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Le krénak
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue krénak
Noms alternatifs : Krén, botocudo, botocudo de l’est, krenaque, aimoré, aymoré, nakrehé, uti-krag, munhãjirum miñajirum, borun, gueren.
Le nom « botocudo » a été employé par les premiers colons portugais pour désigner plusieurs populations différentes. Il fait en fait référence aux plateaux labiaux que portaient les membres de ces groupes. Il ne faut donc pas confondre le krenak et le kaingang, ou le xokleng, également dénommés autrefois « botocudo ». Krén correspond à l’autodénomination (auto-ethnonyme).
Principaux dialectes : Il est difficile de parler de dialectes du krenak aujourd’hui, vu le faible nombre de locuteurs. Il est possible que les noms nakrehé, uti-krag et munhãjirum désignent d’anciennes variantes du krénak. Le gueren et l’aymoré, aujourd’hui disparus, sont parfois considérés comme des variantes d’une même langue « botocudo » au même titre que le krénak. Il semble que les certains Krénak désignent leur langue, actuellement, sous le nom de borun, nom qui a été aussi parfois donné au gueren.
Classification : Macro-Jê, Langues krénak (ou botocudo).
Nous suivons ici la classification proposée par Aryon Rodrigues (1999).
L’association de la famille des langues jê aux familles Kamakã , Maxakalí, Krenák, Pur, Kariri ainsi qu’aux isolats guato et rikbaktsa dans une « super-famille » appelée « Macro-Jé » est une hypothèse considérée désormais comme hautement probable, malgré le manque de données sur certaines de ces langues.
Le groupe des langues krenak (ou botocudo) est parfois considéré comme un ensemble dialectal dont deux des trois principales variantes sont aujourd’hui éteintes : l’aymoré et le gueren. D’autres considèrent qu’il s’agit d’un groupe de trois langues distinctes quoique proches. L’état des connaissances sur le gueren et surtout l’aymoré ne permet pas de trancher entre ces deux tendances.
Aire géographique : Brésil, Etat du Minas Gerais, sur la rive gauche de la rivière Doce, au niveau des villes d’Ipatinga, de Diamantina et de Governador Valadares.
Nombre de locuteurs : Le recensement de la FUNASA, 2010, comptait une population « ethnique » d’environ 350 personnes, mais très peu sont réellement locuteurs de la langue. Selon Seki (1985), « moins de 20 personnes âgées conserveraient quelques connaissances de la langue ». L’ISA, parle lui d’une dizaine de locuteurs, principalement des vieilles femmes.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission :
Selon l’UNESCO, le krenak est une langue « en danger critique », au bord de l’extinction. Les locuteurs sont tous très âgés et les plus jeunes générations sont monolingues en portugais.
Précisions historiques
Les Krenak aujourd’hui sont le dernier groupe survivant des « Botocudo de l’est ». Ils vivent sur un tout petit territoire qui leur a été difficile d’obtenir.
Avant la colonisation, les Krenak étaient des chasseurs (et pêcheurs)-cueilleurs, semi-nomades qui vivaient dans les forêts de la côte atlantique de l’actuel Brésil, dans la zone de la Baie de Tous les Saints. Ils ont été chassés de cette zone par les Tupi, et sont installés sur les rives de la rivière Doce.
Quand les colons européens se sont installés dans la région, les Krenak ont été parmi les peuples autochtones du Brésil les plus résistants au colonialisme. Ils ont été victimes de représentations très négatives chez les colons, accusés d’être des cannibales (ce que rien, à ce jour, n’atteste), violents et rétifs à la civilisation. Ils ont vu le gouvernement colonial portugais déclencher plusieurs « guerres justes » contre eux afin de les pacifier et les sédentariser au début du 19ème siècle.
Au long du 20ème siècle, ils ont été continument victimes des exactions du pouvoir, parqués et déplacés, les plus rétifs d’entre eux incarcérés dans des « centres de rééducation indigène » et leur territoire occupé de force. En 1971, une réserve de 4000 ha leur avait été attribuée sur le Rio Duce, mais le gouverneur de l’époque les en a dépossédé, les déportant vers la Fazenda Guarani, terre pauvre, sans rivière pour pêcher et sans argile pour les poteries, et également occupées par d’autres ethnies (Pataxo et Guarani, principalement).
Ne pouvant survivre dans ces conditions, une partie des Krenak a décidé de retourner s’établir sur les rives du Rio Doce, sur un tout petit territoire de 68 ha. Ce n’est qu’en 1997 que le territoire de 4000 ha, attribué légalement en 1971, leur a été officiellement rendu.
Le principale défi auquel doivent faire face les Krenak, désormais, est de survivre économiquement et culturellement sur ce territoire pauvre et limité, et dont l’intégrité est menacé par les exploitations agricoles et les habitants des villes environnantes qui voient leur retour d’un mauvais œil
Pour plus d’informations sur les Krenak voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil.
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [11/05/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le krénak [11/05/2011]
Pages consacrées aux Krenak sur le site de Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais) [11/05/2011]
Page consacrée au krénak sur le site de Linguamón [11/05/2011]
Bibliographie complémentaire
Araújo, Ana Valéria 1996. « Por unanimidade, a reconquista da terra Krenak ». En: Carlos Alberto Ricardo (ed.), Povos Indígenas no Brasil 1991/1995: 695-696. São Paulo: ISA.
Pessoa, Katia Nepomuceno 2008. A língua Krenak: fonologia não-linear e aspectos morfossintáticos. Anais do SETA, 1: 389-394.
Rodrigues, Ayron D. 1999. « Macro-Jê » In R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald, (eds) The Amazonian languages, Cambridge University Press.
Seki, Lucy F. 1984. Botocudos. Notas para a história de uma supervivência. Campinas, SP (ms.).
Seki, Lucy F. 1985. Descrição da língua Krenak/Nakrehé. Campinas, SP (ms.)
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org