Imprimer |
Famille des langues yokuts ou yokutsanes
Données sur les langues yokuts
Où sont parlées les langues yokuts ?
Ces langues sont parlées en Amérique du Nord dans l’Etat de Californie, aux Etats-Unis.
Qui parle ces langues?
Les locuteurs de langues yokuts sont des membres de la « Première Nation » nord-américaine Yokut, qui habitaient la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis.
Nombre total de locuteurs (estimation):
46 selon l’UNESCO
70 selon le site ethnologue.com
Classification
La famille des langues yokuts compte à ce jour 2 langues.
Valley Yokuts (ensemble dialectal)
Foothill Yokuts (ensemble dialectal)
Langue éteinte :
Palewyami (noms alternatifs : altinin ; poso creek)
Commentaires sur la classification des langues yokuts :
Il y a peu de consensus sur la classification interne des langues yokuts. Cela est dû au très grand nombre de variantes dialectales et au fait que les locuteurs sont souvent locuteurs de plusieurs dialectes. De plus, de nombreux dialectes ont été peu documentés et donc peu étudiés. Les deux ensembles dialectaux proposés ici sont ceux proposés par Mithun (1999), et repris de Whistler & Golla (1986).
Il existe également un manque de consensus quant à l’appartenance des langues yokuts à une superfamille hypothètique dit « pénutienne », avec d’autres familles de langues telles que les langues chinooks, tsimshianes, coos, utiennes, etc. Certaines relations au sein de cette superfamille semblent valides, mais les contours exacts restent indéterminés. Ne souhaitant pas, et ne pouvant pas, prendre partie dans cette querelle linguistique, nous suivons la classification de Mithun (1999) qui choisit de présenter cette famille de manière indépendante, au moins provisoirement. Cette classification est donc susceptible d’évolution.
Les langues yokuts sont-elles en danger ?
Oui, mais il est actuellement extrêmement difficile d’avoir des informations quant au nombre précis de locuteurs des langues yokuts.
Le site ethnologue.com ne reconnaît qu’une seule langue (a priori le valley yokuts), pour laquelle le nombre de locuteurs est estimé à 70. L’UNESCO compte 16 locuteurs pour deux dialectes de foothill yokuts et une trentaine de locuteurs pour trois dialectes du valley yokuts : le chuckchanski, le yowlumne, et le tachi. De plus, ces locuteurs ne sont pas tous locuteurs natifs, et certains n’ont que quelques connaissances de la langue. Il est tout à fait possible que ces langues n’aient en réalité plus de locuteurs et puissent être considérées comme éteintes, ou proches de l’extinction. Le palewyami est à priori éteint.
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues yokuts avant la colonisation ?
Les Yokuts habitaient dans la vallée de San Joaquin, au centre de l’actuel état de Californie. Il existe des preuves archéologiques démontrant qu’ils étaient présents dans cette région depuis plus de 8000 ans. Ils étaient voisins des Miwoks et des Ohlones, et avaient des habitations proche de ces peuples : en forme de dômes circulaires, la structure était en bois et recouvertes d’herbes sèches. Certaines tribus yokuts, notamment celles qui vivaient dans les contreforts des montagnes, habitaient dans des maisons communes en bois, plus longues et solides. Ces maisons communes pouvaient abriter jusqu’à 10 familles. Ils étaient chasseurs, pêcheurs et cueilleurs, et ne pratiquaient ni l’élevage ni réellement l’agriculture. Ils péchaient à l’aide de pièges en roseau très élaborés et sont reconnus pour la beauté et la qualité de leurs vanneries.
Comment étaient-ils organisés ?
Même s’ils se percevaient comme un grand groupe culturel, il n’existait pas vraiment d’organisation politique globale pour les locuteurs de langues yokuts,. Il y avait plus de 60 tribus yokuts, chaque village étant autonome et indépendant politiquement. Ces villages possédaient tous leurs spécificités et leur variante linguistique. Les villages étaient structurés en classes sociales, et à leur tête se trouvait un chef. Cette charge était héréditaire, généralement de père en fils, mais une fille pouvait en hériter. Ils suivaient une religion animiste dont le représentant dans un village était le shaman, ou homme-médecine, à la fois prêtre, guérisseur et sorcier. Les filiations étaient patrilinéaires et chaque famille possédait un « totem » familial.
Un « Totem », qu’est-ce que c’est ?
Un « totem » est en général un animal qui devient le « représentant » de la famille. Il est à la fois son symbole et son protecteur. On ne peut ni manger, ni chasser l’animal de son totem familial, mais l’on doit au contraire s’en occuper et l’honorer. En retour, il transmet aux membres de la famille ses caractéristiques, ses qualités ainsi que ses défauts et les protégera à son tour. Un enfant sera souvent nommé d’après son totem paternel ou d’après un trait caractéristique de ce totem. Cependant, il arrive parfois qu’un couple décide de dédier un enfant au totem du père de la femme. Quand une femme se marie, elle doit honorer le totem de son époux, mais peut en même temps continuer d’honorer le totem de son père.
Sources:
Mithun, Marianne The languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Site dédié aux langues amérindiennes:
Si vous avez des informations complémentaires sur cette langue n'hésitez pas à nous contacter : contact@sorosoro.org