Imprimer |
Le guató
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue guató
Classification : phylum Macro-Jê
Nous suivons ici Rodrigues (1999) qui inclus le guató par ailleurs longtemps considéré comme un isolat, dans une « macro-famille Jê » comprenant les langues Jê proprement dîtes et d’autres familles ou langues isolées telles que les familles Kamakã , Maxakalí, Krenák, Pur, Kariri ainsi que le l’ofayé, le karajá et le rikbaktsa.
Ce « phylum Macro Jê » est une hypothèse considérée désormais comme hautement probable, malgré le manque de données sur certaines de ces langues
Aire géographique : Brésil, Mato Grosso et Mato Grosso do Sul. A l’heure actuelle il y a trois principales communautés guató : le village Uberaba, sur l’île d’Insua, dans l’état du Mato Grosso do Sul, et le Territoire Indigène de Baia dos Guató dans le Mato Grosso. La troisième communauté se trouve dans le Mato Grosso, près de Cáceres, mais cette communauté est très méconnue. On trouve des locuteurs de guató dans les environs de Corumbá, dans le Mato Grosso do Sul.
Nombre de locuteurs : Le recensement de la FUNASA (2008) compte une population Guató de 175 personnes au Mato Grosso do Sul et 195 personnes au Mato Grosso. Néanmoins presqu’aucun n’est locuteur de la langue. En 2008, l’ISA comptait 5 locuteurs de la langue, très âgés, à Corumbá. Une locutrice est décédée depuis, à l’âge de 100 ans, mais un autre locuteur, isolé, a été identifié dans la région de São Lourenço/Cuiaba.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission : La langue est au bord de l’extinction, les derniers locuteurs sont très âgés. La langue n’est plus ni utilisée, ni transmise depuis plusieurs générations. Les Guató sont désormais locuteurs de portugais.
Da Silva (2008) précise néanmoins que la langue est à nouveau enseignée dans les écoles primaires et que des efforts sont faits pour la revitaliser. On peut cependant légitimement craindre que la langue n’ait bientôt plus de locuteurs natifs.
Précisions historiques
Les Guató sont considérés comme les habitants du Pantanal par excellence. Le Pantanal est une région de marais et de savanes inondables, située le long du Rio Paraguay à la frontière entre les états du Mato Grosso, du Mato Grosso do Sul et de la Bolivie. Cette région, moins connue que la forêt amazonienne, abrite pourtant l’une des plus importantes biodiversités de la planète ; hélas gravement menacée.
Le territoire traditionnel des Guató était probablement très étendu au long du Rio Paraguay et de ses affluents, des lacs Uberaba et Gaiba, probablement sur les rives des lacs Mandioré, Vermelha et Cáceres, incluant donc une majeur partie du Pantanal.
Ce territoire est resté relativement non-altéré jusqu’à la guerre du Paraguay (1864-1870). Le sud du Mato Grosso a été l’une des régions les plus touchées par cette guerre et la population Guató a grandement souffert de la guerre et aussi des maladies véhiculés par les soldats.
Après la guerre la région est devenue très attractive pour l’expansion des fermes d’élevages et la colonisation agricole du territoire Guató a été très rapide. Expulsés de leur terre par les colons, diminués par les maladies et l’appauvrissement des ressources, la majorité de la population a trouvé refuge sur l’île d’Insua. Mais au début du 20ème siècle l’île a été la cible d’une nouvelle vague de colonisation agricole. Ceux des Guató qui refusaient de travailler pour les fermiers qui les spoliaient de leur territoire furent menacés de mort et expulsés vers les villes. En 1957 l’ancien territoire guató avait été complètement vidé de ses habitants traditionnels et les Guató furent officiellement déclaré éteints en tant que groupe ethnique.
Il a fallu attendre les années 70 pour que des missionnaires redécouvrent des communautés guató, locutrices de la langue ancestrale, près de Corumbá. En 1977 le gouvernement a reconnu l’existence des Guató, qui ont pu commencer la lutte pour la rétribution d’une partie de leur territoire. Le premier enjeu était l’île d’Insua, désormais occupée par l’armée. S’ils ont obtenu de pouvoir s’installer officiellement sur une partie de l’île, il reste beaucoup à faire pour assurer la survie des Guató en tant que groupe ethnique.
Pour en savoir plus sur les Guató, voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais).
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [16/06/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur le guató [16/06/2011]
Pages consacrées aux Guató sur le site de Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais) [16/06/2011]
Bibliographie complémentaire
José da Silva, Giovani. 2008. Guató
Oliveira, Jorge Eremites de. 1996. Guató: argonautas do Pantanal. Porto Alegre: Edipucrs.
Palácio, Adair Pimentel. 2004. Alguns aspectos da língua Guató. LIAMES, 4.
Rodrigues, Ayron D. 1999. « Macro-Jê » In R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald, (eds) The Amazonian languages, Cambridge University Press.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org