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Le créole réunionnais
Page réalisée par Simon Couturier à partir de données fournies par Gaël Velleyen (du groupe de musique Kréolokoz), ainsi que de données collectées par l’Union Latine, 2016
Données sur le créole réunionnais
Nom alternatif : Kréol réyoné, langue réunionnaise
Classification : créole de base française
Aire géographique : Sud-Est de l’Afrique – archipel des Mascareignes, La Réunion
Nombre de locuteurs: environ 600 000. (450,000 selon le site « ethnologue »). La quasi-totalité de ces locuteurs vit sur l’Ile de la Réunion.
Statut de la langue: La langue ne bénéficie pas d’un statut officiel, la langue française étant la seule langue reconnue officiellement à la Réunion.
Vitalité et transmission: Le créole réunionnais est parlé par la grande majorité des réunionnais de façon quotidienne, à la maison comme au travail. Avec un peu moins de ses 600 000 locuteurs vivant sur l’île dont la population dépasse les 800 000 personnes, c’est donc environ 75 % de la population qui parle créole. Il existe cependant un défaut de transmission de plus en plus perceptible. Les échanges administratifs ou économiques écrits se font en français, mais c’est tout de même le créole qui est privilégié à l’oral. Des initiatives en faveur de cette langue voient cependant le jour en ce qui concerne la sphère publique, par exemple dans la publicité ou les signalisations routières où l’on commence à observer la présence du créole réunionnais.
Il existe des associations, comme « Lofis la lang kreol la reyon » qui est très engagée dans la promotion et la sauvegarde de la langue de la Réunion.
Enseignement : Depuis 2002, le créole est enseigné à l’Université de La Réunion au sein d’une licence spécifique. De plus, selon un dossier du Ministère de l’éducation nationale : « Le dispositif LCR (Langues et Cultures Régionales, ndr) propose une sensibilisation au créole : une heure maximum hebdomadaire, enseignement sous forme d’option ou enseignement bilingue. Une centaine d’enseignants ont obtenu une habilitation en 2008, mais seules 4 classes de cycle 2 et 3, soit 1% des élèves réunionnais sont concernés par cet enseignement. L’enseignement à parité horaire n’est expérimenté qu’en maternelle et comptait 8 classes en 2008. Au collège et au lycée, il est possible de choisir le créole comme langue vivante obligatoire ou facultative au baccalauréat. Le créole est présent dans la formation initiale et continue à l’université : préparation du concours de recrutement des professeurs des écoles avec mention LCR ou bilingue, préparation au CAPES.
Médias / Littérature : Il existe peu de journaux en créole réunionnais. Kriké, le journal numérique de l’Université de La Réunion, propose cependant dans chaque numéro quelques articles en créole.
En ce qui concerne la télévision, il existe quelques programmes courts et émissions de loisir ou pour enfants en créole. Les médias radios sont un peu plus dynamiques en la matière, bien que le français reste majoritaire. Il existe des livres et bandes dessinées en créole et de nombreux chanteurs transmettent la langue et la culture musicale créole, à l’aide d’instruments de musique spécifiques (roulèr, kayamb, tambour malbar, Valiha). La place du créole reste cependant très minorée dans un pays où pourtant la majorité des habitants parlent principalement cette langue.
Précisions historiques / ethnographiques / sociolinguistiques
Le créole réunionnais a commencé à voir le jour au XVIIIème siècle, dans le contexte de l’esclavage, d’un mélange entre la langue des colons (le français) et les langues des populations esclaves venant des pays voisins, soit la zone de l’océan indien (de multiples langues d’Afrique, d’Inde, d’Océanie, de Chine, de Madagascar etc). Depuis la départementalisation de 1946 et surtout depuis les années 60, il y a eu une volonté politique d’assimilation de la langue Française provoquant une perte de la culture Créole. Des mouvements militants sont nés vers la fin des années 70 pour sauvegarder la culture et « l ‘Âme Réunionnaise ». Malgré l’usage quotidien du créole, la langue ne concurrence pas le français et beaucoup de locuteurs utiliseront une langue ou l’autre suivant les circonstances.
Cependant, au contraire du créole mauricien qui s’éloigne du français, le créole réunionnais suit une tendance inverse et subit une influence croissante du français du fait de la présence des médias francophones dans la vie quotidienne.OM).
Précisions linguistiques
Avec sa base lexicale Française (plus précisément des dialectes du nord ouest et de langues d’oïl telles que le normand et le gallo), le créole réunionnais a également subi l’influence de nombreuses langues telles que le malgache, l’hindi, le portugais, l’espagnol, le tamoul, du gujrati ou encore des langues de Chine.
La question de la graphie de cette langue fait encore l’objet de débats très passionnés, aucune graphie officielle n’ayant été décidée à ce jour. Une tendance graphique phonétique se dégage tout de même en particulier grâce aux artistes qui la propage.
Sources / Liens
http://lofislalangkreollarenyon.re/ (site de Lofis la lang kreol la reyon)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=24&ref_id=16941 (rapport de l’INSEE sur l’utilisation du créole)
http://eduscol.education.fr/cid54713/langues-de-france-d-outre-mer-ecole.html
https://trema.revues.org/991 (article sur l’enseignent du créole à la réunion)
Bibliographie complémentaire
CHAUDENSON, Robert (1974), Le lexique du parler créole de la Réunion.
CHAUDENSON, Robert (1992), Les créoles, PUF, Que sais-je ?.
CHAUDENSON, Robert (2002), « Le cas des créoles », in Hérodote, revue de géographie et de géopolitique, n° 105, pp. 60-72.
Bibliographie complète : http://www.language-archives.org/language/rcf
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org