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Famille des langues utiennes ou miwok-costanoanes
Données sur les langues utiennes
Où sont parlées les langues utiennes ?
Ces langues sont parlées dans le centre et le nord de l’Etat de Californie, le long de la côte pacifique aux Etats-Unis.
Qui parle les langues utiennes?
Les locuteurs de langues utiennes sont des membres des « Premières Nations » nord-américaines Miwok et Ohlone, qui habitaient déjà la région bien avant l’arrivée des Européens et la création des Etats-Unis.
Nombre total de locuteurs (estimation) :
15 selon l’UNESCO
25 selon selon le site ethnologue.com (SIL)
Classification
La famille des langues utiennes compte à ce jour 4 à 5 langues.
Sous-famille miwok (noms alternatifs : miwuk ; moquelumnane)
Branche miwok de l’Est
Groupe Miwok de la Sierra
Miwok du Sierra Central : 3 locuteurs, de langue seconde, non courant selon UNESCO et 12 selon SIL
Miwok du Sierra du Nord : 6 locuteurs selon UNESCO et SIL
Miwok du Sierra du Sud : 3 locuteurs, de langue seconde, non courant selon UNESCO et 7 selon SIL
Miwok des plaines : 1 locuteur en 1977 selon SIL, probablement éteint
Saclan : éteint
Branche miwok de l’Ouest
Miwok de la côte: éteint
Miwok du lac : 3 locuteurs, de langue seconde, non courant selon UNESCO
Sous-famille costonoane (nom alternatif : ohlone) : éteinte
Costonoan du Nord: éteint
Karkin (nom alternatif: carquin): éteint
Soledad (nom alternatif: cholon): éteint
Branche costanoane du sud
Mutsun (nom alternatif: san juan bautista) : éteint
Rumsen (nom alternatif: runsien) : éteint
Commentaires sur la classification des langues utiennes :
Les liens entre les sous-familles miwok et costanoane sont reconnus de manière certaine depuis les années 60. Il existe au sein de ces sous-familles quelques désaccords quant au nombre de langues.
Concernant la sous-famille miwok, par exemple, certaines sources considèrent les trois langues du groupe miwok de la Sierra comme trois dialectes d’une seule et même langue.
Il existe également beaucoup de désaccords concernant le nombre de langues et de dialectes pour la sous-famille costanoane. Cela est en partie dû au manque de données sur ces langues, qui ont disparu dans les années 1940.
Les langues utiennes sont parfois inclues dans l’hypothétique super-famille « pénutienne ». Cependant, selon Mithun (1999), la validité de la famille pénutienne, bien que probable, n’est pas démontrée de manière scientifiquement satisfaisante. Nous suivons donc sa classification ici, et présentons les langues chinookanes comme une famille distincte.
Les langues utiennes sont-elles en danger?
Oui, extrêmement. Toutes les langues de la sous-famille costonoane sont maintenant éteintes. Concernant la sous-famille miwok, la situation est à peine moins critique : le miwok du lac, le miwok du sierra central et le miwok du sierra du sud n’auraient plus de locuteurs natifs, seules quelques personnes auraient encore quelques notions de ces langues. On peut donc les considérer comme éteintes également.
Il n’y avait plus qu’un seul locuteur natif âgé de miwok des plaines dans les années 70 : cette langue est donc probablement éteinte de nos jours. En fait, à l’heure où vous lisez ces lignes, il est tout à fait possible que cette famille entière ait disparu, car la demi-douzaine de locuteurs comptabilisés de miwok du nord sont également très âgés. Plus aucun membre des communautés utiennes ayant moins de 60 ans ne parle ces langues, tous ayant désormais l’anglais comme langue maternelle.
Eléments ethnographiques
Comment vivaient les locuteurs des langues utiennes avant la colonisation ?
Il y avait des différences culturelles entre les divers locuteurs de langues utiennes. On peut compter deux grands groupes culturels : les miwoks et les ohlones. Au sein de ces groupes, on peut encore distinguer entre les peuples autochtones de l’intérieur des terres et ceux qui habitaient le long de la côte. Cependant, ils étaient géographiquement voisins et partageaient un mode de vie proche.
Ils étaient chasseurs-cueilleurs et ne pratiquaient ni l’élevage, ni vraiment l’agriculture. Néanmoins, les Miwoks de l’intérieur des terres entretenaient les forêts de chênes noirs et les protégeaient des incendies, car le gland de ces arbres était un aliment de base de leur nourriture. Il est dit que les grandes forêts de chênes du Parc Yosemite doivent une partie de leur splendeur à cet entretien.
Ils étaient sédentaires : les peuples de l’intérieur vivaient en général dans des habitations coniques faites de bois et recouvertes d’écorces tandis que les peuples de la côte avaient des habitations circulaires en forme de dômes, dont la structure était en bois, et recouvertes de paille et de hautes herbes.
Comment étaient-ils organisés ?
Il n’y avait pas vraiment d’organisation politique globale pour les différents peuples miwoks et ohlones. Il y avait, par exemple, plus de 50 tribus ohlones, organisées en villages autonomes et indépendants. On a retrouvé des traces archéologiques prouvant que les ohlones étaient déjà présents dans la région de San-Francisco il y a plus de 5000 ans. Les villages étaient structurés en classes sociales, et à leur tête se trouvait un chef. Cette charge était héréditaire, passant généralement de père en fils, mais une fille pouvait également en hériter. Enfin, comme beaucoup de peuples de la région, ils étaient animistes et pratiquaient le culte Kuksu.
Il s’agissait d’un culte religieux masculin, et hiérarchisé, qui révérait Kuksu, un être surnaturel et bienfaisant. Il fallait être initié et religieusement cultivé pour y participer. Bien que des différences existaient dans l’organisation du culte, toutes les communautés distinguaient deux grades : un pour les enfants un cours d’initiation, un autre pour les hommes accomplis. L’organisation de la cérémonie pouvait également varier. Le lieu de culte était une maison commune semi-enterrée séparée et clairement désignée. Les modalités du culte et des cérémonies sont un sujet extrêmement délicat et soumis à débat parmi les Nations Autochtones de Californie.
A titre d’exemple voici une page du site officielle de la nation Maidu consacré à ce culte :
http://www.maidu.com/maidu/maiduculture/kuksu.html
Sources:
Mithun, Marianne The languages of Native North America. Cambridge, UK: Cambridge University Press. (1999).
Campbell, Lyle. American Indian languages: the historical linguistics of Native America. Oxford: Oxford University Press. (1997)
Site dédié aux langues amérindiennes:
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