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Le karajá
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue karajá
Noms alternatifs : Caraiauna, carajá, xambioá, javaé, ynã, iny, ini.
« Karajá » bien qu’appellation la plus utilisée aurait une connotation péjorative. « Iny » correspond à l’autodénomination du peuple (auto-ethnonyme).
Principaux dialectes : il y a trois principaux dialectes, l’un s’appelle également karajá, les deux autres dialectes sont le xambioá et le javaé. Une distinction au sein du dialecte karajá est parfois faite entre le karajá du nord et le karajá du sud.
Ces dialectes sont parfois vus comme des langues à part entière par certains linguistes.
Il existe également, comme pour d’autres langues amérindiennes, une différence entre la langue utilisée par les hommes et celle utilisée par les femmes, bien que l’intercompréhension soit totale. Ces deux variantes se distinguent phonologiquement et lexicalement.
Classification : phylum Macro-Jê, karajá.
Nous suivons ici Rodrigues (1999) qui inclus le karajá, par ailleurs longtemps considéré comme un isolat, dans une « macro-famille Jê » comprenant les langues Jê proprement dîtes et d’autres familles ou langues isolées telles que les familles Kamakã , Maxakalí, Krenák, Pur, Kariri ainsi que le guato, l’ofayé et le rikbaktsa.
Ce « phylum Macro Jê » est une hypothèse considérée désormais comme hautement probable, malgré le manque de données sur certaines de ces langues
Aire géographique : Brésil, Etats de Tocantins, Pará, Goiás, Mato Grosso. Les 29 villages karajá sont situés au long du Rio Araguaia qui sert de frontières à quatre états brésiliens, le long du Rio Javaés et sur l’île de Bananal, la plus grande île fluviale du monde, au milieu du Rio Araguaia.
Nombre de locuteurs : Selon la FUNASA (2010) la population Karajá s’élève à 3198 personnes. Le nombre exact de locuteurs n’est pas connu avec précision, mais le pourcentage de locuteurs de la langue ancestrale serait très élevé au sein de la population karajá. Les estimations varient entre 1500 et 3000 locuteurs (Fabre 2005). Il est possible que l’estimation basse ne concerne que le seul dialecte karajá, la similarité entre le nom du dialecte et de la langue peut créer une certaine confusion. Le dialecte karajá est celui qui compte le plus grand nombre de locuteurs et le xambioá celui qui en compte le moins (environ 200 personnes).
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission : Malgré une représentation globalement positive de la langue au sein des communautés karajá, la langue doit être considérée comme une langue en danger ne serait-ce qu’à cause du faible nombre de la population et de la pression sans cesse grandissante de la société « occidentale » qu’elle subît.
Dans certains villages, comme Xambioá ou Aruanã le portugais est devenu dominant et on peut craindre un abandon de la langue dans ces cas-là. Mais dans les autres villages la langue se maintient relativement bien, elle est toujours transmise et elle est la langue maternelle des enfants, qui apprennent le portugais par le biais de l’école.
Enseignement : Selon Linguamón : Les Karajás sont « une des premières communautés où a été mis en œuvre le programme éducatif interculturel bilingue, vers 1972 ; toutefois, comme pour l’ensemble du pays, l’enseignement de leur propre langue reste purement symbolique. Une orthographe a dû être élaborée, pour que la langue maternelle puisse être enseignée à l’école primaire. La tradition orale occupe une place très importante dans l’enseignement. »
Précisions historiques
Les Karajá ont une longue histoire de contacts avec la société occidentale. Les premiers contacts remontent au 18ème siècle et se sont multiplié avec le temps. Au cours du 20ème siècle les villages Karajá sont devenus des « cibles faciles » pour les innombrables mouvements religieux, pour les visites des officiels (y compris deux présidents de la République), des journalistes, des chercheurs et des touristes.
L’artisanat Karajá : les « poupées de céramique », la vannerie, les coiffes rituelles sont très prisés de ces derniers et la pratique des peintures corporelles a fasciné les photographes et les anthropologues.
Ces contacts ont amené avec eux les traditionnels fléaux : sédentarisation, déculturation, maladies, alcoolisme et malnutrition. Néanmoins les Karajá sont un des peuples amérindiens du Brésil qui ont su le mieux préserver leur culture, leur mode et leur langue, tout en maintenant ces contacts avec la société brésilienne et même en y tenant un rôle politique. Ils font partie des peuples autochtones qui sont à la pointe des revendications sociales, culturelles et territoriales.
Pour en savoir plus sur les Karajá, voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais).
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [09/06/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le karajá [09/06/2011]
Pages consacrées aux Karajá sur le site de Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais) [09/06/2011]
Page consacrée au karajá sur le site de Linguamón [09/06/2011]
Bibliographie complémentaire
Maia, Marcus Antônio Rezende. 2001. Representações da educação Karajá. Revista Educação e Sociedade XXII/75. Campinas: CEDES.
Ribeiro, Eduardo Rivail. 2006. Subordinate clauses in Karajá. Boletim do MPEG, 1/1: 17-47.
Rodrigues, Ayron D. 1999. « Macro-Jê » In R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald, (eds) The Amazonian languages, Cambridge University Press.
Rodrigues, Ayron D. 2004. Sobre a possível origem da diferença fonética entre a fala feminina e a masculina em Karajá. LIAMES, 4.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org