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Le pesh
Données sur la langue pesh
Noms alternatifs : pech, paya, seco, bayano.
Aire géographique : le pesh est parlé en Amérique Centrale, dans la partie est du Honduras. La majorité des locuteurs vivent dans le département d’Olancho, au centre-est du pays, et plus précisément dans les communautés de Vallecito, Pueblo Nuevo Subirana, Agua Zarca, Caluco, Pisijiere, Jocomico et Culme, dans la municipalité de Dulce Nombre de Culmí, et dans la communauté de Santa María del Carbón à San Esteban. La langue est également parlée, dans une moindre mesure, dans le département de Colón, le long de la côte nord bordant la Mer des Caraïbes, et dans le département de Gracias a Dios.
Classification : le pesh fait partie de la famille chibcha, qui compte une quinzaine de langues.
Nombre de locuteurs : selon le site Ethnologues, le pesh comptait en 1993 environ 990 locuteurs, pour une population ethnique de 2600 personnes. En 1999, le pesh était parlé par environ 600 personnes dans les départements d’Olancho et Colón.
Selon un recensement de 2013, la population pesh comptait alors 6,020 personnes, et parmi eux, seul 600 personnes seraient encore capables de parler le pesh aujourd’hui.
Statut de la langue : cette langue ne dispose actuellement d’aucun statut officiel au Honduras. Un décret présidentiel de 1997 reconnaît que le Honduras est un pays multilingue et multiculturel, mais ce texte n’a en réalité aucune incidence sur la politique linguistique du pays.
Vitalité et transmission : la langue est actuellement considérée comme par l’UNESCO comme « sévèrement en danger », la plupart des locuteurs étant âgés et beaucoup de membres de l’ethnie pesh se tournant désormais vers l’espagnol.
Les locuteurs semblent cependant montrer un grand intérêt à vouloir sauver leur langue, et divers programmes, enquêtes de terrain et initiatives locales sont ou ont été engagées pour sauvegarder cette langue. Le film « Ce qui est sorti de nous est revenu écrit » co-réalisé par la linguiste Claudine Chamoreau, en lien ci-dessous, donne l’exemple de la création de livres pour enseigner et promouvoir la langue, mais également pour faire de cette langue jusque là uniquement orale, une langue écrite disposant de son propre orthographe.
Précisions ethnographiques et historiques
Le mot « pesh » signifie « le peuple », les pesh ne l’utilisent donc qu’en référence à eux-mêmes. Pour qualifier les autres populations, ce sont les mots « pech-akuá » (« les autres gens »), ou « bulá » qui sont utilisés. Les Pesh sont aussi connus sous le nom de « paya ».
Les Pesh sont traditionnellement animistes, adressant des cérémonies aux esprits des montagnes, aux animaux et aux sirènes qui prennent soin des poissons. Il s’agit à l’origine d’un peuple de chasseurs-cueilleurs, chassant principalement les pécaris et les singes et autres animaux sauvages. Cependant, la plupart de ces animaux ayant disparu aux alentours des villages, et le gouvernement du Honduras ayant poussé les citoyens hispanophones à déménager sur les anciens territoires Pesh, le mode de vie, la culture et donc bien sûr la langue de ce peuple est maintenant en péril.
L’apparition de la culture Pesh a été située aux alentours de l’an 300 de notre ère, et celle-ci se serait développée en parallèle à la culture maya, plus proches voisins des Pesh. La culture de ces derniers a cependant pu être légèrement influencée par les Mayas, comme le propose une hypothèse basée sur la découverte de nombreux empreints mayas dans la langue pesh (Holt, 1975).
Les Pesh ont beaucoup souffert de l’émergence de la tribu Miskito lors du XVIIème siècle, qui étaient soutenus par leurs alliés britanniques, ainsi que par l’apparition de la tribu « Mosquitos zambos », constituée d’anciens esclaves ayant fui leurs maître (anciennement appelés les marrons, nègres marrons, negmarrons, ou encore cimarrons). Les raids de la tribu Miskito à l’encontre des Pesh ont poussé ces derniers à se retrancher dans les régions montagneuses et ainsi fuir les côtes.
Au moment de la conquête espagnole, la langue pesh était probablement parlé depuis Trujilloà l’ouest jusqu’à Cabo Gracias a Dios à l’est, et jusqu’en amont de la rivière Patuca au sud (Holt 1999).
Précisions linguistiques
La langue pesh est une langue à tons (ton haut et ton bas). Elle présente une différenciation entre les voyelles longues et courtes, ainsi qu’une nasalisation de celles-ci. C’est une langue synthétique, qui utilise beaucoup d’affixes, et l’ordre usuel des mots dans une phrase est SOV, soit sujet – objet – verbe (Holt 1999).
Extraits et vidéos
Film « Ce qui est sorti de nous est revenu écrit », documentation de la langue pesh, réalisé par Claudine Chamoreau, directrice de recherche au CNRS, et Ludovic Bonleux :
https://vimeo.com/243014857
Versión en español :
« Salió de nosotros y regresó escrito », documentación de la lengua pesh :
https://vimeo.com/228396358
English version
« What went out from us has come back written », language documentation in Pesh
https://vimeo.com/248377767
Liens et bibliographie
https://www.ethnologue.com/language/pay
http://www.native-languages.org/pech.htm
Dennis Holt and William Bright, « La lengua paya y las fronteras lingüísticas de Mesoamérica » in Las fronteras de Mesoamérica: XIV Mesa Redonda, Tegucigalpa, Honduras, 23–28 de junio 1975, 1:149–56. México: Sociedad Mexicana de Antropología, 1975
Holt, Dennis Graham. (1999). Pech (Paya). Languages of the World/Materials 366. Munich: LincomEuropa.