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Le tapieté
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue tapieté
Noms alternatifs : Guarani-ñandeva, yanaigua, nanaiga, ñanágua
L’appellation « tapieté » est d’usage en Argentine et en Bolivie, bien qu’elle ait une connotation péjorative. L’appelation « guarani-ñandeva » est celle d’usage au Paraguay, mais elle doit être différenciée du ñandeva-chiripa, parlée au Brésil et au Paraguay. Cette appellation « ñandeva » (qui signifie « nous » dans plusieurs langues guaranis) est source de confusion.
Classification : Famille tupi, langues tupi-guarani, groupe I
Cette langue, longtemps la moins connue des langues guaranis du Chaco, est souvent considérée comme une variante de l’ensemble dialectale « chiriguano » ou ava-guarani, ce qui est le cas chez Fabre (2005), par exemple.
La première description du tapieté a été faite par Gonzalez (2005) pour qui le tapieté est une langue distincte du chiriguano, bien que proche.
Aire géographique :
-En Argentine : Dans la province de Salta, entre le Bermejo et le Pilcomayo, municipalités de Tartagal et de Curvita.
-Au Paraguay : Principalement dans le département dans l’est du département de Boquerón, plusieurs communautés dans une zone allant de Filadelfia aux frontières argentine et bolivienne
-En Bolivie : à l’extrême sud-est du département de Tarija, Province Gran Chaco, entre le Pilcomayo et la frontière paraguayenne.
Nombre de locuteurs :
-En Argentine : 326 locuteurs selon l’ECPI repris par l’UNICEF, mais le nombre de locuteurs de langue maternelle est probablement inférieur.
-Au Paraguay : 1550 locuteurs selon la DGEEC, repris par l’UNICEF.
-En Bolivie : 6 locuteurs monolingues et une trentaine de locuteurs présentant des degrés variés de compétences selon l’UNICEF. Ce chiffre est à prendre avec précaution, d’autres sources, comme Fabre (2005) estime entre 60 et 70 locuteurs.
Statut de la langue : Pas de statut officiel en Argentine et au Paraguay. En Bolivie, Selon les termes du décret suprême 25894 du 11 septembre, approuvé en l’an 2000, le tapieté est une des langues « indigènes reconnues comme officielles ».
Vitalité et Transmission :
Selon l’UNESCO le tapieté est une langue « sévèrement en danger ». La langue est probablement plus menacée en Argentine et surtout en Bolivie.
Un projet de documentation du tapieté a été mis en place dans le cadre du programme DoBes. Pour plus d’information consulter le site de DoBes (en anglais)
Précisions sociolinguistiques :
Les Tapietés argentin vivent en zone urbaine, seul 40% de cette population est locuteur natif. Au Paraguay le taux de locuteurs de langue maternelle est le plus élevé (70%) mais tous sont bilingues tapieté-guarani paraguayen. En Bolivie le nombre de la population tapiété est extrêmement bas. Selon Lopez et Censabella (2010) il y a une « différence abyssale entre les chiffres des recensements officiels et ceux que donnent les locuteurs eux-mêmes ».
Selon Lopez et Censabella, les Tapietés revendiquent une proximité culturelle avec les Wichis, plus qu’avec les autres populations guaranis. En Bolivie, les mariages interethniques entre ces deux populations sont nombreux et le trilinguisme tapieté-wichi-espagnol courant chez les enfants issus de ces unions.
Précisions ethnographiques :
Les Tapietés sont l’un des groupes les plus méconnus et les moins étudiés du Chaco.
L’origine ethnique des Tapietés est sujette à débat. Une hypothèse veut qu’ils descendent de tribues guaranis qui se sont isolées et constituées comme groupe ethnique et linguistique distinct et ont acquis des traits culturels de leurs voisins Toba et Wichi. Une autre hypothèse veut qu’ils descendent d’une tribu indigène du Chaco (peut être guaycuruane ou matacoane) qui a été « guaranisée » par les Chiriguano (Ava-Guarani). Cette dernière hypothèse est globalement rejetée par les Tapietés eux-mêmes.
Les Tapietés sont probablement originaire du Chaco bolivien, et ont été déplacés au Paraguay durant la guerre du Chaco (1932-35). La majorité y est restée, une partie a migré en Argentine à la fin de la guerre pour travailler dans les plantations de canne à sucre.
Pour plus d’information sur les Tapietés, leur langue et leur culture voir le site de DoBes (en anglais)
Et le site Pueblo Indigenas de Bolivia (en espagnol)
Sources
Bartomeu Melià, S.J. 2010. Paraguay in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina», UNICEF. Tome 1, pp 173-195.
Censabella, Marisa .2010. Argentina en el Chaco in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina», UNICEF. Tome 1, p 159-169.
Lopez, Luis E& Censabella, Marisa. 2010. Bolivia en el Chaco y el oriente in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina», UNICEF. Tome 1, p203-204.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [28/03/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le tapieté [28/03/2011]
Page consacrée au tapieté sur le site de Linguamon [28/03/2011]
Bibliographie complémentaire :
Arce Birbeuth, Eddy (2003). Estrategias de sobrevivencia entre los tapiete del Gran Chaco. La Paz: PIEB.
Bartolomé, Miguel Alberto 2004. Flechadores de jornales. Identidad guaraní en el Paraguay contemporáneo. Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM, 10.
Carvajal, Silvia (1998). Etnohistoria y ocupación espacial del pueblo tapiete. Anales de la Reunión Anual de Etnología 1: 363-385. La Paz: MUSEF.
Gutiérrez, Ramiro (1995). Etnografía chaqueña: el caso de los tapietes del Pilcomayo. Revista del MUSEF 6: 74-106.
Gonzalez, Hebe Alicia (2005). A grammar of Tapiete (Tupi-Guarani), University of Pittsburgh, PhD.
Melià, Bartomeu. 2004. “Las lenguas indígenas en el Paraguay; una visión desde el Censo 2002” in: Joan A. Argenter & McKenna Brown (eds.), On the Margins of Nations Endangered Languages and Linguistic Rights. F.E.L. Bath (England). Pp 77-87.
Nordenskjöld, Erland (1910). Sind die Tapiete ein guaranisierter Chacostamm? Globus. 98: 181-186.
Schmidt, Max (1938). Los Tapietés. Revista de la Sociedad Científica del Paraguay. 4(2): 36-67.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org