión de la causa. In: Cristina Messineo, Marisa Malvestitti & Roberto Bein (eds.), Estudios en lingüística y antropología. Homenaje a Ana Gerzenstein: 121-131. Buenos Aires: Editorial de la Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2007), pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org