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Le mbyá
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue mbyá
Noms alternatifs : mbya, m’byá, guarani, guarani-mbya, apyteré, ka’ynguá, caiunguá, ñandeva.
Pour l’ensemble des populations guaranis, particulièrement les populations les plus au sud la question de l’ethnonyme est une question très complexe. Les dénominations utilisées sont souvent des mots « fourre-tout » et d’un pays à un autre, ou selon les sources, le même nom ne désigne pas forcément le même peuple. Il en est ainsi, par exemple de l’appellation « ñandeva » (signifiant « nous tous ») qui ne désigne souvent pas le même peuple selon les pays.
Au Brésil, le terme « Guarani » est souvent utilisé pour désigner un ensemble composé de locuteurs de ñandeva, de mbyá et de kaiowá (ou pãi-tavyterã).
Pour plus d’information sur les ethnonymes des populations guaranis voir le site de Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais)
Classification : Famille tupi, langues tupi-guarani, groupe I
Toutes les langues du groupe I sont très proches. Au point où certaines sources les considèrent comme autant de variantes d’une seule et même langue guarani dont la variante « officielle » serait le guarani paraguayen. Nous suivons ici Melia (2010).
Aire géographique :
Les communautés sont « éparpillées » dans une vaste zone ayant pour centre, grossièrement, les régions frontalières entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine.
– En Argentine, près de la moitié des Mbyás vivent dans la province de Misiones, au long des routes 12 et 14. Le reste de la population est disséminée dans tout le nord et le centre du Pays
– Au Brésil, les Mbyás vivent principalement dans les zones rurales et côtières des états du sud (Espirito Santo, Sao Paulo, Rio de Janeiro, Paraná, Santa Catarina et Rio Grande du Sud).
-Au Paraguay : dans les départements de Caaguazú, Guairá, Caazapá, San Pedro, Concepción, Canindeyú et Itapúa, mais aussi un peu partout dans la partie orientale du Paraguay
Nombre de locuteurs :
Il est difficile d’avoir des chiffres précis sur la population mbyá, qui échappe en partie aux recensements. C’est une population transfrontalière (sur trois pays), dont les individus sont très mobiles et qui se méfient des recensements.
-En Argentine : Selon la ECPI, cité par l’UNICEF, 8 223 personnes se reconnaissent comme « Mbyás », dont environ 4000 dans la province de Misiones. Parmi ces dernies environ 80% sont locuteurs quotidiens de la langue. L’UNICEF ne donne pas de chiffres totaux de locuteurs pour l’ensemble du pays.
-Brésil : les chiffres varient énormément selon les sources, qui ne distinguent pas forcément la population mbyá des populations Kiowá (Pãy-Tavyterã) et Ñandeva. La FUNAI estimait, en 2008, la population mbyá a environ 7000 personnes.
-Au Paraguay : Selon la DGEEC, cité par l’UNICEF, il y aurait environ 14 000 Mbyás dont 10 000 locuteurs de la langue.
L’ethnologue, 16ème édition, estime la population totale à environ 25000 personnes.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Enseignement : Au Paraguay, il existe quelques classes bilingues pour les premières années de scolarité, mais la difficulté de former des maîtres locuteurs de la langue empêche cette éducation de se développer.
Vitalité et Transmission :
La vitalité de la langue varie selon les pays. Pour l’UNESCO, le mbyá est « sévèrement en danger » en Argentine (degré 3 sur une échelle de 5), « en danger » au Paraguays (degré 2) et « vulnérable » au Brésil (degré 1).
La langue est plus vivace et mieux transmise au Brésil qu’ailleurs. Selon Povos Indígenas no Brasil , au Brésil la langue est utilisée dans la communication intra-communautaire et peu de Mbyás sont locuteurs de portugais, alors qu’au Paraguay la pénétration du guarani paraguayen est très forte (50% de bilingues) et un processus d’abandon de la langue au profit de la langue officielle du Paraguay (avec l’espagnol) est à craindre pour les plus jeunes générations.
Précisions ethnographiques :
Les Mbyás partagent de nombreux traits culturels avec les autres populations guaranis du Brésil, comme les Kiowás, par exemple. Ils vivent en petit groupes familiaux, un sein d’un tekoha.
Un tekoha n’est pas seulement un territoire, mais c’est un espace physique (incluant les plantes, les animaux, les rivières, etc.), permettant à un groupe d’exercer son mode de vie de manière harmonieuse et équilibrée. Un groupe est défini par le tekoha dans lequel il évolue. Ce tekoha constitue, pour ainsi dire, l’unité sociale et politique fondamentale des Mbyás.
Au sein du tekoha les individus sont en mouvement permanant, pour un ensemble de raisons variées (mariages, visites, apprentissages, conseils, échanges de toutes sortes, etc.). Ces mouvements ne doivent pas être confondus avec un simple « nomadisme » de subsistance et n’ont pas complètement cessés avec la sédentarisation forcée et la réduction des territoires.
Les Mbyás se reconnaissent entre eux comme un seul peuple, en dépit des grandes distances et des frontières qui séparent les différentes communautés.
Ils sont restés presque sans contact avec le monde colonial jusque dans les années 60. Mais l’espace forestier dans lequel ils vivaient s’est réduit drastiquement dans les 40 dernières années.
A la fin des années 70, l’extension de l’autoroute transamazonienne a « perforé » le cœur de ce qu’il restait de la forêt. Les compagnies chargées de la construction de cette autoroute ont été contraintes de créer des zones de « réserves écologiques », mais ces zones ont été interdites à toute population humaine. Les Mbyás se sont retrouvés coupés de leur environnement, obligés de vivre en marge de ces dernières zones forestières.
Les tekohas des Mbyás sont cernés par le développement des hestancias et des plantations de soja, de tabac et de yerba mate à l’intérieur des terres et par le développement des infrastructures touristiques sur les côtes sud du Brésil.
La chasse ayant été pratiquement abandonnée, faute de ressources, la base de l’économie réside désormais sur une petite agriculture communautaire (essentiellement des céréales et des tubercules). Mais selon De Castro Alves, peu de Mbyás travaillent loin de leur communauté d’origine (contrairement aux autres populations guaranis). Seuls quelques jeunes bilingues ont été recrutés par le gouvernement pour travailler localement dans le système éducatif ou dans la santé, souvent comme « médiateurs ».
Pour en savoir plus sur l’histoire, la culture et le mode de vie des Mbyás, voir les pages qui leur sont dédiées sur l’indispensable site de Povos Indígenas no Brasil
Sources
Bartomeu Melià, S.J. 2010. Paraguay in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 173-195.
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Censabella, Marisa .2010. Argentina en el Chaco in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, p 159-169.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [28/03/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le mbyá [28/03/2011]
Pages consacrées aux Mbyás sur le site de Povos Indígenas no Brasil [28/03/2011]
Bibliographie complémentaire :
Bartolomé, Miguel Alberto 2004. Flechadores de jornales. Identidad guaraní en el Paraguay contemporáneo. Amérique Latine Histoire et Mémoire. Les Cahiers ALHIM, 10. http://alhim.revues.org/document120.html
Melià, Bartomeu. 2004. “Las lenguas indígenas en el Paraguay; una visión desde el Censo 2002” in: Joan A. Argenter & McKenna Brown (eds.), On the Margins of Nations Endangered Languages and Linguistic Rights. F.E.L. Bath (England). Pp 77-87.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org