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L’angaité
Données collectées par l’UNICEF.
Données sur la langue
Noms alternatifs : kyoma, coyavitis, chenanesm, angkayte pa’ayvoma.
Note : « Kyoma » est la dénomination enxet. L’autodénomination du peuple est « enenlhet » dénomination partagée avec les Toba-Maskoy, et l’autodénomination de la langue est « angkayte pa’ayvoma ».
Classification : maskoyane ou enlhet-enenlhet
Note : Certaines sources, dont l’ethnologue 16ème édition, considère que l’angaité est une variante dialectale du sanapaná. Nous suivons ici Melia (2010) et Fabre (2007), qui reprennent les nombreux de travaux de Unruh & Kalish et séparent clairement le sanapaná. de l’angaité, les considérant comme deux langues distinctes, quoique probablement proches.
Il est tout à fait possible que les ressemblances entre ces deux langues soit en fait des emprunts mutuels dus aux contacts fréquents, dans l’histoire récente, entre les locuteurs de ces deux langues.
Aire géographique : Paraguay, Chaco paraguayen, dans le département Presidente Hayes, districts de Puerto Pinasco et Villa Hayes, mais aussi dans les départements de Concepción et de Boquerón.
Nombre de locuteurs : Selon le recensement national paraguayen de 2002, cité par l’Unicef il y aurait une population totale 3 694 Angaité dont moins d’un tiers parlerait la langue, soit environ un millier de locuteurs.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « L’espagnol et le guarani sont les langues officielles du Paraguay. Les autres langues amérindiennes sont considérées patrimoine national mais leur présence est totalement inexistante en dehors de leurs communautés respectives, même dans le domaine de l’enseignement, majoritairement en espagnol »
Vitalité et Transmission :
L’UNESCO ne donne pas de données sur la vitalité de l’angaité. On peut néanmoins postuler qu’il s’agit d’une langue en grand danger. Moins d’un tiers de la population angaité parlerait encore la langue. Dans la plupart des foyers le processus de transmission s’interrompt et les plus jeunes générations abandonnent l’angaité au profit du guarani.
Le groupe de travail Nengvaanemquescama Nempayvaam Enlhet des linguistes Ernesto Unruh et Hannes Kalish a mis en place un processus de documentation et de revitalisation du enlhet et des autres langues de la famille enlhet-enenlhet. Pour en savoir plus, voir leur site internet.
Précisions linguistiques :
Il faut préciser que le guarani parlé par les Angaité et les autres populations enlhet-enenlhet n’est pas exactement identique au guarani paraguayen, langue officielle du Paraguay. Il s’agirait d’une variante propre à ces populations, une sorte de « pidgin » de guarani paraguayen et des langues de la famille enlhet-enenlhet. Melia (2010) parle de « guarani enlhetisé ». Selon Unruh & Kalish (1999), il serait cependant une erreur de considérer cette langue comme un « guarani au rabais ». À partir du moment où les jeunes générations actuelles l’adopte comme première langue, il pourrait bientôt devenir une nouvelle langue endogène, un « créole enlhet » de base guarani.
Précisions ethnographiques et sociologiques :
Il est difficile de connaitre avec précision le territoire des Angaité avant la colonisation du Chaco paraguayen. Ces chasseurs-cueilleurs ont été très tôt déplacés par les missionnaires, et donc sédentarisés et déculturés.
Au début du XXe siècle, les usines de tanin (substance extraite du quebracho) du Chaco ont employé un grand nombre d’indigènes de la région, en particulier des Angaité. Le contact avec ces entreprises a entraîné un processus d’acculturation des Angaité et des autres groupes enlhet-enenlhet, dont l’identité était systématiquement dévalorisée. Ce mélange des différents groupes de la famille enlhet a joué un grand rôle dans l’abandon de la langue propre au profit d’une langue commune : le guarani « enlhetisé » (voir plus haut). Lorsque les usines de tanin ont dû fermer, les différents groupes se sont dispersés pour aller travailler comme main d’œuvre agricole bon marché dans les haciendas ayant colonisé leur territoire de chasse et de pêche.
Sources
Bartomeu Melià, S.J. 2010. Paraguay in « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 173-195 [08/03/2011]
Fabre, Alain. 2007. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [08/03/2011]
Données collectées par l’UNICEF sur l’enxet sud [08/03/2011]
Page de Linguamón consacré à l’angaité [08/03/2011]
Bibliographie complémentaire :
Kalisch, Hannes. 2005. “La convivencia de las lenguas en el Paraguay. Reflexiones acerca de la construcción de la dimensión multilingüe del país”. Revista de la Sociedad Científica del Paraguay, 17. 47-83. Accessible en ligne [08/03/2011]
Kidd, Stephen W.1992. Informe sobre las comunidades indígenas Lengua-Sanapaná-Angaité. Asunción: CEDHU.
Melià, Bartomeu. 2004. “Las lenguas indígenas en el Paraguay; una visión desde el Censo 2002” in: Joan A. Argenter & McKenna Brown (eds.), On the Margins of Nations Endangered Languages and Linguistic Rights. F.E.L. Bath (England). Pp 77-87.
Unruh, Ernesto & Kalisch, Hannes. 1999. El Paraguay multilingüe. Cuadro de algunas dinámicas lingüísticas. Acción. Revista paraguaya de reflexión y diálogo. Accessible en ligne [08/03/2011]
Unruh, Ernesto & Hannes Kalisch. 2002. Nengvaanemquescama Nempayvaam Enlhet. Strategien zur Strärkung des Enlhet. Mitteilungen der Gesellschaft für bedrohte Sprachen (GBS-Bulletin) 7: 21-34.
Unruh, Ernesto & Hannes Kalisch. 2003. Enlhet-enenlhet. Una familia lingüística chaqueña. Thule. Rivista Italiana di Studi Americanistici 14/15: 207-231.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2007) pour une bibliographie plus complète.
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