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Le bayot
Page réalisée par Mbacké Diagne, membre du projet Sénélangues.
Femmes Bayot (©Mbacké DIAGNE, 30 mars 2010).
Données sur la langue
Noms alternatifs : Baiot, Baiote, Bayotte
Dans la littérature, la dénomination est orthographiée de manière variable. J’ai préféré l’appellation « bayot » plus répandue et qui est en conformité avec la prononciation des locuteurs et la transcription phonologique utilisée par les structures techniques chargées de la codification des langues au Sénégal.
Classification : Famille Niger-Congo, branche Atlantique Nord, groupe bak, sous groupe joola
Nous sommes bien conforté dans notre conviction que le bayot est une langue à part entière et non un dialecte jóola par non seulement les travaux de Greenberg, mais aussi par ceux de la SIL.
Principaux dialectes : kugere, kuhi§e
Aire géographique :
Le bayot est parlé principalement au Sénégal, en Casamance, au sud de Zinguinchor dans un ensemble de villages groupés autour de la communauté rurale de Nyassia.
Par ailleurs, cette langue est également parlée en Gambie et en Guinée Bissau.
Nombre de locuteurs :
Ethnologue (2006) recense un total de 18 790 locuteurs répartis dans les trois pays mentionnés : Sénégal, Gambie et Guinée Bissau.
Le chiffre de 16 100 est avancé pour le seul Sénégal. L’Unesco donne 17 150 (2002)
Statut de la langue :
Le bayot n’a toujours pas obtenu le statut de langue nationale au Sénégal, parce qu’il n’a pas encore été codifié. Le processus est néanmoins entamé.
Vitalité et Transmission :
Selon l’auteur, le bayot fait partie des langues « en danger » du Sénégal bien que, parmi les autres langues du groupe bak, ce soit l’une des moins menacées. L’atlas linguistique de l’Unesco la considère, quant à lui, comme « vulnérable ».
La langue n’est utilisée qu’en milieu bayot, essentiellement transmise aux enfants dans le cadre familial. L’âge moyen des locuteurs tournerait autour de 30 ans.
La langue n’est pas enseignée dans les écoles et ne possède pas le statut de langue véhiculaire avec d’autres ethnies.
Cependant, on sent, chez les locuteurs, une réelle volonté de la faire vivre et de l’utiliser dans la communication. En contact avec d’autres ethnies, les Bayot ont tendance à privilégier d’autres langues telles que le joola fogny, le kasa, le français ou encore le wolof (en particulier dans la banlieue de Dakar).
Précisions historiques
L’histoire des Bayot est peu connue maisais, selon nos enquêtes, leur origine et leur arrivée dans la région sud de Zinguinchor sont très anciennes.
Aujourd’hui (2010), la situation se trouve aggravée par une guerre civile nourrie par une rébellion jóola contre le gouvernement sénégalais vieille de plus de vingt-cinq ans. Les Bayot, peuple très engagé dans le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), ont vu la plupart de leurs villages détruits et leurs fils déplacés ou exilés dans les pays limitrophes du Sénégal.
La société bayot vivant autour de la communauté de Nyassia est à présent totalement défaite et grandement réduite du point de vue démographique. Des villages entiers ont été rasés lors des affrontements entre rebelles et militaires de l’armée nationale sénégalaise. C’est le cas par exemple de Badème, le village natal de mon principal informateur, Bertrand Sagna.
Précisions sociolinguistiques
Le bayot partage l’environnement immédiat d’une quinzaine de langues dont la plupart appartient au groupe bak. Il s’agit du bainouk, du balante, du bandial, de l’ejamat, du gusilay, du jola-fogny, du jola-kasa, du karon, du kerak, du kuwaataay, du mandinka, du mandjak, du mankagne, du mlomp, et du pulaar.
À ce voisinage linguistique indigène déjà très dense, viennent s’ajouter, d’une part, le français, véhiculé par l’école occidentale et l’Eglise et, d’autre part, le wolof qui s’implante de plus en plus à cause de l’arrivée des fonctionnaires nordistes affectés dans la zone et l’émergence de marchés hebdomadaires dans tous les villages centraux.
Précisions linguistiques
Le bayot est une langue à classes nominales. Tous les nominaux et leurs déterminants (exceptés les pronoms personnels) portent la marque de classe nominale.
À part les noms propres et quelques rares noms communs, tous les autres noms portent un préfixe de classe. Ce préfixe détermine la marque d’accord entre le nom et ses déterminants. S’il n’est pas apparent alors l’accord permet de l’identifier. Les classes nominales bayot sont donc des classes d’accord.
Ce faisant, nous nous sommes rendus compte que le bayot est une langue de type SVO (sujet-verbe-objet), mais pas exclusivement puisque des structures SOV, OVS existent bien dans la langue. Dans certains contextes, elles sont mêmes obligatoires.
Sources
Quantité : 07
Qualité : 04
Liens
Site du projet Sénélangues : http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/senelangues/
Site du laboratoire Langage Langues et Cultures d’Afrique Noire (LLACAN) : http://llacan.vjf.cnrs.fr/
Site du laboratoire Dynamique Du Langage (DDL) : http://www.ddl.ish-lyon.cnrs.fr/index.asp?Action=Edit&Langue=FR
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org