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Le kaingáng
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue kaingáng
Noms alternatifs : Kanhgág, caingangue, coroado, taven, kadyrukré, guayaná, botocudo
La plupart des noms alternatifs sont désormais désuets. Kaingáng, sous diverses graphies, correspond à l’autodénomination (auto-ethnonyme).
Principaux dialectes : Selon Ursula Wiesemann, du SIL il y a, aujourd’hui, cinq dialectes principaux du kaingáng :
Le kaingáng de São Paulo, entre les Rios Tietê et Paranapanema ; le kaingáng de Paraná entre les Rios Paranapanema et Iguaçu ; le dialecte central, entre les Rios Iguaçu et Uruguai ; le dialecte du sud-ouest, entre le sud du Rio Uruguai et l’Ouest du Rio Passo Fundo ; et le dialecte du sud-est, entre le sud du Rio Uruguai et l’est du Rio Passo Fundo.
Classification : Macro-Jê, langues jê, branche jê méridionale.
Nous suivons ici Rodrigues (1999)
Certaines sources antérieures aux années 60 considéraient le xokléng comme un dialecte du kaingáng. L’usage désormais est de différencier les deux langues.
Aire géographique : Brésil, dans les états du Paraná, Rio Grande do Sul, Santa Catarina, São Paulo.
La population est répartie sur une trentaine de « territoires indigènes », mais il existe aussi des populations en marge de ces territoires. La présence de Kaingáng est également attestée dans des zones urbaines, comme à São Paulo, par exemple.
Nombre de locuteurs :
-Population ethnique : Selon le recensement de l’ISA (Instituto Socio Ambiental) de 2006 : La population totale s’élèverait à 28 000 personnes. La Recensement de la FUNASA de 2009 donne le chiffre de 33 064 personnes. Selon PIB (Povos Indígenas no Brasil), ces recensements manquent de précisions, il faut voir ces chiffres plus comme un « ordre de grandeur » qu’un recensement exhaustif. Les Kaingáng constituent probablement la population Jê la plus importante en nombre.
-Nombre de locuteurs: Il est difficile d’avoir des chiffres précis concernant le nombre réel de locuteurs de la langue. Le site de Linguamón donne une estimation de 18 000 locuteurs et l’Unesco mentionne 18 500 locuteurs.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Enseignement :
Il existe, comme on vient de le voir, un enseignement bilingue kaingáng/portugais, mais celui-ci ne concerne que la première année de scolarisation. En ne proposant pas un « vrai » enseignement bilingue, selon Linguamón l’école ne fait « que favoriser l’utilisation du portugais ».
Vitalité et Transmission :
Le kaingáng est une langue en danger selon les critères de l’Unesco.
En réalité la situation diffère selon les endroits et les communautés : dans des zones comme Ivaí et Faxinal, il reste encore un certain nombre de personnes monolingues dans leur langue autochtone, tandis que dans d’autres, comme certains villages de São Paulo, le kaingáng n’est plus du tout parlé. Il semblerait qu’une grande majorité des locuteurs soient bilingues en portugais. Une certaine conscience demeure dans l’esprit de ce peuple que la langue est un symbole d’identité. La langue kaingáng est une des langues Jê les plus étudiées et documentées.
Précisions ethnographiques et sociologiques
Comme d’autres cultures d’Amazonie, particulièrement chez les groupes de langues jê, la société Kaingáng traditionnellement dualiste, c’est-à-dire une société divisée en deux moitiés, deux groupes distincts et exclusifs où un individu appartient à l’un ou l’autre des deux groupes.
Le mythe des origines Kaingáng conte l’histoire de deux frères fondateurs Kamé et Kairu qui, après un grand déluge, sont sortis de l’intérieur de la montagne Crinjijimbés et ont crée et nommé les animaux et les plantes. Cette division entre Kamé et Kairu est un concept qui opère pour l’homme, pour la structure de la société et aussi pour le monde qui l’entoure: « le soleil est Kamé , la lune est Kairu, le pin est Kamé, le cèdre est Kairu, le lézard est Kamé et le singe est Kairu, etc. ». Dans le mythe des origines, Kamé représente la perfection, la permanence, l’achèvement et Kairu représente l’imperfection, l’impulsivité, l’inachevé… Ce dualisme n’est pas rare dans les sociétés amérindiennes, Lévi-Strauss en a fait le sujet d’un de ses livres : Histoire de Lynx.
Un individu appartient donc à une des deux moitiés de la société Kaingáng. Les mariages sont régis par une « exogamie » entre ces deux composantes, un homme kamé doit épouser une femme kairu et vice-versa. La société est matrilocative : le jeune couple marié habite avec la famille de la femme, mais patrilinéaire, l’appartenance à une des deux « moitiés » se détermine par le père ; le nom donné à un enfant porte la marque de cette appartenance.
Bien que la sédentarisation, la pénétration du modèle social occidental et les difficultés économiques que rencontrent les Kaingáng aujourd’hui ait modifié l’organisation sociale, la religion et les rites, on retrouve des traces plus ou moins marqués de cette organisation sociale traditionnelle dans les villages et les territoires indigènes Kaingáng de nos jours.
Précisions historiques
Comme les autres populations vivant dans les forêts proches de la côte atlantique (les populations guaranis-kiowá ou mbyá, par exemple) les Kaingáng ont été très tôt en contact avec les colons portugais, dès le 16ème siècle.
Le développement urbain et agricole de la société coloniale « occidentale » a progressivement réduit les territoires de vie des Kaingáng à des « réserves » de petite taille à l’environnement dégradé et les populations ont été contraintes à une sédentarisation forcée et à l’abandon de leur mode de vie traditionnelle, de la pratique la chasse et de la pêche.
De nos jours les Kaingáng tirent leur subsistance des terres agricoles administrées par les FUNAI, d’une petite agriculture familiale et de l’artisanat. Certains travaillent comme ouvrier agricole dans les fermes « occidentales » ayant envahi leur territoire.
Le peuple Kaingáng se trouve en lutte constante pour la restitution des terres dont il a été exproprié, les terres sur lesquelles vivent les Kaingáng étant trop réduites pour assurer la survie de l’ensemble de la population.
Pour plus d’information sur les Kaingáng, voir les pages qui leur sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais)
Et le site Portalkaingang (en portugais)
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [20/04/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le kaingáng
Pages consacrées aux Kaingáng sur le site de Povos Indígenas no Brasil
Page consacrée au kaingáng sur le site de Linguamón
Bibliographie complémentaire
CIMI REGIONAL SUL. 1984. Toldo Chimbangue : história e luta Kaingang em Santa Catarina. Xanxerê : Cimi.
D’ANGELIS, Wilmar da Rocha. 2002. Kaingang : questões de língua e identidade. Rev. Liames, Campinas : Unicamp, n. 2, p. 105-28.
Bastos, Jacqueline Narciso & Márcia Regina Pereira Sagaz 2005. A identidade étnica dos Índios urbanos na Gde.Florianópolis.
Lévi-Strauss, Claude. 1991. Histoire de lynx. Plon, Paris.
Rodrigues, Ayron D. (1999). « Macro-Jê » In R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald, (eds) The Amazonian languages, Cambridge University Press.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org