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Le kawésqar
Données collectées par l’UNICEF.
Données sur le kawésqar
Nom de la langue : kawésqar (ou alacalufe)
Noms alternatifs : Kawéskar, Kawashkar, Kawesqar, Qawasqar, Alacaluf, Alacalufe, Halakwulup.
Note : l’appelation « alacalufe » aurait une connotation péjorative. « Kawésqar » est l’auto-dénomination.
Classification : Le kawésqar appartient à la famille de langues alacalufanes dont il est aujourd’hui le dernier représentant. On considère généralement que l’autre langue de ce groupe est le kaukahua, aujourd’hui éteint et très méconnu. Etant le dernier représentant de sa famille linguistique, le kawésqar est généralement présenté comme un isolat.
Il a été suggéré des rapprochements possibles des langues alacalufanes avec l’isolat yagàn ou les langues de la famille chon (langues géographiquement voisines) ; mais aucun de ces rapprochements n’est suffisamment prouvé pour le moment.
Principaux dialectes :
Il existe une division du kawésqar en trois groupes : septentrional, central et méridional. Cette division est plutôt géographique que linguistique. Seul le kawésqar septentrional est encore parlé (Fabre, 2007).
Aire géographique :
Chili. Le territoire traditionnel kawésqar se trouve dans la région côtière de l’extrême sud-ouest du pays, comprise entre le golfe de Penas et le détroit de Magellan, région composée d’un réseau d’îles et de fjords appelé communément les « canaux patagoniens ». La plupart des locuteurs se trouvent aujourd’hui sur l’île de Wellington dans la ville de Puerto Eden.
Nombre de locuteurs :
L’Unicef donne le chiffre de 2 622 personnes se définissant comme « Kawésqar » (Recensement du Chili, 2002) ; mais très peu ont une connaissance, même partielle, de la langue.
Il resterait, selon l’UNICEF, une douzaine de locuteurs partiels sur l’île de Wellington, plus particulièrement dans la petite ville de Puerto Eden et seulement deux locuteurs natifs très âgés. Fabre (2007), lui, compte 47 locuteurs adultes possédant des niveaux de compétences variables.
Statut de la langue :
Pas de statut officiel. Selon Linguamon : Au Chili, la Constitution ne prévoit aucune langue officielle, bien que l’espagnol le soit de facto. « La loi nº 19 253 ou Loi indigène de 1993 fixe les normes relatives à la protection, la promotion et le développement des cultures et des langues indigènes, et crée la Corporation nationale de développement indigène (CONADI), organisme chargé de la promotion, de la coordination et de l’exécution des actions de l’État dans ce domaine. »
Vitalité et Transmission :
La langue est au bord de l’extinction, elle n’est plus transmise et les derniers locuteurs natifs sont très âgés. À moins d’efforts de revitalisation de grande envergure elle s’éteindra probablement dans les années 2010. Elle est l’une des dernières langues autochtone de Patagonie.
Précisions ethnographiques et sociologiques
Avant la colonisation les Kawésqar partageaient avec les Yagàn (ou Yamana) le mode de vie nomade des autochtones de la zone australe de l’Amérique du sud. Ce mode de vie leur a valu d’être appelés « nomades de la mer » par l’ethnologue José Emperaire, expression passée depuis dans l’imaginaire collectif.
Ils vivaient dans une région composée d’un immense réseau de canaux naturels navigables, qui étaient à la fois leurs « routes » de transport et leur source principale d’alimentation.
L’unité sociale de base était un groupe familial de petite taille. Ils ne pratiquaient pas vraiment l’agriculture. L’alimentation reposait essentiellement sur la pêche, la cueillette servait d’alimentation de complément. Ces familles étaient organisées de façon à favoriser un nomadisme nécessitant une grande mobilité. Les possessions matérielles étaient très réduites. Le moyen de transport privilégié était un canoë de bois léger. Les habitations circulaires, faites de peaux tendues sur une structure en bois étaient faciles à démonter et à transporter.
On estime que les Kawésqar sont présents dans la zone des canaux patagoniens depuis plus de 6000 ans. Sédentarisés à partir des années 30 et l’ouverture d’un avant poste pour hydravion à Puerto Eden, ils ont perdu progressivement leur mode de vie, leur langue (au profit de l’espagnol) et leur culture.
Pour plus d’information sur la culture et la langue kawésqar, voir l’excellent site réalisé par l’ethnolinguiste Oscar Aguilera Faundez, Université du Chili (en espagnol)
Source
Hernandez, Arturo & Argüelles, Nallely. 2010. Chile patagónico in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp126-132.
Liens
Dictionnaire kawésqar en ligne sur le site du Projet IDS, du Max Planck Institute
Portail des cultures indigènes du Chili, Ser Indegena (en espagnol)
Données collectées par l’UNICEF sur le kawésqar
Page du site de Linguamon, consacrée au kawésqar
Bibliographie complémentaire
Fabre, Alain 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [08.02.2011]
Emperaire, José. 1955. Les nomades de la mer. Paris
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005), pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org