Imprimer |
L’avá-canoeiro
Données collectées par l’UNICEF
Données sur la langue avá-canoeiro
Noms alternatifs : Avá-Canoeiro, Awana, Canoeiro de Goiás, Cara-Preta, Índios Negros, Carijó.
Principaux dialectes : Il semblerait qu’il y ait des différences dialectales entre les locuteurs du fleuve Tocantins et les locuteurs de la rivière Araguaia.
Classification : Famille tupi, branche tupi-guarani, groupe IV
Aire géographique : Brésil. État de Goiás, Territoire Indigène (TI) Avá-canoeiro, municipalités de Minaçu et Colinas do Sul ; et état Tocantins, TI inãwebohona et dans le parc de l’Araguaia.
Le premier groupe est souvent désigné sous l’appellation « groupe avá-canoeiro du haut-Tocantins » ; le second « groupe avá-canoeiro de l’Araguaia ».
Nombre de locuteurs : Population recensée de 16 personnes, selon l’ISA (2006).
Il existe vraisemblablement des groupes non-contactés à ce jour, vivant à l’intérieur de l’île de Bananal. La population totale pourrait donc s’élever à environ 40 personnes (Fabre, 2005).
Il est possible que tous les Avá-canoeiro soient locuteurs de la langue, mais il n’y a pas assez de données pour en être certain.
Statut de la langue : Pas de statut officiel.
Selon Linguamón : « Le portugais est la seule langue officielle du Brésil. La législation linguistique en vigueur pour les autres langues se rapporte uniquement au domaine scolaire, et en particulier à l’enseignement primaire bilingue et interculturel (exclusivement dans les communautés indigènes). En réalité, il existe pourtant peu de professeurs bilingues qualifiés. »
Vitalité et Transmission : La langue est considérée « en danger critique » par l’UNESCO. On ne sait pas grand-chose du degré de transmission de la langue, mais, même en admettant que tous les Avá-canoeiro en soient locuteurs, elle est en grand danger.
La survie des Avá-canoeiro en tant que groupe n’est pas garantie. La faible population (seulement une quarantaine de personnes) et sa situation économique difficile rend l’avenir des Avá-canoeiro très précaire.
Précisions historiques
L’histoire des Avá-canoeiro est globalement méconnue. On a longtemps cru qu’ils étaient les descendants de populations Tupi de la côte, qui seraient arrivés dans le Goias en servant de guide aux premiers chercheurs d’or à s’avancer vers l’ouest au 18ème siècle. Mais le travail d’A. Rodrigues a montré que leur langue était plutôt proche des populations Tupi-guarani du nord du bassin amazonien, ce qui contredit cette théorie.
Les premières attestations des « Canoeiro » remontent en fait au 19 ème siècle, dans les écrits relatant des conflits entre les « Canoeiro » et les fermiers nouvellement arrivés dans le Goiás et surtout les garimpeiros (chercheurs d’or, prospectant les cours d’eau reculés).
L’histoire récente, à partir du 19ème siècle, des Avá-canoeiro est marquée par des conflits armés incessants et par les exactions qu’ils ont subies, les contraignants à faire preuve d’une extrême mobilité et à se déplacer constamment pour échapper aux massacres et à la colonisation. L’une des attaques les plus violentes a eu lieu en 1966 où des fermiers ont mis à sac un village Avá-canoeiro entier, tuant la majorité de ses 15 habitants et brulant leurs corps avec les habitations.
La nécessité de fuir en permanence pour survivre a probablement modifié profondément leur mode de vie, et a séparé les Avá-canoeiro en deux groupes distincts (voir la partie « aire géographique » de cet article).
Toutes les tentatives de contacter les Avá-canoeiro avant 1973 ont été violemment repoussées par eux. Les Avá-canoeiro de l’Araguaia ont été contactés les premiers, le groupe du Tocantins a été contacté pour la première fois dix ans plus tard.
Précisions ethnographiques et sociologiques
Il n’est pas du tout certain que l’extrême nomadisme dont font preuve les Avá-canoeiro de nos jours soit un trait culturel historique. Le groupe du Tocantins montre des connaissances agricoles et de la pratique de la céramique suggérant qu’ils ont connu un mode de vie semi-nomade saisonnier. Le groupe de l’Araguaia, en revanche, a totalement abandonné toute pratique agricole et céramique, probablement pour favoriser un nomadisme de survie. Les tentatives de la Funai de rapprocher les deux groupes se sont soldés par des échecs.
C’est pour des raisons de survie, également, que les groupes Avá-canoeiro sont généralement réduits (une douzaine de personnes) et qu’ils ont très peu de possessions matérielles. Les Avá-canoeiro ont fait preuve d’une remarquable adaptabilité, d’autant que la région dans laquelle ils vivent présente une grande variété d’écosystèmes. On peut décrire cette région comme une zone de transition entre le « cerrado » (savane tropicale sud-américaine) et la forêt amazonienne.
La population Avá-canoeiro elle-même a probablement toujours été relativement réduite. On estime que dans les années 70, juste avant le contact, elle s’élevait à environ 300 personnes. Il n’en resterait qu’une quarantaine aujourd’hui.
Le parc de l’Araguaia, où vivent les Avá-canoeiro de l’Araguaia occupe le tiers nord de l’île de Bananal, et la FUNAI essaye de vider le parc de sa population « non-indigène ». Mais, à ce jour, environ 200 paysans refusent de partir, exigeant des compensations financières. Les Avá-canoeiro de Tocantins ont été « dotés » d’un Territoire Indigène de 38 000 hectares, mais il est toujours largement occupé par des « non-indigènes ».
Les groupes Avá-canoeiro contactés souffrent de maladies inconnues d’eux avant le contact. Ils vivent dans une situation économique précaire liée à un environnement dégradé par les garimpeiros et les fermiers. Ils sont également en trop petit nombre pour se perpétuer physiquement et socialement et la séparation historique et culturelle en deux groupes distincts rend difficile l’union en une même communauté, plus solide. La survie de la culture et de la langue Avá-canoeiro reste donc, à cette heure, grandement hypothétique.
Pour plus d’informations sur les Avá-canoeiro, voir les pages qui leurs sont consacrées sur l’indispensable site Povos Indígenas no Brasil (en anglais/portugais).
Sources
De Castro Alves, Flávia (2010). Brasil no Amazónico. In « Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina », UNICEF. Tome 1, pp 265-280.
Fabre, Alain. 2005. Diccionario etnolingüístico y guía bibliográfica de los pueblos indígenas sudamericanos. Consultable en ligne [18/05/2011]
Sources en ligne
Données collectées par l’UNICEF sur l’avá-canoeiro [18/05/2011]
Pages consacrées aux Avá-canoeiro sur le site de Povos Indígenas no Brasil [18/05/2011]
Page consacrée à l’avá-canoeiro sur le site de Linguamón [18/05/2011]
Bibliographie complémentaire
Borges, Mônica Veloso. 2003. O estudo do Avá: relato e reflexões sobre a análise de uma língua ameaçada de extinção. LIAMES 2.
Jensen, Cheryl (1999). »Tupi-Guarani« .In The Amazonian languages, R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald (eds) Cambridge University Press, 1999
Leitão, Rosani Moreira. 2002. A etnografia no projeto Avá-Canoeiro. Proposta de educação: Vitalização da língua e cultura. Relatório mensal do levantamento sociolingüístico.
Rodrigues, Aryon D. (1999), « Tupi » . In The Amazonian languages, R.M.W. Dixon and Alexandra Y.Aikhenvald (eds) Cambridge University Press, 1999
Toral, André. 1995. « O destino de um grupo caçador e coletor: os Avá-Canoeiro ». En: Aracy Lopes da Silva & Luís D.B. Grupioni (eds.), A temática indígena na escola. Brasília: MEC/ MARI/ UNESCO.
Toral, André. 2002. Verbete Avá-Canoeiro.
Voir l’Atlas sociolingüístico de pueblos indígenas en América Latina et Fabre (2005) pour une bibliographie plus complète.
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org