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Famille des langues wakashanes
Données sur les langues wakashanes
Où sont parlées les langues wakashanes ?
Ces langues sont parlées en Amérique du Nord, essentiellement dans une province de la côte ouest du Canada : la Colombie Britannique. Seule la langue makah est parlée aux Etats-Unis, dans l’Etat de Washington.
Qui parle ces langues ?
Les locuteurs de langues wakashanes sont des membres de « Premières Nations » nord-américaines, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis et du Canada.
Nombre total de locuteurs (estimation) :
700 selon l’UNESCO
800 selon le site ethnologue.com (Et)
Classification
La famille des langues wakashanes compte à ce jour 5 à 6 langues.
Branche kwakiutlane (nom alternatif : wakashane nord)
Haisla (nom alternatif : xaˀislak’ala) : 110 locuteurs selon UNESCO et 25 selon SIL
Kwak’wala (nom alternatif : kwaktiul) : 315 locuteurs selon UNESCO et 235 selon SIL
Oowekyala-Heiltsuk (nom alternatif : bella bella) : 105 locuteurs selon UNESCO et 300 selon SIL
Branche nootkane (nom alternatif : wakashane sud)
Makah : 12 locuteurs selon UNESCO et éteint selon SIL
Nitinaht (noms alternatifs : ditidaht, nootkan du sud) : environ 30 locuteurs selon Mithun (1999) et 25 selon le gouvernement Canadien (2001)
Nootka (noms alternatifs : aht; nhu-chah-nulth; t’aat’aaqsapa ; west coast) : 185 locuteurs selon UNESCO et 200 selon SIL
Commentaires sur la classification des langues wakashanes :
Les deux branches de cette famille sont identifiées et différenciées depuis longtemps.
Certaines langues sont parfois très proches. Il y a donc, selon les sources, une certaine disparité quant au nombre de langues de cette famille (généralement entre 5 et 7). Nous suivons ici la classification proposée par Mithun (1999), considérée comme largement consensuelle :
– Concernant la branche nord, le Oowekyala-Heiltsuk est composé de deux dialectes principaux, ces deux dialectes étant parfois présentés comme deux langues.
– Concernant la branche sud, la classification est moins stable :
-le nitinaht et le makah sont très proches et certaines sources (Ethnologue.com notamment) les considèrent comme une seule langue.
-Le nootka est un ensemble de 12 dialectes parlés le long de la côte pacifique de l’île de Vancouver, au Canada.
NB : le terme de « Famille Mosane » désigne un ensemble de langues rassemblant les langues salishs, wakashanes et chimakuanes. Cela étant, les similarités entre ces trois familles de langues sont plutôt attribuées à des emprunts dus à leur proximité géographique, plutôt qu’à une « langue ancêtre » dont descendraient ces trois familles de langues.
Les langues wakashanes sont-elles en danger ?
Oui, toutes ces langues sont actuellement en grand danger de disparition :
– Les trois langues de la branche nord ne sont plus parlées que par des personnes âgées de 60 ans ou plus. La langue maternelle des plus jeunes générations est l’anglais. Ces trois langues sont donc « en situation critique » (niveau 4 sur une échelle de 5) selon les critères de l’UNESCO
– Les trois langues de la branche sud sont probablement encore plus menacées :
– Le dernier locuteur natif de makah aurait disparu en 2002. Même si une dizaine de personnes le parle encore en tant que langue seconde, il est généralement considéré comme une langue morte.
– Peu d’informations sont disponibles sur le nombre de locuteurs de nitinaht, mais il n’excéderait pas une trentaine de personnes âgées ; cette langue risque donc fort de devenir une langue morte dans les années à venir si rien n’est fait pour la revitaliser.
– L’ensemble dialectal nootka est classifié « sérieusement en danger » par l’UNESCO et avec moins de 200 locuteurs, son avenir n’est effectivement pas assuré.
Cependant, depuis quelques années, des programmes de documentation, de revitalisation et d’enseignement des langues wakashanes commencent à voir le jour. Ce sont souvent des projets à l’échelle locale, mis en place par les autorités des peuples autochtones, comme la Nation Heiltsulk, via son centre culturel.
Le site du centre culturel de la nation Heiltsulk :
http://www.hcec.ca/main.html
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues wakashanes avant la colonisation ?
Il y avait des différences culturelles entre les diverses Nations locutrices de langues wakashanes, mais toutes accordaient une importance particulière à la mer. En effet, ces Nations pratiquaient la pêche et la chasse à la baleine. Contrairement aux stéréotypes concernant les peuples autochtones, ils n’étaient pas nomades et ne vivaient pas dans des tipis. Ils étaient essentiellement sédentaires et vivaient dans des « maisons communautaires», de grandes maisons de bois qui pouvaient parfois abriter une communauté entière de plusieurs familles.
Comment étaient-ils organisés ?
Les communautés étaient hiérarchisées : elles étaient organisées en classes sociales, avaient un chef et pouvaient pratiquer l’esclavage, particulièrement pour les ennemis vaincus. La nation Kwakwaka’wakw, des locuteurs de kwak’wala, par exemple, était organisée en 4 classes sociales : les « nobles », statut qui s’obtenait par la naissance, les « aristocrates » statut s’obtenant par la prospérité personnelle et l’influence sur la communauté, les « roturiers » et les esclaves. Certaines de ces Nations pratiquaient le potlatch.
Le potlatch, qu’est-ce que c’est ?
C’est un mot d’origine chinook, qui signifie « donner ». Ce terme générique était utilisé pour désigner des cérémonies traditionnelles au cours desquelles un individu faisait volontairement don d’une partie de ses biens et de ses possessions au reste de la communauté.
Ce principe de redistribution des richesses a beaucoup frappé les sociétés européennes qui l’interprétaient comme une preuve du peu d’attachement des Premières Nations d’Amérique aux biens matériels. Cela est pourtant une simplification : certaines cultures, par exemple, avaient un sens aigu de la propriété privée et le potlatch était alors une manière de montrer sa prospérité, et d’affirmer un haut statut social.
Les premiers marchands européens à commercer avec ces nations ont parfois détourné le principe du potlatch pour en faire un « troc » à leur avantage : ils donnaient des cadeaux de peu de valeur (verroterie, etc.) contre des biens à la valeur marchande plus importante (fourrures, etc.) qu’ils pouvaient ensuite revendre à leur profit. Le potlatch a été interdit à la fin du 19ème siècle au Canada et aux Etats-Unis. De nos jours, cette pratique réapparaît peu à peu. Elle est perçue par les membres des Premières Nations comme un symbole de la revitalisation des cultures autochtones.
Sources:
Mithun, Marianne The languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Site dédié aux langues amérindiennes:
http://www.native-languages.org/
First voices propose un ensemble de ressources, d’enregistrement, et de jeux d’apprentissage pour une trentaine de langues autochtones du Canada, dont les langues wakashanes.
http://www.firstvoices.ca/scripts/WebObjects.exe/FirstVoices.woa/wa/file?
Le Yinka-Dene Institute propose une page consacrée aux langues autochtones de Colombie Britannique, où l’on peut trouver des informations sur les langues wakashanes
http://www.ydli.org/fnlgsbc.htm
Le Département de linguistique de l’université de l’état de Washington consacre aussi plusieurs pages internet aux langues wakashanes
http://depts.washington.edu/wll2/index.html
Le site de la Société Culturelle U’mista, consacrée à la culture kwakwaka’wakw
http://www.umista.org/home/index.php
Le site du conseil tribal de la nation Heiltsulk
Le site de la Nation Makah
Le site de la Nation Ditidaht
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org