Imprimer |
Le lakantun
Données collectées par l’UNICEF et le programme DoBes
Données sur la langue lakantun
Noms alternatifs : jach-t’aan, lacandon
Note : Lakantun correspond à la graphie « maya » de la langue, lacandon (ou lacandón) correspond à la graphie « occidentale » ; cette dernière est sans doute la plus courante dans la littérature. Jach t’aan correspond à l’autodénomination de la langue (qu’on peut traduire par « la vraie langue »).
Principaux dialectes : Il existe, selon les représentations traditionnelles, une différence entre le dialecte parlé par le groupe nord et celui parlé par le groupe sud. Les deux variantes cependant sont assez proches.
Classification : Famille des langues mayas, branche yukateko.
Aire géographique :
Mexique, Etat du Chiapas. Les deux groupes vivent dans la selva lacandonia, forêt tropicale, située à la frontière avec le Guatemala, sur les rives de l’Usumacinta et ses affluents. Le groupe nord réside sur la rive nord-est de la rivière, près de Palenque et le groupe sud vit au sud-est, près des ruines de Bonampak.
Nombre de locuteurs :
Selon DoBes, le nombre total de la population Lakantun n’excède pas les 600 individus, presque tous locuteurs de la langue. Selon l’INALI, il y avait 563 locuteurs de lacandon en 2000.
Statut de la langue :
Au Mexique, l’espagnol est la langue officiel de Facto, mais, à l’image des autres langues indigènes, le lakantun jouit du statut de «langue nationale ». Ce qui lui confère, en théorie, une protection générique.
Selon Linguamón :
« La législation linguistique est assez abondante en matière de langues autochtones. Le texte le plus important est celui de la Loi générale sur les droits linguistiques des peuples autochtones, en vigueur depuis 2002, dont les objectifs sont la reconnaissance et la protection des droits linguistiques, individuels et collectifs, des communautés indigènes, ainsi que la promotion, l’utilisation et le développement des langues indigènes qui ont le statut de « langues nationales ». Mais en réalité, le modèle linguistique mexicain tend plutôt à l’assimilation qu’à la promotion des langues et des cultures indigènes. »
La faible population de locuteurs rend particulièrement inefficace cette protection, dans le cas du lakantun.
Vitalité et Transmission
Selon L’UNESCO, le lakantun est une langue « en danger critique ». Si on compte encore des monolingues dans la population Lakantun, et si , au sein des communautés, la langue est encore utilisée, le faible nombre de locuteurs, la dégradation de leur environnement, la scolarisation des jeunes en espagnol et leurs conditions de vies précaires, compromettent grandement l’avenir de la langue à court terme.
Le lakantun est l’une des langues mayas et l’une des langues indigènes du Mexique les moins connues et les moins documentées. Un projet de documentation vidéo et de revitalisation a été mis en place par l’Université de Victoria (Canada) sous l’égide du programme DoBes. Pour plus d’information voir :
Le site du Lacandon Cultural Heritage, dédié à ce projet
Et le site de l’Université de Victoria qui consacre une page spéciale à la documentation du lakuntun (lacandon, ici)
Précisions historiques et ethnographiques
Les Lakantun seraient des descendants d’une partie de la population Yukateko qui aurait fui la colonisation espagnole en se réfugiant dans les forêts du Chiapas, aux alentours du 17ème ou 18ème siècle. Ils sont restés très longtemps isolés, de la société coloniale et des autres groupes mayas.
Ils ne constituent pas un groupe ethnique, on reconnait traditionnellement deux grands groupes, le groupe du nord et le groupe du sud.
Ils se distinguent, entre autre, par leur degré de conservatisme culturel. Ainsi, contrairement au groupe du sud, le groupe du nord n’a pas été christianisé jusqu’à très récemment. Il a longtemps conservé les pratiques religieuses ancestrales. Les pratiques religieuses et cultuelles traditionnelles des Lakantun sont étroitement liées à leur environnement naturel. La déforestation croissante et l’installation dans la région de migrants du reste du pays provoquent le déclin de la culture Lakantun.
La mort, dans les années 90, du chef politique et culturel du groupe sud, Chan K’in Viejo a déstabilisé la résistance du groupe nord à l’assimilation et à la colonisation et une déculturation rapide est en cours.
Ce n’est qu’à partir des années 70, que le gouvernement mexicain multiplia les contacts avec les Lakantun, leur payant un droit d’exploitation de la forêt et relocalisant proche de leur territoire des villages Ch’ol et Tzeltal, bien plus « occidentalisés » que les Lakantun. Cette exploitation de la forêt et les contacts avec la société nationale mexicaine ont occasionné une déforestation dramatique et une exposition aux virus, entrainant une chute drastique de la population Lakantun et un déclin rapide des pratiques culturelles et économiques traditionnelles.
La langue qu’ils parlent est relativement vierge d’emprunt à l’espagnol, ce qui n’est pas le cas des autres langues mayas proches. Elle serait l’une des langues mayas les plus archaïques.
Pour plus d’informations sur la langue lakantun et ses locuteurs, voir les pages qui leurs sont consacrées sur le site de DoBes (en anglais)
Sources
Díaz Couder Ernesto (2010). « México » In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 2, pp 889- 916.
Sources en ligne
Pages dédiées sur le site de DoBes
Site du Lacandon Cultural Heritage
Bibliographie complémentaire
GRINEVALD, C. 2007 «Endangered Languages of Mexico and Central America», in Brenzinger, M. (éd.), Language Diversity Endangered, Trends in Linguistics, Mouton de Gruyter, Berlin-New York.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org