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Le ñandeva
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue ñandeva
Noms alternatifs : nhandéva, chiripá, xiripá, ava-guarani, ava katú eté, apytaré
Guarani-ñandeva ou « nhandéva » est l’appellation d’usage au Brésil, « chiripá » ou « ava-guarani » sont celles le plus couramment utilisées au Paraguay.
Cette langue ne doit pas être confondue avec la langue appelée ava-guarani en Argentine (dialecte du chiriguano) ni avec le tapieté, parfois appelé « ñandeva » également.
Pour l’ensemble des populations guaranis, particulièrement les populations les plus au sud la question de l’ethnonyme est une question très complexe. Les dénominations utilisées sont souvent des mots « fourre-tout » et d’un pays à un autre, ou selon les sources, le même nom ne désigne pas forcément le même peuple. Il en est ainsi de l’appellation « ñandeva » (signifiant « nous tous ») ou « ava » (signifiant « homme »), ou « chiriguano », etc. A l’inverse, un même peuple « guarani » peut être désigné par des noms différents selon le pays où il se trouve, comme c’est le cas ici.
D’autre part la confusion est souvent fréquente entre la langue guarani propre à une ethnie et le guarani paraguayen, langue officielle. Due à la situation particulière du guarani paraguayen, généralement désigné sous le seul nom de « guarani », le terme est chargé d’un symbole de lutte politique qui fait qu’il est revendiqué par une grande partie de la population paraguayenne (voir à ce sujet l’article de Chritine Pic-Gillard sur le blog de Sorosoro).
Au Brésil, le terme « Guarani » est souvent utilisé pour désigner un ensemble composé de locuteurs de ñandeva, de mbyá et de kaiowá (ou pãi-tavyterã).
Pour plus d’information sur les ethnonymes des populations guaranis voir le site de Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais).
Classification : Famille tupi, langues tupi-guarani, groupe I
Toutes les langues du groupe I sont très proches. Au point où certaines sources les considèrent comme autant de variantes d’une seule et même langue guarani dont la variante « officielle » serait le guarani paraguayen. Nous suivons ici Melia (2010).
Aire géographique :
Au brésil, dans les états du sud : Mato Grosso du Sud, Paraná, São Paulo, Santa Catarina, Rio Grande du Sud
Au Paraguay, dans les départements Alto Paraná, Caaguazú, San Pedro, Canindeyú.
Fabre (2005) note qu’il n’est pas impossible que certains Mbyas d’Argentine, soient en réalité des Ñandeva/ Chiripá, surtout dans la partie nord de la province de Misiones.
Nombre de locuteurs :
-Au Paraguay. Selon le rencensement paraguayen de 2002, repris par l’UNICEF, il y 6308 locuteurs, soit moins de la moitié de la population « ethnique » ñandeva présente au Paraguay.
-Au Brésil, les chiffres de la CIMI donne une population « ethnique » 15 000 personnes mais en incluant possiblement les Kaiowa. Il est difficile d’avoir des chiffres fiables de locuteurs au Brésil. L’Unesco donne une estimation de 10 000 locuteurs.
Statut de la langue : Pas de statut officiel
Vitalité et Transmission :
Au Paraguay, la langue paraît très menacée. Le fort taux de bilingues ou monolingues en guarani paraguayen laisse penser qu’il y a un abandon du ñandeva au profit du guarani paraguayen.
La langue paraît plus vigoureuse au Brésil, où l’Unesco la considère comme « vulnérable » (degré 1 sur une échelle de 5)
Selon PIB, au Brésil les Ñandeva montrent une « énergie vigoureuse à maintenir leur langue vivante et rien n’indique que cette énergie diminue ».
Précisions ethnographiques
Les Ñandeva vivent traditionnellement en petits groupes composés de 4 ou 5 « macro familles » (familles au sens large), évoluant dans un tekoha clairement identifié.
Un tekoha n’est pas seulement un territoire, mais c’est un espace physique (incluant les plantes, les animaux, les rivières, etc.), permettant à un groupe d’exercer son mode de vie de manière harmonieuse et équilibrée. Un groupe est défini par le tekoha dans lequel il évolue. Ce tekoha constitue, pour ainsi dire, l’unité sociale et politique fondamentale des Ñandeva.
Chaque famille est représentée par un « chef », généralement le grand-père (Tamõi) dont tous les membres se considèrent comme descendants. Ce chef (appelé aussi parfois « capitaine » ou « cacique ») est à la fois un conseiller écouté et un représentant auprès des autres familles ou de l’extérieur, mais il ne concentre pas tous les pouvoirs et n’est pas le décisionnaire exclusif du tekoha. Ce point a souvent donné lieu à des mésententes dans les relations avec les « blancs », qui ont eu souvent tendance à considérer les Tamõi comme les chefs politiques des groupes guaranis. L’organisation politique interne et la manière dont sont prises les décisions de groupes, varient en fait d’un tekoha à un autre
Au sein du tekoha les individus sont en mouvement permanant, pour un ensemble de raisons variées (mariages, visites, apprentissages, conseils, échanges de toutes sortes, etc.). Ces mouvements ne doivent pas être confondus avec un simple « nomadisme » de subsistance et n’ont pas complètement cessés avec la sédentarisation partielle et la réduction des territoires.
Pour en savoir plus sur l’histoire, la culture et le mode de vie des Ñandeva/ Chiripá, voir les pages qui leur sont dédiées sur l’indispensable site de Povos Indígenas no Brasil.
Précisions historiques
Les populations guaranis non-amazoniennes ont été fortement marquées par la colonisation de la côte atlantique de l’Amérique du sud, dès le 16ème siècle. Les groupes culturels et linguistiques ont été recomposés par la pénétration du colonialisme et l’accaparement de l’espace par les colons. Les Ñandeva seraient ainsi les descendants des « tribus itatines » qui vivaient dans l’actuel Mato Grosso et sur les rives des fleuves Uruguay et Paraguay.
A partir des années 20, leur territoire a été la cible d’une accélération de la politique de développement agricole, tant au Brésil qu’au Paraguay. Ils ont été expropriés, parqués dans des réserves de plus en plus petites et stériles et forcés de se sédentarisés en vue d’une assimilation par la société « occidentale ». Dans les années 70, les groupes qui étaient parvenus à rester dans un milieu sylvestre ont subis les ravages d’une déforestation à grande échelle et ont été contraints à fuir des zones écologiquement dévastés et l’hostilité des travailleurs du bois. C’est également à la fin des années 70 que les Pãis et les Ñandevas ont lancé un mouvement de revendications territoriales, ayant abouti à la restitution de 16 tekohas au Brésil et de 30 territoires au Paraguay. Mais ces territoires ne permettent pas à l’ensemble de la population de vivre de manière autonome pour le moment.
Sources
Bartomeu Melià, S.J. 2010. Paraguay in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 173-195.
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne: http://butler.cc.tut.fi/~fabre/BookInternetVersio/Alkusivu.html [21/03/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le ñandeva [11/04/2011]
Pages consacrées aux Pãis/ Kiowas sur le site de Povos Indígenas no Brasil [11/04/2011]
Bibliographie complémentaire
Bartolomé, Miguel Alberto 2004. Flechadores de jornales. Identidad guaraní en el Paraguay contemporáneo. Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM, 10. http://alhim.revues.org/document120.html
José Filho, Antonio 2005. A performatividade na linguagem dos Kaiowa/Guarani. Tese de doutorado. Campinas,SP: IEL, UNICAMP. http://libdigi.unicamp.br
Melià, Bartomeu. 2004. “Las lenguas indígenas en el Paraguay; una visión desde el Censo 2002” in: Joan A. Argenter & McKenna Brown (eds.), On the Margins of Nations Endangered Languages and Linguistic Rights. F.E.L. Bath (England). Pp 77-87.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
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