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L’asturien
Données collectées par l’Union Latine qui œuvre à la mise en valeur de l’héritage culturel de ses 37 pays membres.
Données sur l’asturien
Noms alternatifs : asturiano-leonés, bable, leonés
Classification : Familles : indo-européenne, romane, variante de l’espagnole
Aire :
Nord et ouest de la province de Castilla y León, Principauté des Asturies , Région limitrophe de la Galice, Terra de Miranda do Douro (nord du Portugal)
Nombre de locuteurs :
Le SIL donne 100 000 locuteurs en langue première et 450 000 en seconde langue et passifs, d’après une étude de Botas (1994). Leclerc (2001) donne 200 000 locuteurs. Il faut être prudent avec les déclarations positives quant à la pratique ou à la compréhension de la langue. Une enquête de 1983 donnait 100 000 locuteurs et 250 000 déclarant comprendre la langue tandis qu’une autre enquête de 1991 donnait 450 000 locuteurs.
Statut de la langue :
pas de statut officiel.
L’asturien est reconnu par le Statut d’autonomie des Asturies, mais il n’est pas considéré comme officiel, contrairement à ce qui se passe pour d’autres langues d’Espagne.
L’administration qui représente le gouvernement central ne tient pas compte de l’asturien, tandis que le gouvernement régional prend en compte l’asturien de manière sérieuse. Certaines campagnes ont été affichées en asturien, et l’administration accepte sans difficulté des textes en asturien.
Article 4 du Statut d’Autonomie :
« La protection du « bable » sera assurée. Son emploi et sa présence dans les médias et au sein du système scolaire seront encouragés, respectant dans chaque cas les variétés régionales et la volonté de l’apprendre. »
Article 10 du Statut d’Autonomie :
« La Principauté des Asturies possède la pleine compétence en matière : […]
– de promotion de la recherche et de la culture, notamment en ce qui a trait aux manifestations régionales ainsi qu’à l’enseignement de la culture locale.
– de promotion et de protectio des différentes variétés de « bable » utilisées, en tant que « modalités linguistique », sur le territoire de la Principauté des Asturies. »
Vitalité et transmission:
L’Unesco considère que l’ensemble asturien-léonais est en danger
Médias et diffusion :
Littérature
Literatura, revue littéraire
Llettres Asturianes, revue littéraire
Sietestrellu, revue littéraire
Zimbru, revue littéraire
Médias
Antena Norte, radio qui propose de nombreuses émissions en asturien
Alitar Asturies
Asturias, revue ethnographique
Asturies Cultural
Asturnews (premier périodique électronique en asturien)
Cadena S.E.R. XIXón émet en espagnol et asturien
Cultures, revue culturelle
El comercio, journal qui publie chaque semaine une section de deux pages en asturien
El Fielatu, revue mensuelle
El Gochu
El Gomeru, revue humoristique
Krasnia, publication trimestrielle qui édite des informations en asturien
La nueva españa, hebdomadaire qui publie irrégulièrement quelques articles en asturien
La Voz de Asturias, journal avec sections en asturien
Les Noticies, publication hebdomadaire fondée en 1996 entièrement en asturien (5 000 exemplaires)
Les quatre journaux espagnols diffusés en Asturies publient un nombre plus ou moins important d’articles en asturien
M-80 Asturias émet 20 heures par semaine en espagnol et asturien
Radio Kras (radio libre) émet presque entièrement en asturien
Radio Langreo émet tous les jours en espagnol et asturien
Radio Sele (radio culturelle diffusant entièrement en asturien)
Radio Ser Gijon émet 28 heures par semaine en espagnol et asturien
Revista Asturies
TLG-Television Local Gijon (la télévision locale de Xixon) émet 2 heures par semaine en asturien
Uviéu-TLU (télévision locale d’Oviedo) diffuse à peu près 3 heures d’asturien par semaine
XYZ, revue pour les jeunes et Lleo-lleo, Rede C et la Bígara, revues pour les scolaires paraissent en asturien
Enseignement
Utilisée comme moyen d’enseignement dans certaines écoles maternelles et primaires, enseignée de manière facultative aux niveaux primaire et secondaire. Option dans les écoles normales et à la Faculté de philologie de l’université d’Oviedo.
Précisions historiques
L’asturien est né de la fragmentation dialectale du latin. Mais un substrat de langues pré-latines, parlées sur le territoire avant l’apparition du latin, a influencé l’asturien.
L’asturien est lié à l’histoire du royaume des Asturies (718-910) qui deviendra plus tard le royaume des Asturies et de Leon.
- XIIe s. : Premier texte connu écrit en asturien.
- L’asturien sera longtemps en situation diglossique avec le latin. Néanmoins, on a retrouvé de nombreux écrits officiels en asturien (testaments, accords, contrats, etc.).
- XIVe s. : Le castillan s’introduit par le biais d’administrateurs du royaume de Castille. L’asturien ne sera alors plus utilisé à l’écrit pendant deux siècles.
- XVIIe s. : Antón de Marirreguera lance une tradition littéraire qui se poursuit jusqu’à nos jours.
- XVIIIe s. : La « Xeneracion del Mediu Siglu » (génération du milieu du siècle) développe un ensemble d’oeuvres poétiques.
- XVIIIe-XIXe s. : A côté de la production littéraire, quelques intellectuels s’intéressent à la langue asturienne et contribuent à mieux la faire connaître.
- 1887 : Première monographie dialectale asturienne par A. W. Munthe, Anteckningar om folkmalet i en trakt af Vestra Asturien, Upsala.
- Mais l’unification du pays et la scolarisation en espagnol font considérablement baisser le nombre de locuteurs, ainsi que sa représentation, qui devient largement négative.
- 1936-années 1970 : Sous la dictature franquiste, la culture asturienne se réduit à des oeuvres folkloriques.
- Lors de la chute du franquisme, le mouvement des autonomies régionales gagne les Asturies, et des Asturiens (écrivains, intellectuels) tentent de réhabiliter la langue.
- Années 1970 : Campagnes en faveur de l’enseignement de l’asturien à l’école, avec notamment des affiches réclamant « Bable nes escueles » (« Le bable dans les écoles »).
- 1973 : Première Assemblée régionale du bable à Uviéu.
- 1974 : Création du Conceyu Bable (Conseil de la langue asturienne).
- 1980 : L’Academia de la Llingua Asturiana (Académie de la langue asturienne) est créée . Elle a pour objectif d’établir les normes linguistiques de la langue asturienne.
- 1981 : Statut d’autonomie.
- 1983 : Première expérience d’enseignement de l’asturien dans une école. Le nombre d’écoles proposant cet enseignement ne cessera alors de croître dans le secteur public.
- 1985 : Création du Servicio de Enseñanza Lingüistica.
- 1998 : Le Parlement asturien vote une loi développant l’article 4 du Statut d’autonomie. La loi impose à l’administration régionale d’accepter les documents rédigés en asturien et d’y répondre en asturien. Elle impose aussi une toponymie en asturien avec une exception pour les grandes villes avec toponymie bilingue. L’asturien sera aussi enseigné sauf refus explicite des parents.
- Cette loi a provoqué une réaction de la Delegación del Gobierno, qui représente le pouvoir central espagnol dans les Asturies. L’affaire a été portée devant les tribunaux.
- 2002 : La ville de Miranda do Douro accueille le Ve Colloque international sur les langues et législations européennes, organisé par le CIEMEN de Barcelone.
Précisions sociolinguistiques
En situation diglossique, l’asturien a longtemps été considéré comme un simple « dialecte » de l’espagnol (les deux langues sont effectivement structurellement très proches), ou comme un « mauvais espagnol », situation classique connue dans bien d’autres régions et pour d’autres langues. Un certain changement est apparu depuis les années 1980 : certains travaux ont mieux fait connaître l’asturien et ont commencé à lui redonner une certaine légitimité, ne serait-ce qu’en temps que « langue ». Ils ont aussi fait progresser l’idée d’une conscience linguistique, même si celle-ci n’est pas présente chez tous les locuteurs.
Toutefois, malgré un gain d’évaluations plus positives, le nombre de locuteurs continue de baisser ; les locuteurs de l’asturien sont plutôt âgés et vivent plutôt en milieu rural. L’exode rural n’a pas favorisé la conservation de la langue, ainsi qu’une importante crise socio-économique qui touche la région.
Extraits
Extrait d’une courte description de la langue asturienne :
«La realidá llingüística d’Asturies nun ye mui conocida fuera del país. El fechu de que l’asturianu nun seya una llingua oficial, anque sí tea reconocida oficialmente, pon-y torgues a esta conocencia. D’otru llau, el nun tar la reivindicación llingüística arreyada a un movimientu políticu fuerte fexo que la llingua asturiana tuviera ausente nos caberos años de munchos de los foros onde taben presentes les otres llingües minorizaes d’Europa.» (Source)
Extrait audio :
Sources et bibliographie complémentaire :
ALVAR, Manuel (dir.) (1996), Manual de dialectologia hispànica. El español de España, Editorial Ariel, Barcelona.
CANO GONZALES, Ana María (1987), « Averamientu a la hestoria de la llingua asturiana », in Informe so la llingua asturiana, Oviedo, Academia de la Llingua Asturiana, pp. 11-23.
CATALAN, D. (1956), « El asturiano occidental », in Romance Philology, 10, pp. 71-92 ; 11 (1957), pp. 120-158.
D’ANDRES, Ramón (1987), « La situacíon social de la llingua asturiana », in Informe so la llingua asturiana, Oviedo, Academia de la Llingua Asturiana, pp. 25-44.
LLERA RAMO, F. (1994), Los Asturianos y la llengua asturiana, Conseyeria d’Educacion, Uviéu (Oviedo).
LECLERC, Jacques (2001), « L’Etat espagnol » dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval,
[http://www.tlfq/ulaval.ca/axl/europe/espagneetat.htm]
MARTINEZ ALVAREZ, Josefina (1968), Bable y castellano en el concejo de Oviedo, Oviedo.
MARTINEZ ALVAREZ, Josefina (1996), « Las hablas asturianas », in Manuel Alvar (dir.), Manual de dialectologia hispànica. El español de España, Editorial Ariel, Barcelona, pp. 119-133.
MENENDEZ PIDAL, R.( [1906] 1962), El dialecto leonés, RABM, pp. 128-172 ; 2a ed., Oviedo, IDEA.
NEIRA, Jesus (1976), El bable, estructura e historia, Oviedo.
RODRIGUEZ-CASTELLANO, L. (1946), La aspiracion de « h » en el oriente de Asturias, Oviedo, IDEA.
TOLIVAR ALAS, L. (1988), « Normalización lingüística y Estatuto asturiano », in Lletres Asturianes, 31, pp. 7-24.
ZAMORA VICENTE, A. (1967), Dialectologia española, Madrid.
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